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14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 17:30

Composition de la Constitution républicaine du maréchal Pétain
 

Le maréchal Pétain avait établi, en conformité du mandat qu'il avait reçu, une Constitution qui ne devait être promulguée qu'après la fin de la guerre. Voici le texte de cette Constitution demeurée inconnue de la quasi-totalité des Français. On va mettre en valeur des points qui seront repris dans les futurs Républiques françaises d'Après Guerre, principalement dans la Vème République. Mes commentaires sont encadrés par [ ]. De plus, en lisant cette Constitution, un connaisseur en matière de droit constitutionnel s'apercevra que certains aspects de la IIIème République ont été repris et perdurent encore aujourd'hui.

Préambule

 

Article premier. La liberté et la dignité de la personne humaine sont des valeurs suprêmes et des biens intangibles. Leur sauvegarde exige de l'État l'ordre et la justice, et des citoyens la discipline.
La Constitution délimite à cet effet les devoirs et les droits respectifs de la puissance publique et des citoyens en instituant un État dont l'autorité s'appuie sur l'adhésion de la Nation.

Article 2. L'État reconnaît et garantit comme libertés fondamentales : la liberté de conscience, la liberté de culte, la liberté d'enseigner, la liberté d'aller et venir, la liberté d'exprimer et de publier sa pensée, la liberté de réunion, la liberté d'association. L'exercice de ces libertés est réglé par la loi devant laquelle tous les citoyens sont égaux.

[Pétain et le Conseil National ont placé en priorité la liberté des citoyens et le respect d'autrui. Ce fait est en contradiction avec la doctrine officielle démontrant un Maréchal antidémocratique proche du fascisme, même lorsque le pays est en paix. Par ailleurs, l'article premier définit le droit et le devoir comme des principes fondamentaux, conformément à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 aout 1789. Egalement, il ne remet pas en cause la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905 puisqu'il garantit la liberté de culte dans l'article 2.]

Article 3. Nul ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi et selon les formes qu'elle a prescrites.
Nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée.

Article 4. Acquise par le travail et maintenue par l'épargne familiale, la propriété est un droit inviolable, justifié par la fonction sociale qu'elle confère à son détenteur ; nul ne peut en être privé que pour cause d'utilité publique et sous condition d'une juste indemnité.

Article 5. L'État reconnaît les droits des communautés spirituelles, familiales, professionnelles et territoriales au sein desquelles l'homme prend le sens de sa responsabilité sociale et trouve appui pour la défense de ses libertés.

Article 6. Les citoyens désignent librement par suffrage leurs représentants aux assemblées locales et nationales, ainsi qu'aux organismes professionnels et corporatifs.
Sauf dans les élections de caractère professionnel, un suffrage supplémentaire est attribué aux chefs de familles nombreuses en raison de leurs responsabilités et de leurs charges.

[L'article 6 démontre que le droit de vote des citoyens est garantie. Par conséquent, cette Constitution du maréchal Pétain est démocratique.]

Article 7. La représentation nationale vote les lois, consent l'impôt, contrôle les dépenses et associe la Nation à la gestion du bien commun.

Article 8. L'organisation des professions, sous le contrôle de l'État, arbitre et garant de l'intérêt général, a pour objet de rendre employeurs et salariés solidaires de leur entreprise, de mettre fin à l'antagonisme des classes et de supprimer la condition prolétarienne.
Par une représentation assurée à tous les échelons du travail, les professions organisées participent à l'action économique et sociale de l'État.

Article 9. Les devoirs des citoyens envers l'État sont l'obéissance aux lois, une participation équitable aux dépenses publiques, l'accomplissement de leurs obligations civiques pouvant aller jusqu'au sacrifice total pour le salut de la Patrie.

Article 10. Le chef de l'État tient ses pouvoirs d'un Congrès groupant les élus de la Nation et les délégués des collectivités territoriales qui la composent. Il personnifie la Nation et a la charge de ses destinées.
Arbitre des intérêts supérieurs du pays, il assure le fonctionnement des institutions en maintenant - s'il est nécessaire, par l'exercice du droit de dissolution - le circuit continu de confiance entre le Gouvernement et la Nation.

Article 11. Le maintien des droits et des libertés ainsi que le respect de la Constitution sont garantis par une Cour suprême de justice devant laquelle tout citoyen peut introduire un recours.

Article 12. Les trois fonctions de l'État - fonction gouvernementale, fonction législative, fonction juridictionnelle - s'exercent par des organes distincts.


Titre premier
La fonction gouvernementale


Article 13. La fonction gouvernementale est exercée par le chef de l'État, les ministres et secrétaires d'État.

Article 14. Le chef de l'État porte le titre de président de la République. Il est élu pour dix ans par le Congrès national, devant lequel il prête serment de fidélité à la Constitution.
Il est rééligible.

[Ce point sera sévèrement critiqué par le ministre des affaires étrangères du Reich Ribbentrop. A travers sa lettre du 29 novembre 1943 que nous avons cité précédement, ce dernier était scandalisé par la volonté de Pétain que le chef de l'Etat soit élu par l'appareil législatif ]

Article 15.
Le Président de la République nomme le Premier ministre et, sur la proposition de celui-ci, les ministres et secrétaires d'État. Il les révoque. Il préside le conseil des ministres.
Le chef de l'État a l'initiative des lois ainsi que les membres des deux assemblées. Il peut seul présenter les projets de lois portant amnistie.
Il promulgue les lois lorsqu'elles ont été votées par les deux chambres. Il en fait assurer l'exécution.
Il communique avec les chambres par des messages qui sont lus à la tribune par un ministre.

[Ici, il est nécessaire de faire un historique du poste de Premier ministre. Cette appellation est apparu en France dans la première moitié du XVIIème siècle, durant le règne de Louis XIII, pour définir le cardinal de Richelieu comme "principal ministre". Mais la fonction prend forme en Angleterre au début du XVIIIème siècle, sous le règne de Georges Ier.  Ce roi avait besoin d'un ministre particulier pour coordonner l'action de tous les autres et traduire ses ordres données en langue germanique (Georges Ier était natif d'Hanovre et refusait d'apprendre l'anglais). Ce ministre se nommait "Primus inter pares", c'est-à-dire Premier ministre. Ce poste existe toujours en Grande Bretagne. Au XIXème siècle, cette fonction apparait dans plusieurs pays, comme au Canada ou en Belgique. En France, la fonction ne réapparaîtra officiellement qu'en 1958 avec la Constitution de la Vème République. L'article 15 prouve donc que c'est Pétain et ses proches qui avaient eu l'idée de mettre en place ce poste, puisque le chef du gouvernement portait le titre de président du Conseil des ministres sous la IIIème et la IVème République. Quelle est la différence ? Sous les deux Républiques parlementaires, le principal ministre définie l'action du gouvernement et préside le Conseil des ministres, puis nomme et révoque ses ministres. Pour le premier point, l'article 21 de la Constitution de la Vème République indique que le Premier ministre dirige l’action du gouvernement, tout comme le Président du Conseil. Cependant, c'est Président de la République qui préside le Conseil des ministres, donc le Premier ministre a davantage un rôle de vice-président. C'est une similitude par rapport à l'article 15 de la Constitution de Pétain. Mais il y a une autre différence, cette fois-ci sur le deuxième point. Dans la République actuelle, l'article 8 explique que le Président de la République choisit des ministres qui composeront le nouveau gouvernement sur proposition du Premier ministre. Or la Constitition réalisée par les pétainistes prévoyait exactement la même chose.]

Article 16.
Le Président de la République nomme à tous les emplois civils et militaires, pour lesquels la loi n'a pas prévu d'autre mode de désignation.
Il a le droit de grâce.
Les envoyés et ambassadeurs des puissances étrangères sont accrédités auprès de lui.
Il négocie et ratifie les traités.
Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire ne peut avoir lieu qu'en vertu d'une loi. Les traités de paix, de commerce, ceux qui engagent les finances de l'État et ceux qui sont relatifs à l'état des personnes et au droit de propriété des Français à l'étranger ne deviennent définitifs qu'après avoir été votés par les deux chambres.
Il dispose de la force armée.
Il peut déclarer l'état de siège.
Il ne peut déclarer la guerre sans l'adhésion préalable et formelle des deux chambres.
Chacun des actes du chef de l'État, sauf ceux qui portent nomination ou révocation du Premier ministre ou des ministres et secrétaires d'État, doit être contresigné par le ou les ministres ou secrétaires d'État qui en assurent l'exécution.

[Comme c'est le cas avec la Vème République et auparavant sous la IIIème République, le Président de la République possède le droit de grâce (appelé aussi grâce présidentielle) et dispose des forces armées. Pour le droit de grâce, cela correspond aujourd'hui à l'article 17 de la Constitution actuelle, dont voici l'intitulé : "Le Président de la République a le droit de faire grâce." Le contenu a cependant été modifiée lors de la réforme constitutionnelle de 2008. En ce qui concerne le droit de disposer de l'armée française, il est présent dans les articles 20 et 21 de la Constitution de 1958. Le président de la République a même le titre honorifique de "chef des Armées".]

Article 17. Le président de la République peut prononcer la dissolution de la Chambre des députés avec l'avis conforme du Sénat à la suite de l'envoi d'un message motivé.
Il peut, sur la demande du Premier ministre, et en cas de désaccord entre les deux assemblées ou entre le gouvernement et l'une des assemblées, ou en cas de vote d'une motion de défiance à l'égard du cabinet ou d'un ministre, prononcer la dissolution sans avis du Sénat.
La dissolution intervient de plein droit au cas où la Chambre des députés émet des votes de défiance contre trois cabinets successifs.

[La possibilité pour le Chef de l'Etat de dissoudre la Chambre des députés n'était pas une nouveauté et perdure encore aujourd'hui. Voici l'article 5 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875 :"Le Président de la République peut, sur l'avis conforme du Sénat, dissoudre la Chambre des députés avant l'expiration légale de son mandat". Sur le sujet, Pétain se révèlera moins autoritaire que De Gaulle. Pour le Maréchal, le Président doit demander l'avis du Sénat, comme sous la IIIème République, et ne peut effectuer cette action que si les députés ont émis des avis défavorables à l'encontre de trois ministères successifs. Dans la République actuelle, le chef de l'Etat peut dissoudre l'Assemblée lorsqu'il le souhaite et sans condition. Voici l'article 12 : "Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des Présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale."]


Article 18.
Le Premier ministre, les ministres et secrétaires d'État sont responsables devant le chef de l'État, individuellement dans le cadre de leurs attributions propres, collectivement pour la politique générale du cabinet.
Les ministres et secrétaires d'État se rendent aux assemblées lorsqu'ils le jugent nécessaire. Ils doivent y être entendus quand ils le demandent.

[Comme pour la Vème République, celle prévu par les pétainistes prévoyait que les représentant du pouvoir exécutif étaient directement responsables devant le Président de la République. Dans la IIIème et la IVème République, les tenants de l'exécutif étaient responsables devant le corps législatif. Cette innovation vient donc de la Constitution oubliée du maréchal Pétain.]

Article 19.
Le chef de l'État est représenté par un gouverneur dans chacune des provinces définies par la loi qui les institue.
Il nomme et révoque le gouverneur par décret contresigné du Premier ministre.
Le gouverneur est assisté d'un Conseil provincial.


[L'article 19 ne comporte pas de révolution puisque la fonction de préfet, appelée ici gouverneur de provinces, a été mise en place par Napoléon le 17 février 1800 (loi du 28 pluviôse de l'an VII). Cependant, la Constitution de Pétain est la première à mentionner ce qui correspond au poste de préfet. Par la suite, il sera évoqué dans la Constitution de 1946, puis dans celle de 1958. L'article 72 de Constitution de la Vème République énonce "Dans les départements et territoires (d'outre-mer), le délégué du gouvernement a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois".]
 

Titre II
La fonction législative


Article 20.
Le peuple français désigne par voix de suffrages ses représentants aux assemblées législatives : le Sénat et la Chambre des députés.
Dans la composition du Sénat, une place est réservée aux représentants élus des institutions professionnelles et corporatives et aux élites du pays.
Quelle que soit l'origine de leur mandat, les membres d'un assemblée ont les mêmes devoirs, les mêmes prérogatives, les mêmes droits.
Ils ne sont liés par aucun engagement à l'égard de ceux qui les ont désignés, et ils n'agissent, dans l'exercice de leurs fonctions, que suivant leur conscience et pour le bien de l'État.

 

Le suffrage


Article 21.
Sont électeurs aux assemblées nationales les Français et Françaises nés de père français, âgés de vingt et un ans, jouissant de leurs droits civils et politiques. Sont éligibles aux mêmes assemblées les Français nés de père français, âgés de vingt-cinq ans, jouissant de leurs droits civils et politiques.
La loi fixe les autres conditions de l'électorat et de l'éligibilité.
Elle institue le vote familial sur la base suivante : le père ou, éventuellement, la mère, chef de famille de trois enfants et plus, a droit à un double suffrage.
Le vote est secret.
Les règles ci-dessus, relatives à l'électorat et à l'éligibilité, sont applicables aux élections des conseils provinciaux, départementaux et municipaux. Les Françaises, nées de père français, âgées de vingt-cinq ans, jouissant de leurs droits civils et politiques, sont éligibles à ces conseils.

[L'article 21 est très important car on peut constater que Pétain était en faveur du droit de vote des femmes. On peut se demander si Pierre-Etienne Flandin a eu une certaine influence dans la rédaction de cet article. La version officielle annonce De Gaulle comme celui qui eu l'idée de reprendre puis donner le droit de vote aux femmes durant la 2nde Guerre Mondiale. On peut alors s'apercevoir qu'il s'agit d'un mensonge puisqu'il s'agissait de la volonté d'un certain nombre de personnes, quelque soit l'engagement politique. Pour information, le Comité français de la libération nationale accorda le droit de vote des femmes par ordonnance le 21 avril 1944, c'est-à-dire près de deux mois avant le débarquement des Alliés en Normandie
. Le Gouvernement provisoire de la République française le confirmera définitivement le 5 octobre 1944.  Cependant, la Constitution de Pétain a été réalisée entre 1941 et 1943 par le Conseil national de l'Etat français, donc le Sauveur de Verdun voulait donner le droit de vote aux femmes avant les "libérateurs de la France". Par ailleurs, autre point très important, il ne faut pas oublier que les militaires n'eurent officiellement le droit de vote en France qu'à partir du 17 août 1945, avant ils ne possédaient pas ce privilège. Or il semble ici que le Maréchal souhaitait également donner ce droit aux militaires puisqu'il n'avait inscrit aucune contrainte pouvant les empêcher de voter.]

 

Le Sénat et la Chambre des députés


Article 22.
Le Sénat est composé de :
Deux cent cinquante membres, élus par des collèges départementaux comprenant les conseillers départementaux et des délégués des conseils municipaux ;
Trente membres, désignés par le Chef de l'État parmi les représentants élus des institutions professionnelles et corporatives ;
Vingt membres, désignés par le chef de l'État parmi les élites du pays ;
Les anciens présidents de la République à l'expiration de leur mandat.
Les membres des deux premières catégories sont élus ou désignés pour neuf ans et renouvelables par tiers tous les trois ans. Les membres des troisième et quatrième catégories sont sénateurs a vie.
Une loi organique détermine les conditions dans lesquelles sont élus les délégués des conseils municipaux, les modalités de l'élection et de désignation des sénateurs, ainsi que le nombre des sénateurs par département.
Les membres du Sénat doivent être âgés de quarante ans au moins.

[Comme sous notre Vème République, la Constitution du Maréchal prévoyait que la grande majorité des membres du Sénat soient désignés pour neuf ans, un mandat renouvelable par tiers tous les trois ans. En revanche, le mode d'élection n'est pas vraiment le même.]


Article 23.
La Chambre des Députés se compose de cinq cents membres, élus pour six ans au suffrage universel et direct, à la majorité, à un seul tour.
Chaque département doit avoir au moins deux députés.
Au cas de dissolution de la Chambre des députés, il est procédé a son renouvellement dans un délai de deux mois et la Chambre est réunie dans les dix jours qui suivent la clôture des opérations électorales.


Article 24.
Chaque assemblée désigne son bureau au scrutin secret, pour un an, dans les conditions fixées par son règlement.
Les assemblées doivent être réunies chaque année en deux session d'une durée totale de quatre mois au moins et de six mois au plus.
Les deux assemblées peuvent être convoquées en session extraordinaire par le président de la République chaque fois qu'il le juge utile.
La première session ordinaire s'ouvre de plein droit le troisième mardi de janvier; la seconde, au cours de laquelle est examiné le projet de budget, le premier mardi après la Toussaint.
La session d'une assemblée commence et finit en même temps que celle de l'autre.
Le chef de l'État peut, par décret, prononcer l'ajournement des assemblées pour une durée maximal d'un mois au cours d'une session.
La clôture des sessions est prononcée par le chef de l'État.
Les séances du Sénat et de la Chambre des députés sont publiques. Néanmoins, chaque chambre peut se constituer en comité secret sur la demande d'un certain nombre de ses membres fixé par le règlement.


Article 25.
Les Assemblées votent les lois.
Leurs membres peuvent adresser aux ministres et secrétaires d'État des questions orales ou écrites, ainsi que des interpellations.
Le vote est personnel.
Toute motion comportant confiance ou défiance à l'égard du cabinet ou d'un ministre fait de droit l'objet d'un scrutin public.
Elle ne peut être discutée qu'un jour franc après la date à laquelle elle a été déposée.


Article 26.
Les membres des assemblées peuvent déposer des propositions de loi ou des amendements aux projets et propositions de loi. Les propositions ou amendements entraînant création ou augmentation de dépenses publiques, quels que soient les voies et moyens qu'ils prévoient, ne peuvent être mis en discussion que si le gouvernement accepte leur prise en considération.
Les projets de loi de finances doivent être présentés en premier lieu à la Chambre des députés.
Chaque projet ou proposition de loi est soumis, dans chaque assemblée à l'examen d'une commission spécialement désignée à cet effet. La commission peut proposer des amendements. Toutefois, l'assemblée délibère sur le texte du projet ou de la proposition avant d'examiner les amendements.
La participation des fonctionnaires de l'État qui ne sont pas membres de l'assemblée, aux travaux d'une commission, est interdite.


Article 27.
En cas de rejet ou de modification d'un projet ou d'une proposition, le gouvernement peut demander une deuxième délibération qui a lieu obligatoirement dans un délai maximum de deux mois.
La promulgation des lois doit intervenir dans le mois qui suit leur adoption définitive par les assemblées.
Elle doit intervenir dans les trois jours pour les lois dont la promulgation aura été déclarée urgente par un vote exprès de l'une ou l'autre chambre, à moins que, dans ce délai, le chef de l'État ne demande une nouvelle délibération, qui ne peut être refusée.

Article 28. Aucun membre de l'une ou l'autre chambre ne peut être poursuivi ou recherché à l'occasion des opinions ou votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions.
Aucun membre de l'une ou l'autre chambre ne peut, pendant la durée de la session, être poursuivi en matière criminelle ou correctionnelle, ou arrêté, qu'avec l'autorisation de la Cour suprême de justice, sauf le cas de flagrant délit.
Si l'assemblée intéressée le requiert, la détention préventive ou la poursuite d'un membre de l'une ou de l'autre chambre, arrêté ou poursuivi au cours de l'intersession, est suspendue pendant la session suivante et pour toute sa durée.

