Alors que la France s'apprête à commémorer le 70ème anniversaire de l'appel du général de Gaulle, un article rédigé par le journaliste du nom de José Castano ébranle le mythe du résistant qui aurait lutté pour les intérêts de la France. Plusieurs sites mentionnent cet article (http://www.nationspresse.info/?p=103664, http://jacquesthomet.unblog.fr/2010/06/10/lappel-du-18-juin-ou-la-meconnaissance-de-lhistoire-par-jose-castano/, http://forums.france3.fr/france3/Les-Pieds-Noirs-Le-documentaire/gaulle-bluff-1940-sujet_638_1.htm).
Il dévoile quelques sources peu connues du général réfugié à Londres, notamment sur ses ambitions personnelles. Cependant, je peux émettre deux critiques à propos de l'article de Castano. La première est la réalisation de quelques erreurs historiques. Je peux prendre pour exemple la donation des pleins pouvoirs à Pétain qui avait lieu de 10 juillet et non le 17 juin. Par ailleurs, le Maréchal devint Président du Conseil au soir du 16 juin. Un autre erreur de datation concerne la date de l'armistice (à ne pas confondre avec une capitulation) de Rethondes, qui avait lieu le 22 juin 1940 et non le 24 juin. L'auteur a effectué une deuxième faute qui est tout aussi facile à constater. Il n'a pas indiqué l'origine de ses sources. Un exemple dans son article, un passage où il explique que de Gaulle allait quitter Londres pour retourner en France avant son appel, conformément à l'ordre du général Colson, mais que les Britanniques qui l'ont forcé à rester là-bas :
"La réponse arriva de Bordeaux sous la forme d’un câble adressé par le général Colson, secrétaire d’Etat à la Guerre, à l’attaché militaire à Londres, le général Lelong : « Informez le général de Gaulle, qu’il est remis à la disposition du Général commandant en chef. Il doit rentrer sans délai. »
Hésitation de de Gaulle : Obéir ou pas ? Dans un premier temps il décida d’obéir et demanda un avion au général Lelong. Celui-ci désigna le capitaine de l’armée de l’air Brantôme, pour l’accompagner avec l’unique avion que les Anglais avaient laissé aux Français. Cet officier déclarera : « Tout semblait devoir se dérouler sans encombre lorsque j’apprends que les Anglais, sans avertir personne, avaient fait vidanger le matin même l’essence des réservoirs et déplacer l’avion dans un hangar aux portes cadenassées et gardées par des sentinelles en armes. »"
Je ne remets pas en cause l'honnêteté de Castano, mais comment un historien peut vérifier si la source mentionnée est authentique s'il ne donne pas les références bibliographiques ? Si ce témoignage est probablement réel et ce fait exact, je ne peux pas le vérifier puisque je ne connais pas le livre dans lequel est extrait ce passage. Par conséquent, il m'est impossible d'apporter la preuvre qui me permettrait de confirmer les propos de Castano.
Malgré tout, deux questions me viennent à l'esprit après la lecture de l'article de Castano. De Gaulle a-t-il agit prioritairement pour les intérêts de la France ou pour ses intérêts personnelles ? La deuxième question est encore plus importante. Les actions du général français ont t-il contribué davantage à l'unité de la France ou à sa désunion ?
Je peux vous donner des éléments de réflexions à travers un sujet étudié précédément dans ce blog, la Bataille de Dakar du 23 au 25 septembre 1940, marquant le premier acte d'un conflit franco-français créé par de Gaulle et largement évitable, avec des conséquences catastrophiques engendrant notamment l'entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler :
- Le 23 septembre 1940 : le début d'une guerre franco-française (1)
- Le 23 septembre 1940 : le début d'une guerre franco-française (2)
Enfin, quelques infos sur l'appel du 18 juin lancé de Londres par de Gaulle. Tout d'abord, il faut savoir que quasiment personne n'a entendu l'appel du 18 juin lors de sa diffusion, tout simplement parce qu'il fut lancé par l'intermédiaire de la BBC, une radio anglaise. Encore aujourd'hui, il y a peu de Français qui écoutent les émissions étrangères, que ça soit à la radio ou à la télévision. Environ 10 000 personnes auraient entendu l'appel du 18 juin, mais ce chiffre est très approximatif et sans grande fiabilité. Par ailleurs, il était considéré comme si peu important à l'époque qu'aucun enregistrement n'existe. En revanche, celui du 22 juin, soit 4 jours après, nous est parvenu. En Angleterre, le nombre de soldats français est estimé a environ 340 000, qui étaient présents (avaient fuit la débâcle) avant la venue de de Gaulle. Il s'en servira pour créer son armée, mais la plupart ne le suivront pas. Et Beaucoup de ces soldats suivaient de Gaulle non pas par admiration, mais tout simplement par qu'ils refusaient l'armistice et souhaitaient avant tout libérer la France de l'occupation allemande. En décembre 1942, de Gaulle aura à sa disposition seulement 73 300 hommes volontaires au sein des Forces Françaises Libres. Du côté des pétainistes, le nombre de membres affiliés aux Chantiers de la jeunesse était d'environ 1 200 000 en 1941. Parmi toutes ces personnes, plus de 600 000 participeront à la libération de la France, dont Delattre de Tassigny, soit bien plus de soldats que ceux aux ordres de De Gaulle. En parlant de Delattre de Tassigny, nous ne pouvons pas faire l'impasse sur la composition de la 1ère armée française qu'il dirigea. En effet, sur les sept divisions que comprendra cette armée, une seule sera commandée par un gaulliste, le général Brosset. Sur les six autres, quatre sont des pétainistes qui ont fait parti de l'Armée de l'armistice, c'est-à-dire Magnan, Monsabert, Touzet du Vigier et Vernejoul. Et encore, je ne prends pas en compte le nombre de soldats intégrés à l'Armée d'Afrique du Nord, les Français les plus admirables selon les Américains. Les pétainistes ont donc contribué davantage que les gaullistes à la remise en place d'une armée française puis à la libération de la France, et les chiffres sont là pour le constater. Néanmoins, l'appel du général de Gaulle a une importance symbolique pour la France, énonçant que la guerre n'était pas terminée et permettant aux Français de garder un espoir pour la suite des évènements. Malgré tout, l'importance historique est moindre, tout simplement parce que l'appel passa presque inaperçu à l'époque.