Article 29. Les membres des assemblées reçoivent une indemnité égale à la rémunération des conseillers d'État en service ordinaire.

 

L'Assemblée nationale


Article 30.
Le Président de la République peut, pour la révision de la Constitution, réunir le Sénat et la Chambre des députés en Assemblée nationale, soit spontanément, soit sur un vote émis par les deux chambres après délibérations séparées à la majorité des deux tiers du nombre légal des membres.
Les deux chambres peuvent également se réunir en Assemblée nationale sur résolution prise par l'une d'elles à la majorité des deux tiers du nombre légal des membres, pour statuer sur la mise en accusation du chef de l'État, des ministres ou des secrétaires d'État.
Toute convocation de l'Assemblée nationale doit préciser les points sur lesquels porteront ses délibérations.
L'Assemblée n'est, en aucun cas, maîtresse de son ordre du jour.
Ses décisions sont prises à la majorité des deux tiers du nombre légal de ses membres.
L'Assemblée nationale a pour bureau le bureau du Sénat.


[Attention, ce que les rédacteurs de cette Constitution appellent par Assemblée nationale, c'est le regroupement du Sénat et de la Chambre des députés, ce qui correspond actuellement au Parlement. Aujourd'hui, l'Assemblée nationale est le nom employé pour désigner la Chambre des députés.]
 

Titre III
Le Congrès national


Article 31.
Le Congrès national est constitué par les membres des deux assemblées et par les conseillers provinciaux ou - jusqu'à la désignation de ceux-ci - par les délégués des conseils départementaux en nombre égal à celui des sénateurs et des députés.
Un mois au moins avant le terme légal des pouvoirs du président de la République, le Congrès national devra être réuni pour procéder à la désignation de son successeur. A défaut de convocation, cette réunion aurait lieu de plein droit le quinzième jour avant l'expiration de ses pouvoirs.
En cas de vacance par décès ou pour toute autre cause, le Congrès national se réunit de plein droit dans un délai de trois jours pour procéder à l'élection d'un nouveau chef de l'État.
Jusqu'à la prestation de serment, les pouvoirs du président de la République sont exercés par le conseil des ministres.
Dans le cas où la Chambre des députés se trouverait dissoute au moment où se produirait la vacance, les collèges électoraux seraient aussitôt convoqués et le Sénat se réunirait de plein droit.
L'élection a lieu au scrutin secret. Aux deux premiers tours, l'élection requiert la majorité absolue du nombre légal des membres du Congrès. Au troisième tour, la majorité relative suffit.
Le Congrès national a pour bureau le bureau du Sénat.


[Pétain et ses proches prévoyaient que le Président de la République soit élu par un Congrès constitué des députés, des sénateurs, et de représentants au niveau régional et départemental. Il ne faut pas oublier que le 21 décembre 1958, un collège électoral de 81 764 électeurs avait élu Charles de Gaulle à la tête de l'Etat Français. Certes, le nombre de participants est bien plus élevé que celui prévu par les pétainistes pour leur Constitution. Mais ces 81 764 grands électeurs étaient des parlementaires, des sénateurs, des conseillers généraux et des représentants des conseils municipaux. Il y a donc une similitude entre le Collège électoral et le Congrès national.]

Titre IV
La fonction juridictionnelle


Article 32. La justice est rendue au nom du peuple français.
La fonction juridictionnelle est exercée par des magistrats dont un statut propre garantit l'indépendance.
Les magistrats du siège sont inamovibles. Ils sont nommés par le président de la République. Leur avancement est décidé par celui-ci sur avis conforme d'une cour présidée par le premier président de la Cour de cassation et composée de magistrats élus par la Cour de cassation et les cours d'appel. Des dispositions analogues sont prises pour les magistrats du siège de la Cour des comptes.

 

La Cour suprême de justice


Article 33. La sauvegarde de la Constitution et l'exercice de la justice politique sont assurés par la Cour suprême de justice.

Article 34. La Cour suprême de justice a les attributions suivantes :
Elle statue sur les recours pour inconstitutionnalité de la loi ;
Elle a compétence exclusive pour juger le chef de l'État sur mise en accusation par l'Assemblée nationale ;
Elle juge les ministres ou secrétaires d'État sur mise en accusation soit par le président de la République, soit par l'Assemblée nationale ;
Elle juge toute personne mise en accusation par le chef de l'État pour attentat contre la sûreté de l'État ;
Elle procède à la vérification des opérations électorales tendant à la désignation des sénateurs et des députés et se prononce sur les demandes de levées de l'immunité et sur les demandes de déchéance les concernant.


[C'est sans doute l'un des points les plus importants. Philippe Pétain, Lucien Romier et les autres rédacteurs envisageaient la protection de la Constitution par une Cour suprême. Cette charge existait déjà dans plusieurs pays, par exemple aux Etats-Unis. Cependant, une assemblée ayant cette fonction en France n'a été mise en place qu'en 1958, avec la création du Conseil constitutionnel. Tout comme pour l'assemblée issue de la Constitution de de Gaulle, celle de Pétain devait notamment se prononcer  sur l'inconstitutionnalité de la loi, ou encore veillait sur les différentes élections nationales. Mais la Cour suprême de justice a un autre rôle que le Conseil constitutionnel. En effet, elle a la possibilité de juger le Chef de l'Etat, les ministres et les secrétaires d'Etat, ainsi que toutes les personnes nuisant à la sûreté de l'Etat. Il est intéressant de constater que les hommes au pouvoir sont exposés à la justice en cas de violation de la législation, et cela même vis-à-vis du président de la République. Alors que sous la Vème République, il faut admettre que les hommes politiques jouissent d'une grande protection face à la justice, même lors des scandales politico-financiers. Mais par cet aspect de contrôle des actes des personnalités politiques, cette Cour de justice a aussi un rôle semblable à l'actuel Conseil d'Etat, sauf que ce dernier a davantage un rôle de conseiller et moins de juge, et est plus influencé par le pouvoir en place. Quoi qu'il en soit, il est fort probable que les gaullistes se soient inspirés de la Cour suprême de justice de la Constitution de Pétain pour créer le Conseil constitutionnel.]

Article 35.
La Cour suprême de justice est composée de quinze conseillers en service ordinaire et de six conseillers en service extraordinaire.
Parmi les quinze
conseillers en service ordinaire, douze sont ainsi recrutés : trois conseillers d'État, trois conseillers a la Cour de cassation, trois professeurs des facultés de droit de l'État, trois bâtonniers ou anciens bâtonniers de l'ordre des avocats auprès d'une cour d'appel ou membres de l'ordre des avocats au Conseil d'État et à la Cour de cassation, choisis par la Cour suprême elle-même sur des listes de présentation établies par les corps ou ordres ci-dessus et comportant trois noms pour chaque siège à pourvoir.
Trois sièges sont, en outre, réservés à des personnalités n'appartenant pas aux corps ou ordres mentionnés, mais présentés obligatoirement par ces corps ou ordres a raison, sur chaque liste, de deux noms pour toute vacance dans ces trois sièges. Les seules conditions de présentation sont les conditions générales applicables aux conseillers en service ordinaire, fixées ci-dessous à l'article 36.
Les premiers membres de la Cour suprême de justice en service ordinaire seront nommés par le chef de l'État sur les mêmes présentations.
Les six conseillers en service extraordinaire sont désignés annuellement par le Sénat parmi ses membres, au début de la session ordinaire, a la majorité absolue.
Ils siègent à la Cour suprême de justice lorsqu'elle est réunie dans les cas prévus aux 2°, 3°, et 4° de l'article 34 pour juger le chef de l'État, les ministres ou secrétaires d'État ou toute personne mise en accusation par le président de la République pour atteinte contre la sûreté de l'État.

[On peut remarquer une différence entre la Cour suprême de justice et le Conseil constitutionnel, à propos du recrutement. La première institution se compose obligatoirement de gens spécialistes en droit, tels que des anciens avocats ou des professeurs de droit, et sont nommés selon leurs compétences. Crée le 4 octobre 1958, la seconde institution ne se compose pas toujours de spécialistes en droit (même s'il faut avouer que c'est souvent le cas) puisque les membres sont nommés par le pouvoir exécutif et législatif, et les anciens chefs d'Etat peuvent l'intégrer sans avoir suivit aucune instruction approfondie dans ce domaine. Parmi ces membres ayant peu d'expérience en droit, les meilleurs exemples sont Gaston Palewski, Roger Frey, Daniel Mayer et Jacques Chirac.]


Article 36.
Les conseillers en service ordinaire élisent parmi eux le président et le vice-président de la Cour suprême de justice. Ils sont inamovibles. Ils doivent être âgés de cinquante ans au moins au jour de leur nomination. Ils restent en fonctions jusqu'à soixante-quinze ans, sauf si leur déchéance est prononcée ou s'ils se trouvent dans l'impossibilité permanente de remplir leurs fonctions. L'examen et la décision que comportent ces cas exceptionnels sont de la compétence de la Cour elle-même.
Les fonctions de conseillers en service ordinaire sont incompatibles avec le mandat de sénateur ou de député et avec l'exercice d'aucune profession.
Les conseillers en service ordinaire conservent à vie leur traitement, sauf le cas de déchéance.
Ce traitement est égal a celui des ministres.
Le parquet de la Cour suprême de justice est composé d'un procureur général et de deux avocats généraux, choisis par le chef de l'État au début de chaque année, parmi les magistrats du parquet de la Cour de cassation ou des cours d'appel.
Toutefois, lorsque la Cour se réunit pour statuer sur une mise en accusation par l'Assemblée nationale, celle-ci désigne dans son sein trois membres pour soutenir l'accusation.


Article 37.
Le recours pour inconstitutionnalité n'est recevable que s'il a pour base la violation d'une disposition de la Constitution.
Il est formé par voie d'exception.
L'exception d'inconstitutionnalité peut être soulevée devant toute juridiction, mais seulement en première instance, soit par le ministère public, soit par les parties, soit, d'office, par la juridiction saisie.
Dès qu'a été soulevée l'exception d'inconstitutionnalité, la procédure au principal est suspendue jusqu'à l'arrêt de la Cour suprême de justice sur la valeur du recours.
Cet arrêt s'impose à toute juridiction ayant à connaître de l'espèce à l'occasion de laquelle il a été rendu.

 

Titre V
Les conseils municipaux, départementaux et provinciaux

Article 38.
Le conseil municipal est élu pour six ans par le suffrage universel direct au scrutin de liste.
Le maire et les adjoints sont élus par le conseil municipal dans les communes dont la population n'excède pas dix mille habitants.
La loi détermine le mode de désignation du maire et des adjoints dans les communes où la population excède ce chiffre.
La loi prévoit les conditions dans lesquelles les conseils municipaux peuvent être dissous et remplacés provisoirement par des délégations spéciales.
Elle établit le régime municipal spécial de Paris, de Lyon et de Marseille.

Article 39. Le conseil départemental est élu pour six ans au suffrage universel direct, par scrutin uninominal, à raison d'un conseiller par canton.


Article 40.
Le conseil provincial est formé :
Pour deux tiers, de membres élus par les conseils départementaux ;
Pour un tiers, de membres nommés par le gouvernement sur la proposition du gouverneur, parmi les représentants élus des organisations professionnelles et corporatives et parmi les élites de la province.
La durée du mandat est de six ans. Ce mandat est incompatible avec celui de député ou de sénateur.
Le nombre des conseillers provinciaux est, pour l'ensemble des provinces, égal à celui des sénateurs et des députés.


Titre VI
Le gouvernement de l'Empire


Article 41.
Les territoires d'outre-mer sur lesquels, à des titres divers, l'État français exerce sa souveraineté ou étend sa protection, constituent l'Empire.
Dans l'Empire, le gouvernement exerce son autorité par l'intermédiaire de hauts fonctionnaires responsables de la sécurité intérieure et extérieure des territoires qu'ils administrent ou contrôlent.
L'Empire est régi par des législations particulières.


Article 42.
Auprès du président de la République est institué un conseil d'Empire appelé à donner son avis sur les questions intéressant le domaine français d'outre-mer.
Dans les parties de l'Empire où l'évolution sociale et la sécurité le permettent, le représentant du chef de l'État est assisté d'un conseil consultatif.
La loi fixe les conditions dans lesquelles s'exerce la participation traditionnelle de certaines colonies à la représentation nationale.

 

[Les articles 41 et 42 constituent une véritable révolution, car ils prévoyaient que les territoires désignés autrefois comme des "colonies" soient désormais appelés des "territoires d'outre-mer". Par conséquent, un changement de statut des terres françaises situées hors de métropole était prévu. La Constitution du maréchal Pétain est la première à employer ainsi ce terme d'outre-mer, en usage dans les constitutions des IVème et Vème Républiques.]

 

 

L'analyse de cette Constitution oubliée permet de comprendre deux choses. D'abord, ce document remet en cause la version officielle qui fait du dictateur Pétain un anti-républicain et un anti-démocrate. Il est vrai qu'il a souvent critiqué la démocratie de la IIIème République française, mais cela ne signifie aucunement qu'il ne souhaitait pas que son pays vive en démocratie après la fin du second conflit mondial. Il avait simplement une vision différente, avec une République composée d'un exécutif fort, ainsi qu'une liberté d'action plus importante du chef de l'Etat, c'est-à-dire du Président de la République. De plus, il ne remit pas en cause la liberté d'expression et de culte, comme le prouve les premiers articles. Quant à ceux qui en doute, rappelons-nous de ce qu'il a déclaré en 1936 : "Je ne demande pas un chef unique pendant la paix, mais pendant la guerre" (Philippe Pétain, "Défense nationale et Commandement unique", dans Revue des Deux Mondes, 1er mai 1936). Cependant, il ne faut surtout pas oublier l'influence direct de plusieurs intellectuels issus de la droite libérale, en particulier de Lucien Romier qui avait pour rôle d'élaborer cette Constitution, ainsi que Joseph Barthélémy et Pierre-Etienne Flandin. Ensuite, l'étude de ce projet a démontré qu'un certain nombre de points seront présents dans les constitutions suivantes, principalement dans celle de la Vème République. On peut citer par exemple : le rôle accru du Président de la République; le remplacement du poste de Président du Conseil des ministres par celui de Premier ministre, fonction qui n'existait pas en France, et sa responsabilité devant le Chef d'Etat ; la volonté de donner le droit de vote aux femmes ; ou encore la création d'un conseil chargé de la protection et du contrôle de la Constitution. Il y a incontestablement quelques similitudes avec la IVème et surtout avec la Vème République. Est-ce le fruit du hasard ? On peut très sérieusement en douter ...

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23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 17:35

Le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme sont les trois grandes religions de l’Extrême Orient. Mais à la différence du bouddhisme, les deux premières n’ont pas pris une ampleur mondiale, leur rayonnement restant principalement limité aux peuples de culture chinoise, même si elles commencent tout juste à obtenir un certain succès chez d’autres peuples. Pourtant, elles se sont manifestées sous diverses manières, si bien qu’elles ont profondément muté. Cependant, quelle est l’origine du taoïsme et du confucianisme ? Ont-elles toujours été des religions où étaient-elles autrefois des philosophies ?


Histoire et développement

« Que les fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent ! » Prononcé par Mao Zedong (Mao Tsé-toung) lors d’un discours en 1956, le tyran paraphrasait en réalité l’expression qu’employaient les intellectuels chinois pour décrire la période que connu la Chine entre le Vème et le IIIème avant Jésus-Christ, c’est-à-dire à l’époque des « Royaumes combattants ». Cette période correspond à la fin de la longue dynastie Zhou (Tcheou) s’étalant entre –1122 et –256. La Chine était composée de plusieurs Etats féodaux qui se combattaient incessamment. Les troubles compromettaient l’autorité de la classe dirigeante traditionnelle. Par ailleurs, le peuple souffrait de ces conflits et étaient de plus en plus enclin à se soumettre. Dans ce contexte émergea diverses idées et aspirations longtemps réfrénées qui s’épanouirent telles « cents fleurs ». Différentes écoles de pensée apparurent, réfléchissant sur la meilleure manière de gouverner, l’impact des différentes lois, l’ordre social à mettre en place, le code moral à établir, ou encore sur la littérature et l’agriculture. Ces centres intellectuels furent appelés les « cent écoles ». La majorité d’entre elles n’eurent qu’un impact mineur. Cependant, les deux vont acquérir un grand prestige. Nous les connaissons sous les appellations de taoïsme et de confucianisme.

Malgré tout, on ne peut pas comprendre le taoïsme et le confucianisme sans connaître le concept fondamental, le Dao (Tao). Le Dao désigne « une voie, une route, un chemin ». Par la suite, il est davantage devenu « une méthode, un principe ou une doctrine ». Les Chinois estimaient que l’harmonie et l’ordre universelle dépendaient des manifestations du Dao. C’est une sorte de volonté divine régulant l’univers et le temps. Ceux qui adhèrent à ce concept ne croient pas en un univers régi par un Dieu créateur, mais ils lient toutes choses à une providence. Si nous transposons le Dao à la société, les adhérents pensaient qu’il y a une façon naturelle et correcte de faire chaque chose, et que tout ce qui existe doit occuper la place qui lui échoit afin de remplir sa fonction propre. Par exemple, si le souverain s’acquittait de ses devoirs en gouvernant avec sagesse et justice, l’Etat connaîtrait la prospérité. En parallèle, si le peuple se montrait disposé à chercher la voie, ou plutôt le Dao, l’efficacité s’installerait partout et l’harmonie perdurera. En revanche, s’il contrariait le Dao, il en résulterait le chaos et le désastre.

Cette volonté de conserver l’harmonie avec le Dao est la base de la pensée taoïste et confucianiste, qui viennent donc du même concept. Pourtant, les deux se différencient. Le taoïsme préconise la passivité, le calme, et le retour à la nature. Il faut laisser les choses se dérouler et s’abandonner au mouvement naturel. Le confucianisme privilégie le pragmatisme et enseigne que l’ordre social ne règne que lorsque tous les hommes s’acquittent de ses devoirs, du souverain jusqu’au paysan. Il codifie l’ensemble des rapports humains et sociaux et propose un schéma de conduite. Le taoïsme et le confucianisme sont davantage des manières de vivre, et ne ressemblent pas à des religions. Alors comment ont évolué ces deux systèmes ?

 

Le taoïsme

Le fondateur légendaire de cette doctrine est un certain Laozi (Lao-tseu). Nous savons peu de choses sur son sujet, à part qu’il aurait vécu au VIème avant Jésus Christ. Laozi signifie « ancien maître » ou « le vieux ». La seule biographie officielle de cet homme est contenue dans le Shiji (Cheki, en français Mémoires historiques) écrit par Sima Qian (Sseuma Ts’sien), historien du IInd au Ier siècle avant Jésus-Christ. D’après cet ouvrage, Laozi s’appelait en réalité Li Er, et avait exercé les fonctions de commis aux archives impériales de Luoyang, dans le centre de la Chine. Par suite, il aurait abandonné sa tâche, et Sima Qian en explique la raison : « Pour avoir longtemps servi à la cour des Tcheou et en avoir constaté la décadence, il aurait abandonné sa charge, serait arrivé à la passe de l’Ouest. Yin Xi, le gardien de poste, lui aurait alors demandé : « Puisque vous allez vivre en ermite, veuillez écrire un livre pour mon édification. » C’est ainsi que Laozi écrit un ouvrage en deux parties : l’une sur la voie (Dao), l’autre sur la vertu (De). L’ouvrage compte plus de cinq mille caractères. Sitôt achevée sa tâche, Laozi s’en alla. Nul ne put rien savoir sur sa fin. » Quelques spécialistes doutent de l’authenticité de ce récit. Quoi qu’il en soit, le livre évoqué dans ce récit reçu le nom de Daode Jing (Tao Te King, en français Livre de la Voie et de la Vertu), et demeura le pilier du taoïsme. Il est rédigé en vers concis et sibyllins, dont certains ne se composent que de trois ou quatre mots.

Dans ce Daode Jing, Laozi discourt sur le Dao, voie suprême de la nature, qui transpose à toutes les sphères de l’activité humaine. Une traduction a été effectuée par l’historien Ma Kou en 1984. Au sujet du Dao, nous lisons :

« Quelques chose de confus et mélangé était là

Avant la naissance du ciel et de la terre […]

Capable d’être la genèse de l’univers

Son nom reste inconnu

On l’appelle Tao. » (chapitre 25)

« La voie leur donne vie

La vertu élève

La matière donne une forme

L’environnement les conduit à la maturité.

Ainsi la multiplicité des êtres

Révère la voie et honore la vertu. » (chapitre 51)

Dans l’esprit des taoïstes, le Dao est le créateur de l’univers matériel. Les pratiquants doivent rechercher la Voie, mais comment ? Le Daode Jing décrit la conduite idéale :

« Plutôt que tenir et remplir jusqu’à ras bord

Mieux vaut savoir s’arrêter à temps.

Marteler et aiguiser sans cesse

Ne préserve pas la lame.

Tout l’or et le jade qui remplissent une salle

Ne peuvent être gardés par personnes.

Qui tire fierté de sa richesse et puissance

S’attire le malheur.

L’ouvrage accompli

Se retirer

Tel est le sens de la voie. » (chapitre 9)

Pour trouver le Dao, il faut donc se retirer du monde pour aller vivre en harmonie avec la nature. Le taoïsme est davantage une conduite de vie à adopter, et non une religion. Devant les injustices, les souffrances et les incohérences causées par la société féodale de l’époque, les taoïstes pensaient retrouver la paix et l’harmonie en revenant aux traditions d’autrefois, c’est-à-dire sans souverain et sans véritables lois pour dominer le peuple.

Cependant, ce concept va être approfondi par un successeur de Laozi, Zhuangzi (Tchouang-tseu) ou Maître Zhuang (-369 à –286). Celui-ci est beaucoup mieux connu puisqu’on sait déjà quand il a vécu. Cependant, il ne se contenta pas d’approfondir le concept du Dao puisqu’il va élargir la notion du yin/yang, tout d’abord exposé dans son Yi Jing. Selon Zhuangzi, rien n’est vraiment absolu ou permanent, toutes les choses sont alternatives et soumises au jeu de forces opposées. Dans le chapitre intitulé « La crue de l’autonome », il indiqua : « Le Tao n’a ni fin ni commencement. Ce sont tous les êtres qui meurent et qui naissent. […] La vie des êtres est pareille au galop du cheval. En chacun de ses mouvements, il se modifie, en chacun de ses instants il se déplace. Vous me demandez ce que vous devez faire, ce que vous ne devez pas faire ? Eh bien laissez-vous aller à vos transformations naturelles. »

Le récit est clair, le maître taoïste juge inopportun toute tentative à changer le cours des choses. Au bout d’un moment, tout ce qui existe se transformera en son contraire. Fidèle aux idées de son prédécesseur Laozi, il prône l’inaction. Cependant, le taoïsme ne resta pas une philosophie du non-agir.

 

Alors qu’ils s’appliquent à ne faire qu’un avec la nature, les taoïstes étaient fascinés par sa pérennité et par son pouvoir de régénération. Celui qui réalise l’harmonie avec le Dao serait en mesure d’en percer les secrets et de s’immuniser contre les maux de corps, les maladies, voire contre la mort. Bien que Laozi n’a pas vraiment abordé la question, elle apparaît à plusieurs reprises dans le Daode jing. Par exemple, dans le chapitre 16 : « L’éternel coïncide avec le tao. Qui fait un avec la voie du tao, rien ne peut l’atteindre, même la mort. » Alors qu’on évoquait précédemment une philosophie de vie, le taoïsme prend clairement une orientation religieuse. Les pratiquants se mirent à croire à diverses superstitions. L’une d’entre elles était que des procédés diététiques et des exercices respiratoires retardaient le dépérissement du corps. Puis des légendes apparurent. L’une d’entre elle mentionne des immortels capables de chevaucher des nuages, d’apparaître et de disparaître à volonté, ou vivant un nombre incalculable d’années sur des montagnes sacrées ou des îles lointaines tout en se nourrissant de rosée ou de fruits merveilleux. Par ailleurs, l’histoire de la Chine rapporte qu’en –219, Shi Huangdhi, l’empereur Qin, envoya une immense flotte de navires avec 3000 garçons et filles à la recherche d’une île légendaire nommée Peng Lai (le paradis des immortels), pour rapporter la plante d’immortalité. On devine facilement qu’ils ne trouveront pas cette fameuse île. Selon la tradition, ces explorateurs peupleront les îles formant l’archipel du Japon.

Les pratiques associées au taoïsme prit un nouvel essor durant la dynastie Han (–206 à 220). L’empereur Wudi, adepte du confucianisme, s’intéressait à l’immortalité physique que recherchaient les taoïstes. Il se passionna pour la fabrication de « pilules d’immortalité » par l’intermédiaire de l’alchimie. Dans la pensée taoïste, la vie résulte de la combinaison du yin/yang. En faisant fondre du plomb sombre (symbolisant le yin) et du mercure brillant (représentant le yang), les alchimistes simulaient un processus naturel par lequel ils pensaient obtenir une pilule rendant immortel. Les adeptes élaborèrent également des exercices proches du yoga, des techniques respiratoires, des règnes diététiques et des pratiques sexuelles fréquentes afin de renforcer le principe vital et prolonger l’existence. A tout ça s’ajoutait souvent l’usage des talismans qui, supposait-on, rendaient invisible et invulnérable aux armes, et permettaient de marcher sur l’eau et de se déplacer dans les airs. Par ailleurs, pour repousser les mauvais esprits et les animaux sauvages, des sceaux « magiques » portant le symbole yin/yang étaient fixés au-dessus des portes et des bâtiments.

Au IIème siècle après Jésus Christ, le taoïsme se structura. Un certain Zhang Daoling (Tchang Tao-ling) fonda une société secrète dans l’Ouest de la Chine. Il aurait opéré des guérisons miraculeuses et s’adonnait à l’alchimie. Les membres de cette société devaient verser cinq boisseaux de riz en guise d’offrande.  De là vient le nom de Wudoumi Dao (taoïsme des cinq boisseaux de riz). De plus, Zhang affirmait d’avoir reçu une révélation de Laozi, devint le premier « Maître céleste ». On dit qu’il réussit à préparer l’élixir de longue vie. Puis, après s’être rendu sur le Longhushan (la montagne du dragon et du tigre) dans la province du Jiangxi, il s’éleva jusqu’au ciel monté sur un tigre. De plus, Zhang Daoling fut à l’origine d’une longue lignée de « Maîtres célestes » taoïstes qui passent pour ses réincarnations. Par la suite, le taoïsme obtint le statut de religion. On déifia Laozi et on établit le canon des textes taoïstes. Des temples, des monastères et des couvents furent construits, et divers ordres de moines furent fondés. Cette religion incorpora différents dieux et déesses, ainsi que des fées issues du folklore chinois. On peut citer les Huit Immortels (baxian), les dieux protecteurs des villes (chenghuang), le Seigneur du foyer (Zaojuin), ou encore les divinités gardiennes des portes (menshen). Par ailleurs, un amalgame se forma à partir d’éléments empruntés au bouddhisme, aux superstitions traditionnelles, au spiritisme et au culte des ancêtres. A long terme, les taoïstes se contentaient d’adorer leurs divinités de prédilection. On louait des services de prêtres pour procéder aux funérailles, choisir l’emplacement d’une tombe, communiquer avec les défunts, écarter les mauvais esprits et les revenants, célébrer des fêtes, accomplir des rites, … . L’école philosophique des premiers jours avait donc engendré une religion où s’entremêlaient des esprits immortels, dieux et demi-dieux. On est donc bien loin des principes de Laozi.
 

Le confucianisme


Parmi les « cent écoles » qui apparurent en Chine, le confucianisme est sans aucun doute l’une des plus influentes. Comment parvint-elle au premier plan ? De tous les philosophes, Confucius est le plus connu en dehors de la Chine. Confucius est la latinisation du chinois Kongfuzi (K’ong-fou-tseu), qui signifie « Maitre K’ong ». Son nom fut forgé par des jésuites venus en Chine au XVIème siècle, lorsqu’ils recommandèrent au pape d’ajouter Confucius à la liste des saints de l’Eglise catholique ! Pour en savoir plus sur lui, il faut se reporter au Shiji (Mémoires historiques) de Sima Qian. S’il s’est peu étendu sur la vie de Laozi, cet auteur a donné une biographie détaillée de Confucius. Sur ce personnage, voici quelques extraits du Shiji traduit par l’écrivain chinois Lin Yutang : « Confucius naquit dans le village de Tséou qui faisait partie du comté de Tch’ang ping, dans l’Etat de Lou [Lu]. [Sa mère] adressa des prières à la colline de Ni-tsiou pour avoir un enfant et elle fut exaucée car elle eut un fils, la 22e année du règne de Shiang, duc de Lou (551 avant Jésus-Christ). Comme il était venu au monde avec une grosse bosse sur la tête, on l’appela Tsiou (colline). Son nom littéraire était Tchongni et son nom de famille K’ong. »

Confucius perdit son père peu après sa naissance. Même s’il est issu de famille pauvre, sa mère fit en sorte qu’il reçoive une solide instruction. Enfant, il manifesta un vif intérêt pour l’histoire, la poésie et la musique. D’après les Entretiens, l’un des Quatre Livres du confucianisme, il entreprit l’étude des belles lettres à l’âge de 15 ans. A 17 ans, on lui confia un modeste travail de fonctionnaire au pays de Lu, sa terre natale. Sa situation financière s’améliora progressivement, ce qui lui permit de se marier à l’âge de 19 ans. Il obtint un fils l’année suivante. Par la suite, sa mère décéda alors qu’il avait 25 ans. Très affecté, Confucius se retira de la vie publique. Il aurait gardé le deuil durant 27 mois auprès de sa tombe, offrant au Chinois une démonstration de la piété filiale classique.

Ensuite, Confucius quitta sa famille peut devenir enseignant itinérant. Il enseigna la musique, la poésie, l’instruction civique, la morale ou encore les sciences de l’époque. Progressivement, sa réputation augmenta, et il aurait regroupé jusqu’à 3000 élèves. En Orient, on vénère surtout Confucius pour sa qualité de maître enseignant. Sur sa tombe à Qufu, dans la province de Shandong, son épitaphe mentionne seulement « Ancien et très ancien enseignant ». Mais si le maître était honoré, c’est notamment pour son érudition dans les domaines de l’histoire et de la morale. Lin Yutang écrit à son sujet : « L’attrait qu’exerçait Confucius était sans doute beaucoup moins dû au fait qu’il était l’homme le plus sage de son temps, que parce qu’il en était le plus grand érudit, le seul capable de disserter sur les anciens livres de la sagesse antique. » Lin Yutang justifie le triomphe du confucianisme sur les autres écoles de pensées : « Les maîtres confucianistes avaient quelque chose de précis à enseigner et les élèves quelque de précis à apprendre, tandis que les autres écoles n’avaient rien d’autre à présenter que leurs opinions. »

Bien qu’il fut enseignant, Confucius ne considérait pas l’enseignement comme le principal but de sa vie. En effet, il pensait que des principes moraux étaient capables de stabiliser un monde troublé dans lequel il vivait, à condition que les dirigeants consentent à les mettre en avant en lui confiant, ainsi qu’à ses élèves, des fonctions gouvernementales. Par la suite, il quitta Lu, sa province natale, accompagné de ses quelques disciples, traversant plusieurs Etats en quête du meilleur prince qui adopterait ses positions sur l’art de bien gouverner et sur l’ordre social. D’après le Shinji, son périple fut difficile : « Puis il quitta [la province] Lou ; il fut chassé de T’si ; il fut rejeté de Song et de Wei ; il se trouva en péril entre les pays de Tch’en et de Ts’ai. » Après 14 années d’errance sur les routes, il revint à Lu déçu, mais il appris beaucoup. Jusqu’à la fin de ses jours, il se consacra à écrire et à enseigner. Il s’éteignit en 479 avant Jésus Christ, à l’âge de 73 ans. Mais quels sont les principes du confucianisme ?

 

S’il fut un érudit et un enseignant, Confucius ne restreignit pas son influence aux cercles de lettrés. Outre l’enseignement des règles régissant la conduite et la morale, il avait pour ambition de restaurer l’ordre et la paix au sein d’une société déchirée par les conflits entre provinces. Cet objectif ne pouvait être atteint que si tous les humains, de l’empereur aux gens du peuple, s’enquéraient du rôle qui leur revenait dans la société. Ses idées furent récapitulées par plusieurs confucianistes à travers quatre grands livres :

- La Grande Etude (Da xue) qui est l’ouvrage de base entrant dans la formation de l’homme de qualité. Il évoque notamment quelques principes moraux et fut autrefois un livre étudié par les écoliers chinois

- L’invariable milieu (Zhong yong) qui traite du développement de la nature humaine par la pratique de la modération

- Les Entretiens (Lun yu) qui est un recueil de sentences prononcées par Confucius, et demeure la source de base de la pensée confucéenne

- Le Mencius (Mengzi) qui regroupent des textes de Mengzi, l’un des principaux disciples de Confucius.

En parallèle, cinq classiques anciens viennent s’ajouter à ces quatre ouvrages, qui sont d'ailleurs antérieurs à Confucius mais ce dernier s'en est référé pour développer sa façon de penser :

- Le Canon des poèmes (Shi jing) qui est un recueil de 305 poésies dépeignant la vie quotidienne aux débuts de la dynastie Zhou (–1000 à –600)

- Le Canon des documents (Shu jing) qui est un ouvrage couvrant 17 siècles de l’histoire de Chine à partir de la dynastie Shang (–1766 à –1122)

- Le Canon des mutations (Yi jing) qui est un livre de divination interprétant les 64 combinaisons possibles de six lignes pleines ou brisées.

- Le Mémorial des rites (Li ji) qui regroupe les règles relatives aux cérémonies et aux rites de l’époque chinoise antique.

- Les Annales des printemps et automnes (Chinqiu) qui est une chronique du pays de Lu, terre natale de Confucius, pour la période comprise entre –721 et –478.

Un principe confucéen a pour nom « li ». Que signifie t-il ? Voici ce qu’indique Confucius : « De tous les principes qui guident une nation, « li » est le plus grand. Sans lui, nous ne savons comment adorer convenablement les esprits de l’univers ; ni comment établir les devoirs réciproques qui existent entre le roi et ses ministres, le souverain et ses sujets, les aînés et les jeunes ; ni comment distinguer les différents degrés de parenté au sein de la famille. C’est pourquoi le sage a tant de considération pour ce principe. »

En conséquence, « li » est la règle qui doit guider l’homme de qualité (le junzi, que l’on peut aussi traduire par l’homme supérieur). Selon Confucius, tout doit être « réglé dans la famille, dans l’Etat et dans le monde. » Alors c’est seulement à ce moment que l’on réalisera le Dao, c’est-à-dire la voie du ciel.

Une autre idée du confucianisme doit être abordée, la notion de « ren » (jen). Alors que le « li » préconise la maîtrise le respect des règles et la réalisation du devoir, le « ren » s’intéresse à la nature humaine. Mencius veut mettre en avant l’existence de la bonté humaine. Selon ce disciple de Confucius, le perfectionnement individuel, fondé sur l’étude de la connaissance, guérira tous les maux de la société. Dans la Grande Etude, les confucianistes indiquent : « Les connaissances morales étant parvenues à leur dernier degré de perfection, les intentions sont ensuite rendues pures et sincères ; les intentions étant rendues pures et sincères, l’âme se pénètre ensuite de probité et de droiture ; l’âme étant pénétrée de probité et de droiture, la personne est ensuite corrigée et améliorée ; la personne étant corrigée et améliorée, la famille est ensuite bien dirigée ; la famille étant bien dirigée, le royaume est ensuite bien gouverné ; le royaume étant bien gouverné, le monde ensuite jouit de la paix et de la bonne harmonie. Depuis l’homme le plus élevé en dignité, jusqu’au plus humble et plus obscur, devoir égal pour tous : corriger et améliorer sa personne ; ou le perfectionnement de soi-même est la base fondamentale de tout progrès et de tout développement moral. »

Selon Confucius, si chacun faisait son devoir et respectait les connaissances morales, la société serait en paix et en harmonie. On peut remarquer la mise en valeur du travail, de la famille, et de la patrie dans l’idéal confucéen. Le confucianisme est donc d’abord une philosophie. 


Cependant, les empereurs de la dynastie Han reprirent ce concept confucéen car ils le percevaient comme un moyen de renforcer leur autorité. Sous le règne de l’empereur Wudi, déjà mentionné à propos du taoïsme, le confucianisme acquit un statut de culte d’Etat. Seuls ceux qui étaient versés dans les classiques du confucianisme étaient appelés à des charges officielles. De plus, tous ceux qui briguaient des fonctions au sein du gouvernement devaient se soumettre à des examens nationaux portant sur ces ouvrages. Les rites confucéens devinrent la religion de la maison royale. Ce changement contribua à rehausser l’image de Confucius au sein de la société chinoise. Par ailleurs, à l’instigation des empereurs Han, on prit l’habitude d’aller offrir des sacrifices sur sa tombe. Les Maîtres qui se succèderont revêtiront des titres honorifiques. A partir de 630 après Jésus Christ, Taizong, un empereur Tang, décréta qu’un temple d’Etat devait être érigé dans toutes les provinces et dans tous les cantons de l’Empire, et que des sacrifices devaient être régulièrement organisés. Confucius fut élevé au rang de dieu, chose qu’il n’avait sans doute pas imaginé de son vivant. Dès lors, le confucianisme devint une religion. Aujourd’hui et malgré le communisme, le confucianisme perdure. Depuis quelques décennies, l’Etat chinois assure la conservation du temple consacré à Confucius et à sa propriété familiale dans sa ville natale de Qufu. Le culte de Confucius est également présent à Singapour, à Taiwan, à Hong-Kong et dans d’autres régions. On y célèbre parfois son anniversaire. Le philosophe est donc devenu un modèle de vertu. Nous pouvons comparer le culte confucianiste au culte de l’être suprême que souhaitait instaurer Robespierre, lors de la Révolution Française.

Pourtant, cet intellectuel de l’Antiquité chinoise n’avait pas mis en avant des idées religieuses. Malgré tout, on peut se demander s’il était animé de sentiments religieux ? Premièrement, Confucius vénérait le ciel qu’il appelait Tian (T’ien). Il pensait qu’il gouvernait la totalité du cosmos et qu’il avait une influence directe sur les humains. Deuxièmement, il insistait souvent sur la pratique de rites et de cérémonies accompagnant un hommage au ciel et aux esprits des ancêtres. Cependant, il faut savoir faire la part des choses. Le sage de l’Antiquité n’a jamais voulu donner un caractère religieux à sa philosophie, et sa croyance n’a rien à voir avec sa théorie. Mais les notions ayant un caractère religieux ont certainement influencé la perception des Chinois vis-à-vis du confucianisme.

 

En analysant l’histoire du taoïsme et du confucianisme, on découvre deux systèmes de pensée reposant sur une certaine sagesse et un raisonnement. Alors que le confucianisme cherche à obtenir l’harmonie au sein de la société, le taoïsme s’en remet à la recherche de la paix en quittant la civilisation pour revenir à la nature. Cependant, ces deux philosophies ne tardèrent pas à devenir deux religions. A ces théories s’ajoutèrent diverses pratiques, par exemple : un culte réservé à des idoles ou à des ancêtres, la vénération du Ciel conçu comme un principe du cosmos, l’adoration d’esprit de la nature, … . De plus, on peut se demander si les pratiquants concevaient l’existence d’un architecte ou d’un quelconque créateur.

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 23:10

En mai-juin 1940, la France subi l'une des plus écrasantes défaites de son histoire face au IIIème Reich d'Hitler. Mais cette débâcle aurait-elle pu être évitée et était-elle prévisible ?  Les politiciens et les militaires de notre pays avaient-ils fais le nécessaire pour se préparer à la guerre ? Tout d'abord, nous allons analyser la situation de l'armement français face aux voisins. Ensuite, nous aborderons le comportements des politiciens, puis des militaires.


L’état démodé de l’armement français

En 1938, parait un livre intitulé Notre Sécurité. Son auteur est Paul Louis Théodore Benazet (Parti Républicain Socialiste puis Union Socialiste Républicaine) ancien sénateur et député de l’Indre. Il souhaitait interpeller ceux qui, conscients de l'impréparation militaire de la France, justifiaient leur optimisme en rappelant 1914 et la Bataille de la Marne. Il expliqua dans son chapitre introductif : "La faute capitale de nos services, et des gouvernements qui s'en sont trop paresseusement remis à eux, est de n'avoir pas compris la gravité de ce nouveau rapport des forces, et de s'imaginer qu'il sera possible de s'en tirer, comme en 1914, et au même prix, en opposant des pièces de 75 à des pièces d'artillerie lourde, ou des fusils à des mitrailleuses. Je répète qu'il s'agit ici d'une situation sans précédent. Ce serait faire preuve d'une incroyable légèreté que de ne pas construire les matériels de défense appropriés aux conditions nouvelles de combat, et cela avec une rapidité telle que l'adversaire ne puisse encore donner à ses moyens d'attaque une supériorité nouvelle." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Edition Grasset, 1938, p. 9-10). Hector Ghilini résumait ainsi : "Il est déraisonnable de s'en tenir à la seule expérience de la guerre 14-18, et de croire à l'équivalence entre l'homme et le matériel. Le courage de l'un ne peut suppléer à l'insuffisance de l'autre. Aujourd'hui, l'absence d'une arme adaptée aux conditions toutes nouvelles de la lutte frappe la trompe "d'impuissance absolue". (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Edition Jean Renard, 1942, p. 52). A la fin des années 1930, les usines françaises produisaient un armement dépassé par rapport aux autres nations. A propos du canon de 75 (canon de défense anti-aérienne), dont certains continuaient à vanter l'efficacité, Bénézat répondait: "Exagération de la mobilité au détriment de la puissance, progrès techniques réalisés depuis, tout concourt à faire de notre 75 un matériel entièrement démodé" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Edition Grasset, 1938, p.26). Il ajouta : "De toute nécessité, il faut se ressaisir et s'efforcer de remplacer le 75 par un obusier de campagne de calibre équivalent au 105 mm." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 31). Il concluait : "Il faut avoir le courage de le dire: L'Armée française, avec son canon de 75, possède un matériel d'artillerie antiaérienne et des stocks de munitions qui sont à renouveler intégralement!" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 54). De plus, le canon de 75 mm, modèle 1897, tirait des obus atteignant péniblement 5 000 mètres. Certes, les modèles 1932 et 1933 aux tubes allongés permettaient de tirer à une hauteur de 7 500 mètres, mais les avions allemands utilisés en 1937 volaient à 8 000 mètres (Charles Reibel, Pourquoi nous avons été à deux doigts de la guerre, Librairie Arthème Fayard, 1938, p. 23 et 27). De plus, le canon allemand de 88 mm utilisé pendant deux ans en Espagne pouvait abattre un avion "en 10 ou 15 coups" (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Edition Jean Renard, 1942, p. 52). L’ancien sénateur et député rappelait que depuis 1916, l'aviation avait fait un bond gigantesque. Selon lui, l'avion avait "triplé sa vitesse et doublé son plafond" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p.49). Il ajouta que "Le plus récent de nos canons de DCA remonte à dix ans, époque où l'avion n'avait encore fait que des progrès négligeables par rapport à ceux accomplis dans la décade suivante." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p .51).
Concernant le canon Hothkiss de 25 mm, il ne niait pas des qualités, mais il indiquait : "Cette arme a des défauts de tous les petits calibres puissants. Le projectile perd rapidement sa vitesse, donc ses possibilités de perforation [...] En outre, le projectile de 25 mm est de calibre trop faible pour pouvoir contenir utilement une charge d'explosif." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 39-40). Par ailleurs, la guerre civile d'Espagne (1936-1939) avait mis en évidence les mauvaises options prises par l'armée française en matière d'artillerie. Alors que depuis 1935, la France produisait en série le canon antichar Hotchkiss, le conflit espagnol avait démontré l'efficacité des canons de 47 mm à grande vitesse initiale, capables de perforer toutes les cuirasses, tandis que le 25 mm était inefficace à moyenne portée contre les chars lourds.

Paul Bénézat va aussi donner son point de vue sur la vétusté de l’aviation française : "La première de toutes, l'aviation française a entrepris la rénovation de sa flotte aérienne. Elle a dépensé, à cet effet, à partir de 1933, des crédits considérables. Malheureusement, ils ont été engagés sur un programme qu'aucune autre aviation n'a voulu adopter et qui s'est révélé en complète opposition avec le but qu'il fallait atteindre. Depuis cette grave erreur de conception, la situation de notre matériel aérien n'a cessé de s'aggraver. Aucune personne vraiment renseignée n'a pu, à cet égard, se faire la moindre illusion, en dépit du caractère optimiste de certaines déclarations officielles." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 66-67). A ce sujet, il concluait : "Au début de 1938, l'aviation française se trouve par conséquent dans la situation la plus grave. Les avions construits à coups de milliards pendant les trois dernières années sont démodées et il n'y a pas d'outillage pour en construire d'autres." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 109). Le 7 juin 1938, Bénazet interpella le général Gamelin pour connaître son avis sur la sécurité de la France. Loin de tout optimisme, celui-ci confia : "Tout bien réfléchi, il me paraît difficile de vous répondre. Je ne puis, sur un sujet si grave, révéler la vérité. Mais si je la dis, je découvre le ministre de la Guerre." (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2).
Malgré tout, à la fin des années 30, le ministre de l’Air Pierre Cot et le général Denain entama un programme pour rénover sa flotte aérienne, mais avec des conceptions techniques et stratégiques erronées. Bénazet a écrit: "Fortes de ces enseignements toutes les aviations militaires entreprirent immédiatement de réagir et de modifier leurs matériels. Rien de plus simple au surplus. Calquer les appareils de bombardement sur le Douglas. De même, il suffisait de calquer l'appareil de chasse sur le Heinkel […] Cette solution fut adoptée par tous les grands pays, l'exception de la France." (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 70-71). Il poursuit : Au moment où les aviations étrangères avaient des programmes et construisaient des prototypes qui leur permirent les réalisations de 1936 et 1937 (l'Allemagne gagnant le record du monde de vitesse avec 611 km/h!) nous nous enfermions dans des conceptions absolument différentes. Nos programmes de 1933, dont les prototypes furent présentés au salon de 1934, ne faisaient état d'aucun des progrès techniques incorporés dans le Douglas DC-2 et dans le Heinkel-70 qui figuraient à ce même salon. On se bornait à placer des moteurs relativement puissants sur des cellules d'un type déjà périmé !" (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 77-79). La preuve de ce retard fut apportée en 1937, au meeting de Zürich. A cette rencontre qui, tous les deux ans, mettait en compétition les différentes aviations militaires, les chasseurs modernes français de modèle Dewoitine D-510 furent surclassés par les Dornier-17 allemands, ceux-ci ayant battus ceux-là de plus de 54 km/h (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 67, et Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 22). De plus, Pierre Cot organisa une course aérienne Istres-Damas. La Dewoitine D-510 montra son infériorité face, cette fois, au bombardier italien Savoïa S-79 qui réalisa une vitesse moyenne de 427 km/h,  contre 402 km/h (Paul Bénazet, Notre sécurité, Editions Grasset, 1938, p. 66-67, et Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 22-23).
L’infériorité technologique est flagrante, et la France avait accumulé un retard important. Cependant, quelques personnalités politiques tirèrent la sonnette d’alarme.

Interpellations de parlementaires inquiets et l’opposition politique 

 

En 1932, la loi sur le recrutement a été modifiée et le service militaire pratiquement limité à dix mois. Le budget des armées pour la période 32-33 a été réduit de 20%, et le colonel Fabry, président de la Commission de l'Armée, déclarait déjà le 12 février 1933 à la Chambre : "Je maintiens que la Défense nationale est à l'heure actuelle compromise." Egalement, les manoeuvres ainsi que les cours et stages pour réservistes furent suprimés par mesure d'économie. De plus, la loi de finances de 1933 a prévu la suppression de 5.000 officiers. En deux ans, l'effectif des militaires de carrière tomba de 117.000 à 102.000. Conséquence, une partie de l'armée d'active n'existe qu'à l'état d'unités cadres. En parrallèle, du fait de l'arrivée des classes creuses (population qui vieillissait), le contingent tomba de 210.000 à 120.000 hommes. Mais lors de la séance du 19 décembre 1933, le ministre socialiste Léon Blum déclara à la Chambre : "Nous serons toujours contre la prolongation du service militaire [...] c'est une erreur de placer la sécurité d'une nation sans sa force militaire." 

Conscients de la faiblesse aéronautique française, certains parlementaires s'inquiétèrent. Le 26 janvier 1937, Paul Reynaud avait lancé l'idée d'un corps cuirassé, mais Edouard Daladier répondit par un refus le 2 février (Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 478). Le 19 mars 1937, la commission de l'Air au Sénat, qui avait entendu le rapport de Paul Bénazet, son président rédigea la motion suivante: "La commission de l'Air, inquiète du ralentissement de la production dans les usines aéronautiques, appelle l'attention du président du Conseil et du ministre de l'Air. Elle charge à l'unanimité son président de se faire auprès du Gouvernement l'interprète de l'émotion de la Commission."
De plus, en fin 1937, il déposa une demande d'interpellation. La discussion, qui n’était évidemment pas publique, eu lieu en février 1938 devant les Commissions de la Défense nationale, siégeant en séance secrète. Charles Reibel raconte que : "M.Daladier avait eu l'habilité, à la faveur d'un changement de Cabinet, de faire remplacer M.Pierre Cot par Guy La Chambre; et les Commissions ne purent qu'entendre celui-ci s'associer aux sévères critiques de M.Laurent-Eynac (contre l'incompétence de P.Cot) et qu'enregistrer les promesses chaleureuses du nouveau ministre." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, sd, p. 19). En parallèle, afin de rassurer les parlementaires, Guy de La Chambre mentionna une récente commande d'avions Curtiss faite aux USA. Cependant, ces livraisons furent "tardives et insuffisantes" (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p.10).

A la même période, un colonel promu sous-directeur de la fabrication des armements au ministère de la Guerre rencontra confidentiellement le député Jean Montigny, membre de la Commission de l'Armée à la Chambre. Après avoir expliqué la situation catastrophique qui régnait aux Armements (irrationalité dans l'organisation des différents départements, chevauchement des attributions, falsification des statistiques pour ne rien laisser paraître, ...) il termina en concluant : "Même si demain l'on change radicalement de méthode, même si l'on travaille à force, le retard actuel ne pourra se rattraper avant plusieurs années. Si nous sommes entraînés à la guerre avant trois ans, nous allons à un nouveau Sedan, plus rapide, plus désastreux encore que celui-ci de 1871" (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p. 102, et Le complot contre la paix, La Table Ronde, 1966, p. 155).
Le ministre Pierre Cot avoua son impuissance à mener un effort réel pour rénover sa flotte aérienne. Dans un livre paru en 1939, c'est-à-dire quelques mois avant la guerre, il admettait qu'en 1937, l'aviation française accusait un tel retard par rapport à ses voisins qu'il aurait pu démissionner. Mais il se justifia : "Le devoir était de rester, pour préparer l'armée de l'Air à la guerre de coalition, où notre infériorité relative se fondait dans la supériorité générale." (Pierre Cot, L'armée de l'Air, 1936-1938, Editions Grasset, 1939, p. 112). Alors il misa sur une "guerre de coalition" qui verrait les différentes aviations alliées s'épauler. Il expliquait que : "J'ai toujours eu en vue la guerre de coalition. J'ai toujours pensé que l'armée française de l'Air serait le cerveau de l'armée interalliée". (Pierre Cot, L'armée de l'Air, 1936-1938, Editions Grasset, 1939, p.121). Il rajouta : "J'ai choisi ma doctrine. Construire une Aviation militaire égale à celle de l'Allemagne? C'était un rêve, interdit à la France de 1936-1937,par son état démographique, son régime économique, son potentiel industriel et ses conceptions générales de la Défense nationale. Je n'ai pas voulu une doctrine appuyée sur des rêves ou des fantaisies. Mais trouver, en Europe, la flotte aérienne susceptible de faire, le cas échéant, échec et mat aux flottes de l'axe Rome-Berlin? Ici, nous n'étions plus dans le rêve." (Pierre Cot, L'armée de l'Air, 1936-1938, Editions Grasset, 1939, p.124-125). La France n'avait ni avions modernes et ni la possibilité d'en produire en masse, alors nous devions compenser cette faiblesse en prenant la tête d'une aviation interalliée. Cela explique pourquoi, en janvier 1938, lorsque Guy La Chambre remplaça Pierre Cot au ministère de l'Air, le nombre total des avions en ligne de la métropole n'atteignait que 700. En parallèle, les forces aériennes allemandes s'élevaient à 5 750 appareils, dont 2 850 de première ligne et 2 900 de deuxième ligne. De plus, les  types d'appareils à construire pour renouveler la flotte n'étaient même pas choisis! (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2). Pierre Cot espérait l’aide précieuse des flottes anglaises, russes et tchèques. Pourtant, dès 1936, l'ancien ministre de la guerre Jean Fabry connaissait les retards accumulés dans la production de l'armement, et avait prévenu que "l'aide immédiate que pourraient nous donner les Anglais serait insignifiante. Dans ces conditions, les risques que les évènements actuels nous conduiraient à courir serait bien supérieur, pendant les premières semaines, au secours que nous apporteraient les Anglais" (Raymond Recouly, Gringoire, 13 mars 1942, p. 3). L'aide anglaise était donc une illusion. A partir de septembre 1938, l'aide tchécoslovaque en devint une autre. Quant à celle de l'URSS, Raymond Recouly écrivit en 1940 : "Aucun homme de bon sens et de saine raison n'avait le droit de faire le moindre fond sur la Russie soviétique qui, par une intense propagande communiste en France, dont elle payait tous les frais, ne cherchait depuis longtemps qu'à nous diviser, nous affaiblir. Il fallait être atteint d'une véritable démence pour supposer que, du jour au lendemain, elle changerait son fusil d'épaule et combattrait vaillamment à côté d'un pays, dont elle avait sans cesse et avec une obstination diabolique, diminué la force, miné la résistance." (Gringoire, 10 octobre 1940, p. 1). Et de fait, fin août 1939, l'URSS fit volte-face ! Pierre Cot était donc davantage dans l’illusion que dans la réalité. Lors d'une interpellation, De la Grange avait lancé : "Je comparerai volontiers ce ministère à un de ces vieux biplans construits en dépit des lois de l'aérodynamique et qui comportaient tant de mâts et de cordes à piano que l'on arrivait pas, quelque puissant que fut le moteur, à augmenter leur vitesse, tant leur résistance à l'avancement était grande." (Jean Montigny, France, libère-toi !, Imprimerie commerciale de "La Sarthe", 1939, p. 183).

Charles Reibel s’alarma sur la situation de l’armée française. Il écrit : "La France n'a pas une minute à perdre; elle est placée aujourd'hui devant le dilemme le plus tragique de son histoire:

- ou bien elle va de suite appliquer de tous ses efforts et de tout son cœur à l'œuvre de salut,
- ou bien, suivant le mot de Balzac, elle n'a plus qu'à : "se coucher pour mourir" (Charles Reibel, Pourquoi nous avons été à deux doigts de la guerre, Librairie Arthème Fayard, 1938, p. 59-60). Cet appel ne fut cependant pas entendu.
De toute manière, il était bien trop tard pour surmonter son handicap en 1938. Montigny expliqua quelques mois après la crise tchécoslovaque : "Quand, en septembre dernier, on objectait à certains ministres bellicistes l'insuffisance de quelques matériels très importants, ils répondaient superbement: "Dans aucune guerre, la France n'a été vraiment "prête", elle se débrouille toujours. Le système D pouvait improviser la fabrication d'armes simples : le fusil de 1914,l'obus de 75. Mais pour faire démarrer la fabrication en grande série d'un avion ou d'un canon moderne, il faut environ deux ans. Souvent, il faut construire l'usine et les machines-outils nécessaires avant d'aborder la construction de l'arme proprement dite." (Jean Montigny, France, libère-toi !, Imprimerie commerciale de "La Sarthe", 1939, p.176). Montigny démontre très bien l’incompétence des politiciens à comprendre le danger allemand, qui avait une puissance militaire bien supérieure à l’armée française.
Le 16 novembre 1938, Guy La Chambre envoya une lettre confidentielle à Charles Reibel, dans laquelle il révélait que la flotte française de chasse ne comptait que 3% d'engins modernes, des Moranes 405/406 capables de voler à 488 km/h. Les autres avions ne dépassaient pas 393 km/h et le modèle le plus répandu, les Dewoitine 501 (28% de la flotte) volait à 359 km/h seulement. A cela, il faut ajouter 35 Potez 63 triplaces atteignant les 450 km/h. Au sein de la flotte de bombardement, la France, ne disposait d’aucun bombardier moderne en service, ni Lioré 45 (465 km/h), ni Amiot 350 (450 km/h), ni Bréguet 691 (490 km/h). La flotte comptait 28% de Bloch 131 (350km/h), les autres modèles ne dépassant pas 300 km/h. (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, annexe 2, p. 54-55). La situation de la France était donc tragique. En cas de lutte, elle se retrouverait "dès le second round...dans la situation du boxeur aveugle et à demi paralysé" (Jean Montigny, Le complot contre la paix, La Table Ronde, 1966, p.154).
Le 5 décembre 1938, une scéance entre ministres est consacrée au problème de l'achat pour 2 milliards et demi de 1000 avions aux Etats-Unis "dans le secret le plus absolu". Paul Reynaud indiquait que si les 1000 engins étaient livrés, il serait possible de "diminuer d'autant les commandes le nombre des appareils à commander à l'industrie française" (Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 477). Cependant, Guy de la Chambre est en complet désaccord avec le ministre des finances. Selon lui, les Américains ne livreront pas d'avions de coopération et de bombardement moyen. Par ailleurs, il explique que la France ne sortira de toute manière que 2000 avions sur les 3000 prévus. Il indiqua que "si nous annulons des commandes françaises pour le montant des livraisons américaines, celles-ci ne remplaceront pas ce que nous devions demander à une augmentation correspondant au rythme des fabrications." (Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 478). Il est dramatique de constater que la France qui possédait la première aviation durant la Grande Guerre n'était même plus capable de construire suffisement d'avions et doit demander de l'aide à l'étranger.
Malgré tout, les 8, 9 et 10 février 1939, c'est-à-dire sept mois seulement avant la guerre, s’organisèrent des réunions secrètes par les commissions sénatoriales de la Défense nationale. Guy La Chambre se voulait rassurant. Cependant, il trouva quelques opposants. L’un d’eux, Maroselli, ouvrit les yeux des élus sur l'effroyable retard de la France en matière d'aviation : "L'Allemagne possédait 5 000 avions modernes et l'Italie 2 000. Nous en avions 230, au lieu des 1 200 prévus. L'Allemagne sortait 600 à 700 avions modernes par mois, l'Angleterre, 300, la France, à peine 14 par mois en moyenne, c'est-à-dire 160 pendant l'année 1938. Ces chiffres concernent uniquement les appareils modernes, c'est-à-dire pouvant se comparer entre eux et de qualité sensiblement égale." (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 27). Charles Reibel, qui assistait aux réunions, écrivit plus tard : "Il est permis de dire que, malgré les assurances données avec autorité habilement nuancée de bonhomie par le président du Conseil et malgré les explications de M. Guy La Chambre, l'impression fut désastreuse, certains sénateurs pensaient même que le ministre de l'Air allait démissionner." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, sd, p. 12-13). Au moment de clore les débats, un communiqué officiel fut proposé. L'Assemblée le repoussa et, "n'accepta qu'un texte volontairement indolore et terne, tout juste ce qu'il fallait pour ne pas inquiéter l'opinion" (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, p. 13).

 

Enfin, le 7 mars 1939, Reibel envoya une lettre à Daladier dans laquelle on lisait : "Les indications que nous avons recueillies et qui confirment, en l'aggravant encore, l'opinion que chacun de nous pouvait se faire de notre situation dans le domaine de la guerre aérienne, m'ont causé une profonde angoisse et me laissent en face d'une cruelle crise de conscience. La situation est vraiment tragique, non seulement à cause de la déficience de notre aviation, mais encore en raison de l'insuffisance éclatante de notre DCA, pour ne rien dire de l'inexistence de notre défense passive. Je ne puis me résigner à laisser le pays vivre dans une sécurité trompeuse, qu'ont accrue les commentaires regrettables dont votre Gouvernement a laissé la presse entourer les communiqués, à dessein si prudents et si réservés du Comité secret." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, sd, p. 15-16).


Les gouvernements de la fin des années 1930 étaient parfaitement au courant de la situation de l’armée française. Pourtant, ils ne réagirent que très peu, et cela malgré l’opposition d’un certain nombre de leurs collègues. Cependant, certains généraux avaient tenté d’alerter les gouvernements bien-avant la fin des années 1930 (http://realite-histoire.over-blog.com/article-34234667.html).

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 23:10

Les positions des généraux

L’un des premiers généraux à exprimer la nécessité d’améliorer l’armement en France est Philippe Pétain. Dans les années 1910, il estimait déjà que les moyens mis en œuvre n’était pas suffisant pour la Première Guerre Mondiale, et exprimait déjà sa volonté d’avoir une armée davantage mécanisée (Philippe Pétain, Tactique d’Infanterie, 40e, Edition ISC, 51 rue du Paradis, 75010, Paris). Général en chef de l’armée à partir de 1917 (jusqu’au 9 février 1931), il écrit dans un mémoire du 5 janvier 1919 que 6 875 chars légers et de 435 chars lourds sont nécessaires à la défense du territoire. 3 075 chars doivent être utilisés en régiment de première ligne, 3 000 autres en réserve et à la disposition du commandant en chef, et 800 pour le remplacement des unités endommagées. Il écrit : "pour la prochaine mobilisation 6 785 chars constitués en arme autonome... [Il concède que] c'est gros, mais l’avenir est au plus grand nombre de combattants sous la cuirasse." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 339). Il exprime sa volonté de se tourner vers l'avenir et de ne pas s'enfermer dans le présent. Sur ce sujet, nous ne pouvons pas étudier la stratégie de l'Entre Deux Guerres du maréchal Pétain sans mentionner l'oeuvre Pétain : Le soldat 1914-1940 de Guy Pedroncini. Cet historien, spécialiste de la Grande Guerre, a été doyen de la faculté des lettres de l'université du Maine (Le Mans) et fut professeur à la Sorbonne. Pedroncini est l'un des plus grands connaisseurs de la stratégie souhaitée par Pétain pendant et après la Grande Guerre. Il a notamment prouvé que le général de guerre n'employait pas uniquement des tactiques défensives mais aussi des tactiques offensives, et cela notamment par la Directive n° 5 du 12 juillet 1918 : "La surprise tactique sera obtenue par la soudaineté du déclenchement de l'attaque, soit à la faveur d'une préparation par l'artillerie et l'aviation de bombardement aussi brève et aussi violente que possible, soit sans préparation à la faveur de l'action de rupture des chars d'assaut ouvrant la voie à l'infanterie et à l'artillerie. Le rôle de l'aviation est de la plus haute importance." (AFGG, 623-1928, document repris par Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 181 et 266-267). C'est exactement le même principe qui sera repris par Heinz Guderians, le concepteur de la fameuse Blitzkrieg, c'est-à-dire de la "guerre éclair". Ce même historien reprendra près de 80 sources afin de mieux comprendre les pensées du Maréchal vis-à-vis de l'armée française durant l'Entre Deux Guerres.
Par la suite, avec le soutien du général Buat, son chef d'État-Major entre 1919 et 1929, il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé, qui puisse de porter le combat le plus loin possible à l’intérieur du territoire ennemi, et cela dès les premiers jours de la guerre. En juin 1922, il obtient même la démission du maréchal Joffre de la présidence d’une commission d'étude portant sur l'organisation de la défense du territoire, commission crée quinze jours auparavant. Lors de l'inauguration du monument aux morts de l'Ecole Turgot, en juin 1921, Pétain déclarait déjà : "Notre ennemi est abattu, mais il guette de ses yeux haineux le premier signe de faiblesse de notre part pour répondre à la lutte. Veillons et restons forts. Notre ennemi travaille. Il sait que pour vaincre dans la guerre future dont il attend sa revanche, il doit s'installer d'abord solidement dans tous les domaines de l'activité humaine. Il perfectionne son organisation et son outillage pour assurer ses bases. Mais déjà dans les laboratoires et les bureaux d'études, il cherche avec opiniâtreté et méthode à appliquer à la guerre les derniers progrès de la science." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 297). Puis il expose sa vision de la guerre : "La guerre est l'épreuve suprême des peuples. Elle révèle clairement leurs forces et leurs faiblesses parce que tout concourt de nos jours à la lutte : la valeur morale des nations, leur solidarité sociale, leur organisation, leur volonté autant que les ressources matérielles." Et il lance ces phrases prophétiques : "La guerre future sera une guerre d'industrie et d'organisation. Je le crois mais attendons-nous au surplus à ce que la science, au service de l'ingéniosité des hommes, apporte dans les luttes de l'avenir plus d'imprévu encore que nous n'en avons constaté au cours des récentes hostilités. Soyons outillés matériellement. Soyons surtout des hommes à l'intelligence souple pour nous adapter rapidement à des situations insoupçonnées et pour résoudre, avant et mieux que nos rivaux, les problèmes qui surgiront." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 303-304).

Le 15 juin 1922, le Maréchal est au City Temple à Londres. A cette occasion, il va avertir : "La victoire tant attendue enfin couronna nos efforts. Mais nous avions espéré que, rentrés dans nos foyers, nous pourrions désormais sans arrière-pensée nous adonner aux travaux de la paix. La France ne veut dominer aucun peuple, mais elle ne veut pas non plus qu'on l'étouffe, et lorsqu'elle entend chanter par-delà le Rhin le Deutschand über alles, elle comprend la menace. Les discours agressifs, les articles de presse lui rappellent à tout instant que l'ennemi n'a pas désarmé. Devant un tel esprit l'indifférence serait un crime. La France ne désire aucune extension de ses frontières. Elle n'a pas hésité à réduire dans des proportions considérables ses charges militaires, mais il est un minimum en dessous duquel elle ne peut descendre sous peine de renoncer à l'intégralité de son territoire et au respect de ses droits." Selon Pedroncini, il s'agit d'une mise en garde à destination du gouvernement français (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 297-298).
Au moment de l'inauguration du monument aux morts à Vienne, le 9 septembre 1923, Pétain prononce un nouveau discours et se fait déjà insistant : "Regardons au-delà du Rhin. Chaque jour les renseignements qui nous parviennent nous montrent un peuple aveuglé par l'orgeuil qui n'accepte pas sa défaite et reste dominé par l'impérieuse volonté de revanche. Nos ennemis d'hier, profitant des dissensions inévitables entre Alliés, récusent maintenant la signature qu'ils ont apposé au bas du traité de paix. Grâce à des manoeuvres financières frauduleuses, ils prétendent se soustraire aux réparations légitimes. Et pourtant ce ne sont chez eux que des constructions nouvelles et usines en pleine activité... Le matériel, fusils, canons, avions que nos commissions de contrôle l'empêchent ou plutôt l'empêchaient de fabriquer chez elle, l'Allemagne les construit en Russie, en Hollande, en Lituanie. Son armée nationale imbue de l'esprit impérial et doublée des forces de police devient un instrument militaire de plus en plus redoutable, car cette armée est une pépinière de gradés, parfaitement instruits, capables d'encadrer la nation. [...] Partout est prêchée la revanche et la haine : sus aux Français qui foulent les provinces allemandes ! Et dans ces provinces allemandes on englobe naturellement l'Alsace et la Lorraine. Devant ce danger sans cesse grandissant, serrons les rangs et soyons unis comme nous l'avons été pendant la guerre. Et le maréchal demande aux anciens combattants de "servir de guides aux jeunes générations"." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 298).
Lors de la séance du Conseil supérieur de guerre du 15 décembre 1925, il se montre davantage favorable à la mise en place de môles défensifs sur les voies d’invasion. Lors de la séance du 19 mars 1926, le maréchal Foch s’oppose à Pétain car il estime que ce dernier accorde trop d’importance aux chars. Cependant, le Maréchal conseil et obtient l’étude de trois prototypes de chars (léger, moyen et lourd). Malgré tout, il finira par s'incliner et accepter la construction d’une ligne défensive. Par ailleurs, la majorité des généraux de l’époque s’opposaient à la stratégie de Pétain. André Maginot, le ministre de la guerre qui a donné son nom à la ligne défensive, déclara lors du débat parlementaire du 28 décembre 1929 : « ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre ». La Ligne Maginot est donc construite, malgré l’opposition de Pétain. L’une des rares personnalités qui va dans le sens du Maréchal est Georges Clemenceau. Quelques jours avant sa mort, survenant le 24 novembre 1929, il s’exclamera : "Dans cinq ans, dans dix ans, quand ils voudront, les Boches entreront chez nous ".

En parallèle, le Maréchal continue à avertir la population du danger allemand. Le 18 septembre 1927, à l'inauguration de l'ossuaire de Douaumont, il lance un nouvel avertissement : "La victoire ne s'improvise pas [...] Sans préparation morale et matérielle, les épreuves qui sont inévitables dans la vie d'un peuple ne sauraient être acceptées de leur plein gré par les citoyens et abordées avec confiance... Ce ne serait pas en nous éloignant des principes d'ordre, encore moins en glissant aux doctrines dissolvantes que nous préparerions les générations futures aux difficultés de l'avenir. L'esprit de Verdun qui a suscité de si grandes actions doit rester le fondement de notre vie sociale et l'inspiration du devoir militaire." Comme le dit si bien Pedroncini : "On retrouve ici les préoccupations du maréchal Pétain concernant l'éducation, et la volonté de placer la bataille de Verdun comme le symbole de l'effort." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 297-298).
De plus, la question belge le préoccupait déjà dès la fin des années 1920. En effet, il ne souhaitait pas que la Belgique se retrouve dans la même situation qu'en 1914. Il expliqua : "Evitons de voir l'avenir trop sombre et proclamons, après tant de sacrifices, notre légitime espérance d'une paix honorable et prolongée. Mais ne nous endormons pas dans la confiance ! La situation dans laquelle la Belgique s'est trouvée placée dans la dernière guerre a eu trop de précédents dans l'histoire. Quels que soient les accords internationaux qui puissent intervenir dans l'avenir, nous savons qu'ils ne suffisent pas toujours à mettre les frontières à l'abri d'une agression. Veillons à préparer la concordance de nos efforts... Nous ne pous pas oublier que Liège, Namur et Verdun sont sur la Meuse les bastionsd'une même ligne de défense." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 304-305).
Lors d'un discours prononcé à Lyon, il insiste sur l'évolution de la technologie militaire : "La guerre moderne ne souffre pas les improvisations. Les progrès de l'armement ont transformé le champ de bataille en une immense usine où s'affirme le rôle prépondérand de la technique." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 305).

Le 22 janvier 1931, l'Académie française accueille Philippe Pétain au fauteuil du maréchal Foch (mort en 1929). L’intellectuel Paul Valéry le reçoit et fait le discours de réception retraçant sa biographie. Il rappelle et développe une phrase sur laquelle Pétain insistait : « le feu tue », et évoque quelques innovations en matière militaire : « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre ». Il évoque quelques principes stratégiques, mais aussi les désaccords entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède, mais après avoir soumis le texte au général Weygand (n'oublions pas que Foch et Pétain ne s'appréciaient pas, tandis que Weygand connaissait bien Foch pour avoir été son bras droit).

Le 9 février 1931, Pétain est remplacé par le général Weygand au poste de commandant suprême de l’armée, et est nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire. Le 2 décembre 1931, il écrit à Pierre Laval, alors président du Conseil, pour lui demander "la constitution d'urgence d'une aviation de défense et d'attaque puissante", indépendante de l’armée de terre et de la marine. Pour cela, il conseille de prélever 250 millions de francs sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot. A travers un article paru dans la Revue des Deux-Mondes dans ce même mois, il dénonce la "flagrante infériorité de la flotte aérienne française" et rappelle une nouvelle fois la nécessité de "constituer d'urgence une aviation de défense et d'attaque puissante".

A Douaumont, Pétain envoie un nouvel appel à la classe politique française le 7 août 1932. Cet avertissement est encore plus retentissant que les précédents : "Le sublime élan de dévouement envers la collectivité nationale a trop souvent fait place aux calculs égoïstes des intérêts particuliers. Pour résoudre les difficultés de l'heure présente, pour faire triompher nos vues sur le terrain des négociations internationales, il importe que la France montre une résolution unanime. L'heure est grave en effet ... Nous avons rêvé de paix et de collaboration entre les peuples, nous avons cru que les engagements solennellement souscrits suffiraient à garantir l'ordre établi, et voici que la notion fondamentale du respect des contrats s'effrite, que la bonne foi [...] se dérobe et que l'Europe reste divisée. [...] Mais il serait vain de consentir les sacrifices nécessaires à notre sauvegarde si nous laissions notre organisme national s'épuiser sous les rudes incidences économiques du moment. Une crise sans précédent ébranle le monde et menace jusque dans ses fondements notre civilisation. [...] Dans les moments d'angoisse ou d'incertitude qui font vaciller les plus fermes dessins, tournons nos pensées vers ce "soldat de Verdun" dont la vertu semblait sans limites, nous puiserons en lui la notion et la volonté de l'accomplir." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 299). Dans ce même discours, il précise que "de dures expériences ont convaincu les soldats de la faiblesse de l'homme en face de la prodigieuse puissance du matériel." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 306).
A l'occasion du 17ème anniversaire du déclenchement de l'offensive allemande sur Verdun, le 21 février 1933, Pétain déclare : "Au contact des réalités, l'enthousiasme s'atténue, l'homme réfléchit. Dans la bataille moderne, il s'aperçoit qu'il n'y a point de victoire possible si les troupes ne sont pas suffisamment armées, instruites, commandées." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 306).
Le 9 février 1934, le Maréchal est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement de Gaston Doumergue, fonction qu’il occupe jusqu’au 8 décembre 1934
. Il a accepté le portefeuille de la Guerre à la condition de pouvoir coordonner les trois ministères militaires : la Guerre, la Marine et l'Air. Il manifeste ainsi son soucis constant de la coordination dans la préparation à la guerre, aussi bien que dans la conduite des opérations. Cependant, il va devoir faire face aux restrictions budgétaires consacrée à l’armée. Dès le 26 mars, il demande l’adoption du char B1 dont il avait fait faire des prototypes pendant son commandement. Le même jour, il décide aussi l’adoption du char D2 et de l’étude d’un char léger. Par ailleurs, Pétain était soucieux de la formation des officiers supérieurs, et ordonne que tous les postulants de l’École supérieure de la guerre effectuent des stages préalables dans des unités de chars et d’aviations (Journal Officiel, 4 mars 1934).

Le 31 mai 1934, il est convoqué devant la Commission des finances et renouvelle ses réserves sur l’efficacité de la ligne Maginot. Il explique ce qu’est pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, mais l’essentiel reste une armée puissante sans laquelle elle n’est qu’une fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour l’offensive ou la contre-offensive. Il indique à la Commission des finances : « la ligne Maginot ne met pas à l’abri d’une pénétration de l’ennemi, si l’armée n’est pas dotée de réserves motorisées aptes à intervenir rapidement. » Néanmoins, il soutient le principe de cette ligne. Malgré tout, le Maréchal ne pensait pas que la ligne Maginot devait s’arrêter à la frontière belge. Il n’oublia pas ces graves erreurs lorsqu’il fera juger les responsables de la défaite en 1941, en imputant celle-ci essentiellement aux politiciens, même si nous savons très bien que les autorités gouvernementales avaient aussi suivi les orientations stratégiques de certains généraux.

Le 15 juin 1934, Pétain obtient un crédit supplémentaire important de 1 275 milliards de francs pour la modernisation de l’armée. La veille, il prononce un discours à la Chambre des députés et détaille brièvement les futures dépenses du crédit accordé le lendemain :
- 395 millions seront employés à l'achèvement de travaux en cours et pour la construction de casernements à proximité des ouvrages, dont 292 millions de francs seront destinés à l'organisation défensive de la frontière du Nord
- 880 millions seront utilisés pour des dépenses diverses, comme la conception des chars et des avions
A cette occasion, il insiste également sur la nécessité de na pas diminuer les crédits accordés, et cela pour deux raisons : pour empécher l'arrêt des travaux ; afin d'éviter l'interruption des contrats de main-d'oeuvre, ce qui pourrait engendrer le licenciement de 15 000 ouvriers (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 413-415).

Malgré tout, le ministre Pétain se heurte aux difficultés économiques du pays et le Président du Conseil Gaston Doumergue envisage de baisser le crédit accordé au ministère de la guerre. A l'occasion du Congrès des officiers de réserve, organisé le 22 juillet 1934, le Maréchal tire la sonnette d'alarme : "Vous saurez conduire votre troupe au feu comme vous l'aurez fait à la manoeuvre, aptes dès la première heure à en obtenir un rendement utile dans les conditions de surprise et de brutalité qui marqueront le début des conflits futurs. Car il importe de le rappeler, la Nation tout entière est appelée à participer au danger et le paysdoit être prêt à subir sur l'ensemble du territoire la terrible épreuve d'une attaque brusquée." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 310).
Le 19 août 1934, le Maréchal inaugure le monument de Charmes. Il profite de l'occasion pour faire un nouveau discours et revient sur les erreurs de la Grande Guerre. Il rappelle notamment les retards accumulés lors de la mise en place de l'offensive de Lorraine qui était finalement prévue le 14 novembre 1918, mais que l'armistice du 11 empècha sa réalisation. Il explique : "Après quatre années de lutte sans précédent, le dénouement de la guerre paraît devoir s'accomplir sur ce même terrain de Lorraine, témoin de nos premiers efforts. Mais l'ennemi a pressenti et mesuré le danger : il se dérobe aux conséquences d'une capitulation en signant l'armistice. Le général de Castelnau qui, en 1914, avait barré la route à l'envahisseur à Charmes et au Grand-Couronné, était privé de la joie du triomphe. [...] En matière d'art militaire, il est dangereux d'ériger en système les résultats d'une expérience même heureuse. Les données de la guerre comportent trop d'éléments changeants, imprévus, parfois impondérables. C'est au chef qu'il appartient d'en discerner à tout instant la valeur pour en déduire la forme de sa manoeuvre." Enfin, il termine son discours tout en regrettant l'affaiblissement des liens franco-italiens, qui avaient pourtant porté leurs fruits durant plusieurs bataille de la Première Guerre mondiale (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 311-312).
Le 27 octobre 1934, Pétain parvient à convaincre Louis Germain-Martin, ministre des finances, de signer le "Plan Pétain" prévu pour 1935. Ce plan prévoyait la construction de 60 chars lourds, de 300 chars moyens et de 900 chars légers. Deux jours plus tard, il remet une déclaration auprès de la Commission des Finances de la Chambre des députés, et insiste sur la nécessité d'un effort financier pour appuyer le "Plan Pétain" (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 415-416). Mais la chute du gouvernement en décembre retardera la mise en place de ce projet de plusieurs mois. De plus, le Maréchal est remplacé par le général Maurin, partisan des chars lourds et lents. Au même moment, il est l’un des premiers à dénoncer publiquement "le péril hitlérien", par l’intermédiaire de la Revue des Deux-Mondes. Dans ce même numéro de décembre 1934, il rappelle "la faiblesse de l’armée française". Deux mois plus tard, dans ce même magazine, cette fois-ci dâté du 15 février 1935, il écrit : "Il est indispensable que la France possède une couverture rapide, puissante, à base d’avions et de chars". Le 1er mars, dans une nouvelle intervention dans la Revue des Deux-Mondes, il déclare : "Notre système militaire actuel remonte aux années 1927-1928" et précise que : "Loin d'être matériellement désarmée, l'Allemagne dispose maintenant de forces militaires imposantes, susceptibles d'être mises sur pied très rapidement. Ainsi le rendement de notre système militaire ne répond plus aux conditions que nous impose le réarmement du Reich." Dans ce même article, il indique : "Le réarmement de l'Allemagne est un fait accompli. [...] Enorme accroissement des forces actives, armée et aviation ; possibilités grandissantes d'attaque brusquée, tels sont les traits nouveaux qui caractérisent l'évolution la plus récente de la puissance militaire allemande. [...] Au cours de l'année 1935, l'armée permanente du temps de paix comptera au minimum un effectif de 400 000 hommes, au lieu des 100 000 prévus par le traité. Son organisation, primitivement fixée à Versailles à sept divisions d'infanterie, va en compter vingt et une. A l'armée active proprement dite s'ajoutent les formations de la police encasernée, c'est-à-dire strictement militarisée, comptant à elle seule 180 000 hommes et bientôt 200 000, au lieu des 35 000 hommes consentis. Au total, les forces actives en temps en paix s'élèveront au cours de l'année 1935 à 600 000 hommes prévus,soit un chiffre quatre fois et demie plus fort. [...] De toute évidence, nos forces militaires actuelles sont calculées en fonction d'une puissance militaire allemande différente de celle d'aujourd'hui. Le déséquilibre qui existe dès maintenant à cet égard entre la France et l'Allemagne rique de devenir tragique à partir de 1936." (article repris dans Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 295-314).

Toujours en 1934, il rédigea la préface de l'ouvrage du général britannique Ashmore, intitulé Défense anti-aérienne (Payot, 1934). Les propos portent sur l'avenir de l'aviation et sont quasiment visionnaires : "L'aviation offensive porte dans ses flancs des possibilités insoupçonnées qu'il y a péril mortel à méconnaître. Dans son domaine, l'air, qui ne peut être barré comme on barre la terre et la mer, elle domine tous les autres théatres en plus des actions sur les arrières, actions qui lui sont propres [...] L'aviation boulverse les notions admises jusqu'ici comme évidentes ; elle oblige à remettre en cause les organisations anciennes [...] Que ne peut-on attendre d'un engin qui peut intervenir dans les batailles terrestes, dans les batailles navales, dans la défense aérienne du territoire et dans l'attaque du sol ennemi ? La vitesse prodigieuse des engins aériens lui permet de passer comme la foudre d'un domaine à l'autres, et d'agir partout à la fois. L'aviation rétrécie le monde. Elle contribue pour beaucoup à ce changement d'échelle, annoncé par Paul Valéry. Elle oblige à des boulversements profonds dans la constitution des forces armées, et dans l'organisation de l'Etat. Elle est la plus puissante défense du pays."
En 1935, Pétain devait participer à une conférence à Bruxelles portant sur l'évolution de l'art de la guerre et son avenir. Cet évènement était destiné aux Amis de la langue française et aux Conférences cardinal Mercier. Cependant, il a été contraint d'y renoncer pour des raisons diplomatiques, mais le texte du discours fut préservé. Le général Conquêt avait publié quelques extraits dans son oeuvre Auprès du maréchal Pétain (p. 154-155). Quant au texte intégral, il avait été communiqué par le fils du général Montjean au colonel Perrier-Cornet en 1988. Ce dernier confia le précieux document à Guy Pédroncini qui publia quelques passages à travers son Pétain : Le soldat 1914-1940. Selon l'historien, le Maréchal voulait mettre en avant les expériences et erreurs du passé, et constatait que les humains n'ont "jamais tenu compte du capital d'expérience amassé par leurs devanciers" et qu'ils sont "toujours retombés dans les mêmes ereurs et les mêmes incertitudes". Il souhaitait mettre en valeur l'apprentissage de l'histoire afin d'y trouver "d'utiles leçons", même si chaque conflit engendre "une énigme nouvelle ". L'histoire ne fournit pas de "recettes pour vaincre" mais il permet "quelques anticipations sur les formes nouvelles de la guerre". Puis il insistait sur le fait que "matériel, volonté, intelligence dominent toute action guerrière", que la science et le courage "ont toujours été indispensables", et cela "au regard de l'importance croissante qu'ont prise au cours des âges les conditions matérielles". Et il affirme "que la situation des matériels mis à la disposition des combattants détermine la physionomie propre de la guerre et que le perfectionnement incessant des moyens entraîne une évolution continue de l'art de la guerre." Toujours d'après ce même document, il voulait faire une étude sur l'évolution de l'art de la guerre  en fonction de l'armement, et cela depuis Alexandre le Grand jusqu'à la Grande Guerre, en soulignant un profond changement au XIVème siècle avec l'apparition de l'arme à feu. Il ne souhaitait pas passer à coté de Napoléon qui "porte au plus haut degré l'art militaire et exploite avec une incomparable habilité toutes les possibilités de son temps." Il voulait mettre l'accent sur le XIXème siècle qui symbolisait l'apparition "de profondes transformations dans le domaine du matériel", notamment le fusil et le canon à tir rapide qui "boulversent les conditions du combat. L'efficacité destructrice du feu exclut du champ de bataille les formations serrées." Enfin, il définissait la Grande Guerre comme le grand tournant tant attendu : "C'est le monde presque tout entier qui met les armes à la main. L'enjeu est d'importance. L'avenir même de l'humanité est en cause : d'un côté c'est la Haine et la Violence, de l'autre la Liberté et le Droit." Il ajoute que : "Sans doute l'offensive seule peut apporter des résultats décisifs : encore faut-il en avoir les moyens", définissant la percée comme "une illusion". Pour vaincre définitivement, il faut épuiser les réserves de l'ennemi. C'est ce qui s'est passé en 1918, mais elle "n'a été possible que grâce au char blindé, instrument qui se rit des mittrailleuses et des défenses accessoires, et qui permet les foudroyantes et les pénétrations profondes", et que c'est "l'apparition de ce nouvel engin qui rend l'avantage à l'assaillant et met fin en quelques mois aux hostilités de quatre ans." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 307-308). Pédroncini précise que le général Montjean regrettait que cette conférence du maréchal Pétain n'ait pas été prononcée, car cela aurait empéché les préjugés mensongés selon qui inventait un Maréchal n'accordant q'une faible importance à la technologie. Il y a pourtant suffisement de preuves pour démontrer le contraire. Beaucoup ont oublié que ce simple homme avait prédit la stratégie employée à l'avenir par les armées évoluées, et par extension la débâcle de 1940 :
"Il n'est malheureusement pas déraisonnable d'imaginer un agresseur résolu menant ses opérations dès le début avec une telle rapidité qu'elles anéantissent les premières forces militaires de son adversaire, paralysant sa mobilisation, détruisent les organes vitaux de sa puissance économique, étouffent toute velléité de résistance. Les instruments d'une pareille guerre existent. Sans tenir compte des moyens que le progrès de la chimie, de la bactériologique ou de l'électricité laissent entrevoir, il y a dès maintenant l'engin blindé et l'avion.
L'engin blindé automobile a donné la mesure de sa valeur en 1918. Sa puissance, sa rapidité de déplacement, sa résistance aux projectiles n'ont fait que s'accroître.
L'avion
[...] est en train de se tailler une part prépondérante dans le domaine guerrier." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 307-308).
Le 6 avril 1935, le maréchal Pétain remet la légion d'honneur à l'Ecole supérieure de la guerre. A cette occasion, il prononce un discours devant le président de la République Albert Lebrun, et dévoile sa stratégie qui demeure opposée à celle de Maurin : « l'apprentissage de la guerre doit s'inspirer de la connaissance des faits, dont l'Histoire fournit la base. [...] L'art militaire est le plus mouvant de tous les arts. Il serait facheux de se figer dans l'étude du passé sans jamais interroger l'avenir... L'école de guerre doit apporter dans ses recherches un esprit résolument ouvert aux problèmes modernes. Sous peine d'être surpris et de subir le système de guerre de l'adversaire, il importe dès maintenant d'avoir une doctrine. Cette doctrine doit faire une place raisonnable aux facteurs moraux et intellectuels qui restent des éléments permanents de l'action. Mais elle doit aussi s'appuyer sur l'étude des propriétés de l'armement qui de tout temps ont régi les formes de combat. La mitrailleuse, le canon lourd, le char et l'obus à gaz ont boulversé la tactique. Tout en restant attentif aux transformations que les progrès de la chimie, de l'électricité ou de toute autre science, il est nécessaire de tenir le plus grand compte des perspectives ouvertes par l'engin blindé et par l'avion. L'automobile, grâce à la chenille et à la cuirasse, a conquis droit de cité sur le champ de bataille et y met la vitesse au service de la puissance. Les unités mécanisées sont capables de donner aux opérations un rythme et une amplitude inconnus jusqu’ici. L’avion, en portant la destruction jusqu’aux centres vitaux les plus éloignés fait éclater le cadre de la bataille limité autrefois à la portée des coups de l'artillerie et modifie les conditions de l'action stratégique. [...] On peut même se demander si l’avion ne dictera pas sa loi dans les conflits de l’avenir. On ne comprendrait donc pas que cette arme, dont la puissance et le prestige s'accroissent de jour en jour, ne fut pas l'objet dans cette école d'une école approndie. En fait, la victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action à quelque plan que ce soit pour anéantir les moyens de lutte de l'adversaire. » (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 423-428 et Guy Pédroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 312-313). Malgré tout, les hommes au pouvoir à cette époque ne tiendront pas compte de cette réflexion. Pétain était certain que la Seconde Guerre Mondiale était proche, tandis que d’autres le riront au nez, tout en s’accrochant à l’illusion d’une paix durable. A cette époque, le général Sikorsky publia son livre La Guerre moderne (Berger-Levrault, Paris, 1935). Le Maréchal participa à la rédaction de sa préface. Il écrit d'abord pour l'aviation "un rayon sans cesse croissant". Puis il explique que les éléments terrestes devront être "motorisés et mécanisés", et précise que
 « Les possibilités des chars sont tellement vastes qu’on peut dire que le char sera peut-être demain l’arme principale. » Puis il ajouta que : "L'utilisation de ces forces nouvelles, en combinant les unes avec les autres, posent des problèmes nouveaux, délicats et complexes d'organisation et d'emploi tactique. Favorisant l'attaque brusquée et les actions de surprise, ces progrès sont de nature à ouvrir de nouvelles voies à l'art de la guerre."
Afin d'unifier les forces armées de la France, il crée le Comité permanent de la défense nationale en 1936. Ce comité réunira divers généraux jusqu’en 1939, et Pétain assiste régulièrement aux séances. L’objectif était de préparer la France à la guerre : "une nation doit avoir, dès le temps de paix, une organisation permanente, fortement centralisée, qui assure l'unité de direction pour tout ce qui touche à la préparation des forces nationales [...] L'Air doit soit collaborer avec les autres armes, soit agir isolément pour porter la guerre chez l'ennemi ; cependant, les actions des trois armes doivent être coordonnées et il faudra, par conséquent, un commandement unique [...] Je ne demande pas un chef unique pendant la paix, mais pendant la guerre [...]". Pour lui, il faut établir cinq points: "Etablissement du plan de défense de l'Etat et des plans de campagne correspondant aux diverses hypothèses ; Orientation de la doctrine de défense nationale en fonction de l'évolution de la technique et arbitrage entre les thèses divergeantes; répartition générale des effectifs et des crédits de défense nationale ; mise en harmonie des programme d'armement; impulsion donnée aux recherches techniques s'inspirant des besoins communs aux forces terrestres, navales, aériennes." Il conclu par : «dans le domaine militaire, l’unité de commandement en vue de la coordination des moyens est à la base du succès.» (maréchal Pétain, Défense nationale et Commandement unique, Revue des Deux Mondes, 1er mai 1936, puis repris dans Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 315-327). Il applique cette réflexion à l’ensemble de la défense nationale. Cela inclut les servitudes géostratégiques de la France, puissance à la fois continentale, maritime et coloniale, pour justifier la centralisation du commandement. Ensuite, il faudra créer un ministère de la Défense nationale chargé de la coordination des hautes questions des forces armées, avec un chef d’état-major général de la Défense nationale qui, lors de la mobilisation, doit être investi de la direction générale de l’ensemble des théâtres d’opérations. 

Le maréchal Pétain émet plusieurs critiques contre le manque de volonté de la classe politique à investir dans l'armée française, et évoque des insuffisances dans tous les domaines. Le 4 octobre 1936, il lance un discours à Saint-Quentin et prononce cette célèbre phrase : "La conception de l'armée défensive qui a prévalu en France à la suite du traité de Versailles a fait son temps." A cette occasion, il évoque la situation internationale et se dit favorable à un resserrement des alliances face au péril allemand. Il mentionna l'amitié qui le lie avec John Persching et son admiration pour les Etats-Unis, puis mentionne sa volonté de préserver les relations avec la Grande-Bretagne (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 302).
La revue Sciences Politiques avait publié une conférence qui devait être prononcée par le Maréchal le 3 février 1938, à l'ouverture du cours de Défense nationale à l'Ecole libre des Sciences Politiques, devant plus de 800 élèves et devant des membres du conseil d'administration de l'école. Il insiste sur le fait que "L'art militaire est en perpétuelle évolution." et ajoute que "Ce sont les propriétés techniques des armes qui fixent le caractère des guerres." (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 328-341).

Malgré ses interventions, Pétain sera peu suivi. Parmi les officiers qui le soutiennent, il y a notamment deux de ses anciens élèves à Saint-Cyr, Alphonse Juin et Charles de Gaulle. D’ailleurs, ce dernier écrira trois livres sur l’armée française : Le fil de l’Epée en 1932, Vers l’armée de métier en 1934 et La France et son armée en 1938. Il reprendra les mêmes suggestions que Pétain en matière militaire, même si quelques différences demeuraient entre les deux hommes.

Par ailleurs, il faut savoir que le Maréchal se montrait déjà sceptique en 1936 sur la capacité de la France à pouvoir combattre face aux Allemands. Pour preuve, une lettre envoyée au général Héring et datant du 7 janvier 1937, qui démontre son état d’esprit sur de possibles menaces :

"Mon cher Héring,
Cette fin d’année (votre lettre est datée du 30) ne vous apparaît pas gaie.
Vous avez pour cela deux raisons, la santé de madame Héring et l’état général de nos affaires militaires, et vous êtes bien placé pour sentir la gravité de ces dernières.

L’Europe entière est dans l’attente des oracles qui vont sortir du prophète de Berchtesgaden. Voilà où nous en sommes 19 ans après avoir tenu dans nos mains le peuple qui nous menace aujourd’hui, à notre merci.
Rien ne sert de récriminer, il faut se préparer à se battre de nouveau – sursum Corda !

En toute affection… meilleurs vœux de guérison pour madame Héring
Ph. Pétain" 
Le 26 mai 1938, le Maréchal prononce un discours au Congrès de l'Union nationale des Combattants. Il rappelle la défaite française de 1870 face à la Prusse, puis le redressement de la France lors de la Grande Guerre. Mais il ajoute : "La victoire aurait-elle changée de camp ? Les clauses du traité de 1919 ont été déchirées par l'Allemagne, l'un après l'autre. Ce qui nous en reste, aussi appréciable que ce soit, ne constitue plus qu'une victoire mutilée. Sans avoir recours à la force des armes, l'Allemagne s'est assurée en pleine paix des avantages matériels qu'elle n'aurait pu obtenir en d'autres circonstances qu'après une campagne militaire victorieuse. Notre prestige en a souffert. Notre force militaire, restée cependant intacte, a perdu la par comparaison avec celles d'autres peuples voisins, une partie de sa puissance. Nous nous trouvons en présence d'une situation sérieuse. Notre avenir est menacée." (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 433-436). Il averti encore les français du danger le 20 novembre 1938 à Metz, à l'occasion d'un banquet pour le 20ème anniversaire de l'entrée des troupes françaises dans la ville. Il se montre extrêmement pessimiste : "En examinant froidement les faits, je suis forcée de constater que nous avons laissé échapper la plupart des avantages de notre victoire. Les Français, oubliant que la grandeur d'un pays n'est faite que de la somme des efforts personnels, se laissèrent entraîner vers la jouissance et les appétits matériels. L'union réalisée devant le danger s'évanouit dans le bien-être, et chacun reprit ses habitudes égoïstes du temps de paix. C'est pourquoi l'avenir si beau en 1918, vous apparaît maintenant sous des couleurs plus sombres." (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 436-441).
Enfin, juste avant la guerre, un conflit opposa Pétain à Gamelin. En effet, en janvier 1939, le Maréchal déclare à Science Po : « Comme les armements terrestres et maritimes ont été très peu modifiés depuis 1918, on pourrait en déduire que les caractères de la guerre future seront, au début, les mêmes que ceux de la guerre passée. Il n’en sera pas ainsi parce qu’il s’est produit un fait nouveau considérable, de nature à bouleverser les conditions de la guerre future. Le fait nouveau, c’est l’apparition de l’avion et sa participation à la guerre ». le général Gamelin n'était pas contre la modernisation de l'armée puisqu'il dira le 5 décembre 1938 : "Il faut augmenter l'aviation [...] mais un accroissement des forces terrestres s'impose. Or on est à la limite des crédits [...] pour l'achat de matériel neuf. Car nous avons des prototypes d'engins blindés, et il faudrait accélérer la sortie des matériels de série. Dans un pays à faible natalité, il faut des engins de guerre très moderne." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 478). Auparavant, il avait même demandé à Daladier la création de trois divisions le 10 mai 1938, puis de trois divisions cuirassées avec deux autres en réserve le 21 mai de la même année. Daladier rejeta ces demandes et n'accepta que deux divisions cuirassées de réserve prévues pour octobre 1940 (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 479). Mais, lors d'une réunion du CPDN des 24 et 25 février 1939, Gamelin répondra bêtement à Pétain : « Que peut l’aviation contre des hommes enterrés dans des tranchées étroites » (Citation déformée par Jean-Baptiste Duroselle dans La Décadence, p. 395, puis reprise par Guy Pedroncini dans Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 310). Si Gamelin n'était pas dénué d'une bonne volonté à moderniser l'armée, ce chef des forces françaises était encore enfermé dans ses stratégies de la Grande Guerre. En parallèle, voici la pensée de Pétain vis-à-vis d'une future attaque ennemi : "Tout à coup l'agresseur passera à l'intimidation aux actes. Sous la violence déchaînée de ses attaques, il faudra courrir aux frontières, défendre le ciel et en même temps continuer et intensifier les travaux de la paix, veiller sur les moissons, repreupler les usines vidées par l'appel aux armes ; conserver une volonté froide et lucide au milieu du boulversement des esprits. La Nation devant la brusque révélation de la réalité frissonnera. Les épreuves sembleront trop lourdes, les victimes trop nombreuses, les mesures de défense insuffisantes. La masse encline aux mouvements irraisonnés penchera peut-être vers le découragement et la capitulation et se tournera vers ses chefs, implorant d'eux un réconfort et une direction. C'est de leur énergie, de leur prestige que dépendra en définitive le sort du pays." (Guy Pedroncini, Pétain : Le soldat 1914-1940, Perrin, 1998, p. 310). Il est frappant de constater à quel point l'attaque allemande était annoncée par le futur chef de l'Etat.

Le Maréchal n’est pas le seul à demander un plus grand effort dans le réarmement de la France. Le général Vuillemin, chef d'Etat-Major à l'armée de l'Air, avait réalisé un d'un voyage d'études en Allemagne. Il y rencontre le maréchal Göring, qui lui montra des prototypes et des usines à énorme capacité de fabrication. Très affecté par ce qu’il avait observé, il tenta d’alerter les politiciens au pouvoir : "J'ai dû prévenir les présidents du Conseil, Blum et Daladier, que si la guerre
éclate, au bout de quelques heures, notre aviation démodée aura été anéantie." (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p. 102).

En septembre 1938, c’est-à-dire au moment de la crise tchécoslovaque, ce même général Vuillemin déclara à Edouard Daladier : "Monsieur le président, si la guerre éclate, je vous demande d'être relevé de mon commandement et d'aller me faire tuer dans un avion de bombardement au-dessus de Berlin." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, p. 13). Ces propos furent rapportés à Reibel par Daladier lui-même le 10 février 1939.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères Georges Bonnet craignait un débordement de la part des opposants politiques qui souhaitaient à la guerre. Lors d’un entretien avec de députés partisans d'une solution négociée, il s’exclama : "Ils sont fous. Vous, à la Chambre, faites l'impossible pour arrêter cette guerre, nous irions au désastre, cette guerre serait un crime!" (Jean Montigny, La Défaite, Editions Grasset, 1941, p. 104). Ce même Bonnet va demander une réunion au ministère de la guerre, qu’il obtiendra le 23 août 1939. Mais Gamelin et La Chambre osèrent affirmer que l'armée de terre et l'armée de l'air étaient prêtes, et m’émirent que quelques réserves. Reprenant la doctrine de Pierre Cot, Guy La Chambre d'invoqua l’aide de l'aviation anglaise, mais les parlementaires n’en savaient rien. En effet, Paul Rives, rapporteur du budget de l'air, tenta vainement d'obtenir des renseignements sur l'aviation anglaise, mais nos « alliés » ne souhaitaient pas donner d’information sur le nombre d’avions qui pourraient seconder l’armée française. (Hector Ghilini, A la barre de Riom, Editions Jean Renard, 1942, p. 22). Malgré tout, ils expliquèrent que les moyens des anglais "équilibraient sensiblement les moyens italo-allemands", mais avouèrent dans le même temps que l’"aviation de bombardement ne sortait pas encore en grande série" et qu'il faudrait "attendre au début de janvier 1940" (le procès-verbal de la réunion rédigé par le général Decamp, chef du Cabinet militaire de Daladier, a été publié dans Gringoire, le 19 décembre 1940).

De plus, au cours de cette réunion, Edouard Daladier ne demanda pas au général Vuillemin (présent à la réunion) de précisions sur l'état réel de l’aviation française. Pourtant, ce dernier savait que, face aux 4 500 avions de guerre allemands en ligne (sans compter les 5 000 en réserve et les 3 000 de coopération), l’armée française ne possédait que 510 avions de chasse (dont 442 modernes), 390 bombardiers (dont aucun moderne), 170 avions de reconnaissance (dont 52 modernes), et 340 avions d'observation (dont aucun moderne). En outre, elle ne possédait aucun avion de bombardement en piqué. Un comité d'étude pour leur fabrication s'était réuni une première fois le 21 octobre 1938, c'est-à-dire beaucoup trop tard (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2 et 13 mars 1942, p. 3,  13 mars 1942, p. 3). Ainsi, Raymond Recouly expliqua : "Nous avions, Anglais et nous, sur notre front, 710 avions de chasse contre 1 500 allemands, soit pas même la moitié. Sur ce maigre total, la chasse anglaise, dont on nous a si souvent parlé, dont nos oreilles ont été rebattues, ne figure guère que pour le cinquième." (Gringoire, 24 octobre 1940, p. 2). Malgré tout, ces estimations étaient parfaitement connues. Entre le 9 février et le 10 août 1939, le général Geffrier, attaché de l'Air à Berlin, avait envoyé cinq rapports alarmant "fournissant des précisions sur l'accroissement de l'armée de l'air allemande, les qualités de ses nouveaux appareils, les nouvelles tactiques envisagées, la production sans cesse croissante des usines aéronautiques du Reich" (Gringoire, 24 avril 1942, p. 2).

Au début du second conflit mondial, le général Gamelin se ventait d’avoir formé hâtivement deux demi-brigades cuirassées au groupement d'instruction de Nancy, et souhaitait mettre sur pied quatre divisions. Pour cette réalisation, l’armée française disposait de 2 545 chars modernes (plus environ 1 300 chars de conception ancienne), mais certains étaient encore en rodage, tandis que d’autres étaient armés avec des canons de 1918. Deux appréciations de Recouly illustrait l’infériorité militaire française :

-"Le 10 mai 1940, les Allemands disposaient d'environ 5 000 ou 5 500 chars dans les unités combattantes, dont 4 000 environ répartis dans les sections de combat,1 000 ou 1 500 de remplacement" (Gringoire, 24 octobre 1940, p. 2)

-"L'Allemagne avait 6 500 chars. Nous exactement 2 545. Mais les déficiences d'armement eurent des conséquences désastreuses en particulier au nord de Sedan où, faute de canon de 37, on assista à la destruction d'un bataillon entier de chars. M. Daladier a déclaré qu'il y avait des chars dans les dépôts, dans les garages, et qui furent inemployés. C'est un mensonge. Je défie qu'on me cite un cas précis [...] La radio n'existait pas sur les chars légers le 1er septembre 1939.  A la même date, le canon automatique n'était pas prêt. Et jamais avant la guerre on n'a pu faire manœuvrer de divisions blindées, puisque nous n'en possédions pas" (Gringoire, 10 avril 1942, p. 3).

Cependant, les chiffres concernant les chars sont faux. D'après les dernières recherches, il est certain que les Allemands n'avaient pas plus de chars que les Français. Ils possédaient environ 2 500 chars, mais tous étaient modernes. Par ailleurs, si Daladier avait demandé des précisions sur la DCA, il aurait appris que la France possédait uniquement 17 canons de 90 mm pour les hautes altitudes sur les 500 demandés par l'armée. De plus, sur les 7 000 pièces de DCA jugées nécessaires, la France n’en possédait que 600. Sur les 6 000 pièces de DAT (Défense Aérienne du Territoire), elle en possédait 1 500. N’oublions pas beaucoup d'anciens modèles de la guerre 1914-1918 furent retapés en 1930, en 1933 et en 1934. D’ailleurs, l'armée française ridiculisait ce matériel sous le nom de "lance-patates" (Déposition du général Marescaux à Riom, citée dans Gringoire, 10 avril 1942, p. 3).


La France n’était pas prête pour la guerre … mais aurait pu l’éviter ! 

 

Le 23 mai 1939, le général Georges rédigea une note capitale qui confirmait l'insuffisance flagrante du matériel militaire :
I- L'Artillerie.


a) Artillerie légère de campagne.
1°) L'obusier de 105 est destiné à remplacer en partie le 155 court dans les
artilleries divisionnaires.
Une soixantaine de groupes ont été commandés.
Comment se fait-il qu'une vingtaine de groupes seulement aient été livrés... à une cadence moyenne d'un groupe par mois?
2°) Notre matériel 65 de montagne est aujourd'hui nettement insuffisant en portée
et en puissance.
Pour faire face à ces besoins urgents, nous devrions disposer d'une réserve importante de matériel 75 de montagne.
Or, cette réserve est aujourd'hui inexistante.
Quelles mesures a-t-on prises pour remédier d'urgence à cette situation grave?
3°) Artillerie lourde de CA
Notre 105 L.1913,canon de corps d'armée, a une portée de 11 à 13 km insuffisante devant les canons longs allemands.
Un nouveau matériel de 105 L. Schneider a été accepté : une cinquantaine de groupes seraient nécessaires, 7 groupes seulement ont été livrés, puis, la fabrication a subi un temps d'arrêt qui dure encore.
Pourquoi cette lenteur excessive, alors que le rajeunissement de notre Artillerie de corps d'armée est indispensable et urgent?

b) Artillerie de destruction.
Nous n'avons pour cette mission (d'attaque) que notre artillerie de la guerre
(1914 ): mortiers de 220,270,280,370,400.
Ce matériel serait à renforcer, à moderniser, parce qu'il est insuffisant en nombre et en portée.
Où en est-on de ces études?
D'autre part, il devrait être pourvu d'obus à amorçage de culot (et non de fusées d'ogives) de manière à avoir des effets de destruction puissants dans le béton.
Ces projectiles auraient été commandés en 1937 ou 1938. Aucun n'a été livré.
Où en est cette fabrication?
Quelle est la cause de ces retards inexplicables?
Quand les obus mis en commande seront-ils livrés?

c) Artillerie de DCA
1°) Artillerie de DCA de petit calibre.
Nous avons dû acheter du matériel à l'étranger. Mais les achats réalisés sont de faible importance par rapport aux besoins à satisfaire.
Notre canon de 25 Hotchkiss (monotube ou bitube) commence à peine à sortir de fabrication; encore devons-nous partager la production avec la Roumanie.
Quelles mesures sont prévues pour accroître le rythme de fabrication de ce matériel, indispensable pour la protection des troupes, des points sensibles, des établissements, des villes de la Métropole comme de l'Afrique du Nord?
2°) Artillerie de DCA de moyen calibre.
800 pièces de 75,modèle 32 ou 33,sont nécessaires pour l'armement des batteries existantes où à créer.
A peine 360 matériels ont été livrés.
Bourges n'a sorti en 8 mois que 35 matériels de 75/32.
Pourquoi a-t-on arrêté le 75/33,dont la production chez Schneider était satisfaisante (200 matériels livrés) ?
Quelles mesures sont-elles prises pour développer la fabrication de Bourges en matériel 75/32?
3°) Artillerie lourde de DCA.
Il s'agit de matériel de type 90, type marine amélioré.
Près de 500 matériels seraient nécessaires; aucun n'est sorti.
On en annonce une cinquantaine pour 1941.
Est-il possible d'attendre une date aussi lointaine pour un matériel de cette importance ?
Comment pourrait-on hâter et développer les fabrications du matériel de 90 DCA?

II- Infanterie et chars.

a) Munitions d'infanterie.
Il semble que la consommation des munitions d'Infanteries pour les besoins stricts de l'instruction, en temps de paix, dépasse les fabrications, bien que les dotations d'instruction aient été exagérément détruites.
De la sorte, les stocks constitués pour la mobilisation diminuent peu à peu: grave danger !
[...]

b) Canons antichars.
Deux modèles: Hotchkiss, Puteaux.
Hotchkiss (nationalisé) fabrique à une cadence satisfaisante.
Mais Puteaux, qui a une commande de 2 000 matériels, en sort 10 par mois (40 livrés).
Ce rythme est inadmissible.
Mesures prises pour le relever?

2°) Canon de 47:
Il faut un millier de matériels qui ont été commandés.
En 8 mois, une trentaine de matériels ont été livrés:
Mesures prises pour accélérer cette production?

c) Chars.
Le char lourd, type B, qui est excellent, ne sort qu'à la cadence de 4 à 5 par mois.
Il faudra 4 ans pour réaliser les besoins.
C'est un matériel qui établit notre supériorité en matière de chars.
Il faudrait donc activer sa production.
Mesures prises à cet égard?
Le char moyen Somua, sort à une bonne cadence. Il en est de même: des chars légers Hotchkiss (H-35) et Renault (R-35) bien qu'à un moindre degré.
Mais le char FCM, de facture nouvelle et intéressante, n'a été livré qu'à 100 exemplaires.
Pourquoi ne pas développer sa production?

(Document reproduit par Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, annexe 1, p. 50-53).

Le général Georges concluait : "Notre production est, d'une manière générale, trop lente pour satisfaire nos besoins propres avec la rapidité qu'exigent les circonstances. Cette carence s'affirme encore davantage en présence des demandes (Artillerie, Chars, Antichars, DCA) que nous présentent les Puissances aujourd'hui protégées (Pologne, Roumanie, Turquie, Grèce). Il nous faut donc : Non seulement procéder à un redressement rapide et puissant dans le domaine de nos propres fabrications, mais encore réaliser des accords avec les Puissances alliées (Angleterre) ou amies (Etats-Unis, Belgique, Suisse) afin de procéder à une répartition de commandes selon les possibilités industrielles de ces Etats. Ces accords seraient de la plus grande urgence." (Charles Reibel, Les Responsables : Ma déposition devant la Cour suprême de Justice, Editions Baudinière, s.d, p. 53). La France n'était absolument pas prête à faire la guerre, que ce soit sur terre ou dans les airs. 

 

Le lendemain de l’attaque allemande sur la ville polonaise de Dantzig (1er septembre 1939), le président Edouard Daladier déclare la guerre au IIIème Reich. Cependant, il viole la constitution de la IIIème République puisqu’il ne demande pas l’accord des deux chambres. Un certain nombre de politiciens et de militaires s’élevèrent contre cette décision. En 1943, l'abbé Bergey raconte : "Il est donc bien acquis que la France a été jetée dans la mêlée au mépris de la Constitution. Les deux Chambres étaient-elles, par leurs majorités, contre la déclaration de guerre ? Il faut répondre "Non", puisque au Palais Bourbon comme au Luxembourg, c'est à la majorité des voix qu'on a empêché l'opposition (pacifiste) de parler. Mais alors pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas voulu solliciter le vote ? Parce que pour faire voter la guerre, on aurait trouvé une minorité dangereuse, au sein de laquelle des hommes informés auraient jeté un cri d'alarme. C'était courir le risque de compromettre ce que "les bellicistes" au pouvoir avaient déjà "décidé". Ces voix n'ont pas retenti le 2 septembre, parce qu'il n'a été question que de "crédits" à voter. Mais le vrai débat n'a pas été proposé. Et c'est là qu'est la "trahison" voulue à l'égard des Chambres et du Pays." (Gringoire, 24 septembre 1943, p. 3). On peut vraiment se demander si les hommes au pouvoir avaient conscience de la supériorité effective et technologique de l’ennemi, malgré les alertes de Pétain, de Benazet, de Reibel et d’autres. Mais il faut dire que ces politiciens n’ont jamais fait une guerre de leur vie, et ont donc agit par méconnaissance et par l’incompétence de certains officiers qui les entourent. Par ailleurs, le général Gamelin imaginait une Pologne résistant plus de six mois, ce qui aurait laissé le temps de préparer une attaque pour voler à son secours. Cependant, la Pologne a tenu deux semaines. Le 17 avril 1942, un ancien ministre de la Guerre, Jean Fabry, écrivit : "Placé (le 3 septembre) devant le fait accompli, le Parlement l'a subi sans protestation. Et s'il avait été consulté ? Je crois qu'il aurait suivi le gouvernement, mais les résistances auraient été si angoissées, les avertissements si sévères que peut-être en octobre 1939, lorsque le chancelier Hitler nous proposa la paix après la défaite de la Pologne, la situation eût évolué autrement. A la Commission de l'armée du Sénat, il n'y avait personne pour vouloir la guerre. Trop avertis, nous la redoutions". (Gringoire, le 17 avril 1942, p. 1). Les Chambres auraient peut-être voté la guerre, mais la situation aurait radicalement changé fin septembre, après l'effondrement de notre allié de l'Est et l'inaction de l'armée française qui révélait sa tragique impuissance. Par ailleurs, le colonel Jean Fabry parlait d’une paix possible entre la France et l’Allemagne en octobre 1939. Est-ce un fait ?

Un cadre allemand déclara à un diplomate neutre en mission à Berlin : "Nous avons tous pensé que dès la mobilisation, alors que les deux tiers au moins de notre armé étaient activement occupés en Pologne, les Français allaient, sans plus attendre, entamer une offensive à fond contre des forces ennemies nettement inférieures, attaquer vigoureusement la ligne Siegfried assez faiblement défendue, en passant au besoin par le Luxembourg. Nous fûmes très surpris de constater qu'ils n'en faisaient rien, en dehors d'une offensive très faible, incapable de produire aucun résultat sérieux. Bien des nôtres se dirent alors que la France était entrée dans la guerre, beaucoup moins avec le désir de la mener résolument et de toutes ses forces, que pour complaire à son allié britannique. C'est pourquoi dès le début d'octobre, la Pologne étant entièrement submergée, notre Führer adressa à ses ennemis de l’Ouest une sincère et suprême offre de paix. Puisque la Pologne, pour laquelle les Français prétendaient se battre, était hors de cause, pourquoi donc continuer une lutte qui n'avait désormais plus d'objet ? Notre étonnement fut grand de constater que la France répondait par un refus catégorique à cette proposition. Chacun de nous se demandait alors ce que cherchaient au juste les Français. Ils veulent la guerre, nous nous disions-nous, et cependant, ils ne la font pas. Nous en arrivions à cette conclusion qu'ils ne savaient pas au juste ce qu'ils voulaient." (Propos rapportés par Raymond Recouly dans Gringoire, 24 octobre 1940, p. 2). Très peu d'historiens (pour ne pas dire aucun) relatent ce fait caché, cette tentative de paix de la part du chancelier du IIIème Reich. Le 6 octobre 1939, Daladier hésita à prendre cette main tendue de Hitler. Cependant le secrétaire général des affaires étrangères Alexis Léger empêcha cette réalisation. Désormais, la débâcle était inévitable.

En mai 1940, en pleine débâcle, le chef des forces françaises Maxime Weygand essayait de limiter la casse. En parallèle, un Daladier complètement irréaliste démontra son incompétence en matière de stratégie militaire. Dans le Tome 3  de ses Mémoires (Rappelé au service), le général Weygand indique à la page 153 : « Dans la première partie de sa réponse, le Président du Conseil s'associait à mes demandes à nos alliés. Dans la seconde il m'invitait à organiser la Bretagne en un réduit national capable d'une résistance de durée et me faisait part, pour la première fois, de son intention de renforcer la défense de l'Afrique du Nord. La conception d'un réduit breton, séduisante pour l'esprit, parut dans la conjoncture du moment, militairement irréalisable. Pour organiser une véritable forteresse, il fallait disposer d'effectifs, d'engins de guerre de toute nature, singulièrement  anti-chars et anti-aériens. Tout cela nous manquait sur la ligne de défense que nous organisions en toute hâte, il ne pouvait être question d'en distraire aucun élément. Je mis néanmoins aussitôt la question à l'étude comme j'en avais le devoir et parce que rien ne devait être négligé de ce qui pourrait se montrer utile. Je reviendrai sur ce réduit breton. Quant au renforcement de l'Afrique du Nord, il eût été bon d'y penser plus tôt. Lever et armer 500 000 hommes demandait un certain temps, sans parler du tonnage nécessaire à leur transport et de leur installation en Afrique ou le général Noguès avait déclaré ne pouvoir en recevoir et en instruire que 20 000. L'intention d'acheter des armes à l'étranger pour les en munir affirmait notre misère, mais cette solution à longue échéance ne répondait nullement à l'allure prise par les événements. »

 

Enfin, quelle est la situation de l'armée française au moment de la signature de l'Armistice ?

Dans son discours du 20 juin 1940, le maréchal Pétain a dévoilé publiquement les faiblesses de l’armée française, en comparant la situation avec celle de la Grande Guerre : « Nous espérions résister sur la ligne de la Somme et de l'Aisne. Le Général Weygand avait regroupé nos forces. Son nom seul présageait la victoire. Pourtant la ligne a cédé et la pression ennemie a contraint nos troupes à la retraite. Dès le 13 juin, la demande d'armistice était inévitable. Cet échec vous a surpris. Vous souvenant de 1914 et de 1918, vous en cherchez lés raisons. Je vais vous les dire. Le 1er mai 1917, nous avions encore 3.280.000 hommes aux armées, malgré trois ans de combats meurtriers. A la veille de la bataille actuelle, nous en avions 500.000 de moins. En mai 1918, nous avions 85 divisions britanniques ; en mai 1940, il n'y en avait que 10. En 1918, nous avions avec nous les 58 divisions italiennes et les 42 divisions américaines. L'infériorité de notre matériel a été plus grande encore que celle de nos effectifs. L'aviation française a livré à un contre six ses combats. Moins forts qu'il y a vingt-deux ans, nous avions- aussi moins d'amis. Trop peu d'enfants, trop peu d'armes, trop peu d'alliés voilà les causes de notre défaite. » La débâcle n’était donc pas une surprise, mais on peut aussi constater que les « alliés » anglais n’ont pas beaucoup aidé les troupes françaises. En mai 1945, c’est-à-dire avant son procès, Pétain envoya une note à la Commission d’Instruction de la Haute Cour : « J’étais ministre de la guerre en 1934, je ne le suis resté que neuf mois. Cela suffit à des adversaires pour essayer de me rendre responsable de la défaite de 1940. Je ne suis guère en mesure, actuellement en prison, démuni de tous documents, séparé de mes collaborateurs, d’apporter des précisions sur le budget des armements en 1933. Ce que je puis affirmer, c’est que mon effort a tendu essentiellement à la réorganisation de l’armée, alors que la politique de presque tous mes prédécesseurs n’avait, au contraire, tendu qu’à l’application de la formule « arbitrage, sécurité, désarmement.

Une des premières conséquences du désarmement avait été la réduction de la durée du service militaire. En ce concerne la diminution de 20% sur les crédits de matériel inscrits au budget de 1934,, il ne s’est agi, en réalité que d’une variante d’emploi, absolument justifiée, puisque, sur les crédits restants, 200 millions ont dû être reportés à l’exercice de 1935 par suite du retard dans la livraison des matériels commandés.

Depuis la note du 17 avril 1934, la politique de la France était d’assurer elle-même sa propre défense. J’ai alors tracé, pour 1935 et les années suivantes, tout un plan de réarmement et réclamé un crédit de 800 millions comme première tranche de ce nouveau programme. Mais on ne pouvait modifier en quelques semaines, dans le domaine des réalisations pratiques, une politique de dix années d’illusion, d’hésitation, de faiblesse, contre laquelle les autorités militaires étaient demeurées sans pouvoir. […]

Quant aux chefs du parti communiste – que je ne confonds pas avec la classe ouvrière – qui m’accusent de trahison, ils avaient délégué M. Ramette à la tribune de la Chambre pour répondre au discours dans lequel je sollicitais le vote immédiat de crédits nouveaux de 1 275 millions, et M. Ramette s’exprimait ainsi : « Nous ne situerons pas la discussion d’aujourd’hui à la manière du parti socialiste de Jules Moch. Son souci est qu’on réalise à meilleur marché la préparation de la guerre. Nous, nous nous dresserons contre cette préparation en bloc. Et si la guerre éclate, notre but sera de la transformer en guerre civile. » (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 461-462).
Enfin, il est intéressant d’analyser la plus puissante des grandes unités militaires françaises, c’est-à-dire la VIIème Armée. Il restait comme éléments :

- pour la 19è Division : moins de 1000 hommes, 23 mitrailleuses, 3 canons de 25, 1 canon de 47 et 1 canon de 75

- pour la 29è Division : aucune infanterie, 5 canons de 75, 1 canon de 25 et une fraction de G R D

- pour la 47è Division : 700 fantassins, 4 canons de 75 et 7 canons de 155

- les 4ème D I C et 24ème Divisions sont réduites à quelques centaines d'hommes (Général Georges, situation du 25 juin 1940).
La supériorité de l'armée allemande est incontestable, et l'armée française était trop faible pour résister. Il n'y avait donc pas besoin d'être devin pour deviner la débâcle.

Après l'analyse de ces deux articles, il n'est guère étonnant que la France a subi une débâcle militaire face à l'Allemagne. Alors que le IIIème Reich s'était préparé à la guerre en se dotant des dernières technologies, les gouvernements français préféraient compter sur un matériel vétuste et dépassé. Pourtant, dans les années 1930, plusieurs avaient alerté les politiciens au pouvoir sur l'urgence d'investir dans l'armement. Il  y a eu des quelques personnalités politiques comme Paul Bénazet ou Charles Reibel. Des militaires sont aussi intervenus pour faire part de leurs inquiétudes, comme Pétain, Georges ou Vuillemin qui avaient compris que la guerre était proche. De plus, le Maréchal était l'homme le plus prestigieux de l'époque à alerter les autorités, alors on peut se demander si les politiciens l'ont réclamé au pouvoir durant la débâcle uniquement à cause de son prestige, ou car il était l'un des premiers à avoir prédit la catastrophe. En face, Pierre Cot et Guy de la Chambre préféraient compter sur une alliance avec d'autres pays, mais la France a dût se débrouiller quasiment seule au début de la Seconde Guerre Mondiale. De plus, certains généraux comme Gamelin avaient démontré leurs compétences limités, et voulaient employer des stratégies dépassées. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu'en début 1942 s'organisa le procès de Riom, qui réunissait les hommes accusés par Pétain d'être responsable de la débâcle. Est-ce que ces accusations sont justifiées ? Au regard des différentes preuves, il est incontestable que les personnes au pouvoir entre 1936 et 1940 ont pleinement contribué à cette catastrophe. Donc qu'on le veuille ou non, le procès de Riom était bel et bien légitime. Malgré tout, il ne faut pas présenter la Bataille de France de mai-juin 1940 comme une promenade de santé pour l'armée allemande. En effet, n'oublions pas que les pertes ennemies ont été proportionnellement plus conséquentes lors de ces six semaines de campagne que lors des six premiers mois sur le front russe en 1941, ou que lors des trois mois de la Bataille de Normandie en  juin 1944. Au moment de l'armistice de Rethondes, l'Allemagne ne disposait plus que de 700 chasseurs et 841 bombardiers, et près de 1 600 de leurs avions furent détruits.
Avec une infériorité technologique et effective, les troupes françaises se sont montrés davantage héroïques et résistants que le prétendaient beaucoup de personnes. Cela démontre alors que si les politiciens avaient davantage investi dans l'armement et mobilisé plus d'hommes, alors nous n'aurions certainement pas subi une telle défaite. Enfin, il ne faut pas être dupe, certaines décisions de généraux sont à remettre en cause, voire même à déplorer. Nous pouvons citer notamment l'erreur tactique monumentale des généraux Gamelin et Georges d'avoir laissé le centre du front (c'est-à-dire la Meuse) sous la défense de divisions sous-équipées en DCA et en armes antichars. Nous pouvons rappeler également la décision de disperser la 7ème armée ainsi que 3 divisions de cuirassés alors qu'il était possible de contrer la percée de chars allemands par les flancs, puis ensuite de contre-attaquer pour renverser la situation. Enfin, n'oublions pas la mauvaise gestion des chars par Weygand, qui en envoya plusieurs centaines pour reconquérir des places stratégiques secondaires, au lieu de les conserver pour lancer des contres-offensives lors de batailles décisives et sur des points géostratégiques importants. A toutes ces erreurs s'ajoutent des problèmes fréquents de coordination et de communication.

 

 

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 23:15

« C’est Christophe Colomb en 1492 ! » Voici la réponse d’un professeur à un élève lorsque l’un d’eux lui demanda « Qui est-ce qui a découvert l’Amérique ? » Et si un ou plusieurs explorateurs avaient marché sur le « Nouveau Monde » avant le navigateur de Gênes ? Et si une ou plusieurs civilisations eurasiatiques connaissaient déjà ce continent avant l’Europe chrétienne ? Il est temps de parcourir le temps à la recherche d’indices, permettant de prouver que Christophe est loin d’être le premier à avoir découvert l’Amérique …

 

Les expéditions Vikings

Au IXème siècle, les Vikings étaient établis dans les Iles Britanniques ainsi que sur les côtes de Francie. En 870, des Norvégiens installés en Ecosse, en Irlande ou fuyant leur pays soumis par le chef de guerre Harald-les-beaux-cheveux, vont se lancer dans la colonisation de l'Islande.

Ce n'est que la première étape d'un long mouvement migratoire vers l'ouest, jusqu'en Amérique. Aux alentours de l'an 900, un dénommé Gunnbjörn, déporté vers l'ouest par les vents, aperçoit un groupe d'îles inconnues au-delà de l'Islande. Il leur donne le nom de "Rochers de Gunnbjörn", mais n'y aborde pas. La nouvelle de cette découverte se répand et le navigateur fait des émules. En 978, Snaebjörn Galti tente de rejoindre ces "Rochers". C'est un cuisant échec, dont la saga Landnamabok se souvient. Vers 980, Erik le Rouge (Eirikr Thorvaldsson de son vrai nom),banni d'Islande à la suite d'une sombre affaire (criminelle), se met à sontour en quête des mystérieux îlots. Ayant atteint le Groenland (le "pays verts"), il passe environ trois ans à en reconnaître les fjords du sud-ouest. Par la suite, il revient dans son pays pour chercher des hommes tentés par la colonisation de ces nouvelles terres. Vers 985-986, Eric repart à la tête d'une flotte de 25 navires sur lesquels embarquent 800 personnes. Plusieurs têtes de bétail accompagnent ces Islandais d'une installation définitive. La traversée de l'Atlantique s'avéra difficile puisque 11 vaisseaux n'atteindront pas cette destination.
Un premier établissement s'est implanté autour de l'actuelle Julianehaab, dans l'Eystribyggdh. Une seconde colonie est créé plus à l'ouest, dans le Vestribyggdh. Erik plante son campement à Brattahild, à l'extrémité inférieure du "fjord d'Eric". Par la suite, plusieurs comptoirs sont fondés à proximité de la haute mer et au fond des fjords. A partir du XIème siècle, même des églises sont bâties. Les premières colonies compteront quelques milliers d'habitants regroupés dans la partie méridionale de l'île. Ils y vivent principalement d'élevage laitier de pêche. Ils y font du commerce, notamment de cordes, d'ivoire de morse ou de narval, d'huile ou encore d'ours blancs. En revanche, on ne sait pas quand les Vikings groenlandais rencontrèrent les Inuits, c'est-à-dire les Eskimos locaux. Certains chercheurs comme l'anthropologue Vilhjalmur pensent qu'il y a eut des croisements ethniques, ce qui n'est pas impossible.
Après l'installation des premières colonies, les Vikings organisèrent plusieurs expéditions afin de découvrir le "Nouveau Monde". La première fut réalisée sous les ordres d'un certain Bjarni Herjolfsson, fils de Herjolfr. Pendant ce cours voyage d'à peine plus d'un an, Bjarni est entraîné vers des côtes encore inconnues, à l'ouest-sud-ouest. Cependant, il ne se pose pas vers cet endroit, certainement par peur de l'inconnue. Alors il regagne le "fjord d'Éric" et fait part de ses observations. Vers l'an 1000, Leif Ericson (de son vrai nom Leifr Eiriksson), fils d'Erik le Rouge, part réaliser l'itinéraire de Bjarni avec 35 hommes sous ses ordres. Cependant, il fait le sens inverse de celui-ci de Bjarni. Il effectue la même description que celui-ci de son prédécesseur et constate la présence de grands glaciers. Alors il baptise cet endroit Helluland, que l'on peut traduire par le "Pays de la Pierre plate". Leif poursuit son expédition le long des côtes et découvre de vastes étendues de forêts. Il appellera ce lieu Markland, c'est-à-dire le "Pays des Forêts". Deux jours plus tard, il constate l'existence d'une île herbacée et va y accoster. Il continue ensuite son voyage d'étude et aborde un territoire localisé au-delà du détroit. Puis il longe une rivière et s'arrête près d'une lagune. Avec ses hommes, il bâtit un petit campement dans un lieu baptisé Leifsbudhir, c'est-à-dire les "Cabanes de Leifr". Cette région avait la particularité d'abriter de nombreuses vignes. Alors Leif Ericson nomma cet endroit Vinland, que nous pouvons traduire par "Pays du vin". Enfin, il revient au Groenland après une analyse fructueuse, mais aussi avec des ressources en bois et en vin. On peut même se demander si le principal objectif des expéditions était finalement la trouvaille de ressources afin de développer les activités économiques locales des colonies. Fasciné par les exploits de son frère, Thorvald (ou
Thorvaldr) décide aussi de partir à la recherche de nouvelles terres. Il prend 30 personnes sous ses ordres puis organise une expédition qui durera un an. Il traverse Markland puis passe un cap qu'il nomme Kjalarnes, c'est-à-dire "Cap de la Quille". Cependant, il tombe sur une tribu locale que les Vikings appellent "Skaerlings". Thorvald est mortellement blessé par une flèche et est enterré sur place. Profondément attristé par la mort de son frère, le jeune Thorsteinn entreprend de ramener son corps pour lui donner une sépulture chrétienne. En effet, si Erik le Rouge éait païen, ses fils étaient chrétiens. Il prend 25 hommes avec lui, mais la tempête l'empêcha de mener à bien son projet.
Par la suite, deux autres expéditions eurent lieu. L'une d'entre elle fut organisé par un riche islandais émigré au Groenland du nom de Thorfinn Karlsefni. Ce dernier avait de grandes ambitions et souhaitait notamment coloniser le Vinland. Pour parvenir à ses fins, il prend trois grands vaisseaux avec 150 hommes et du bétail. De plus, Leif Ericson accepte de prêter ses cabanes à l'aventurier. Thorfinn Karlsefni traverse Helluland, Markland, puis passe Kjalarnes et s'installe à Leifsbudhir. Cependant, lui et ses hommes se sont attaquer par des locaux "Skaerlings". Ces guerriers gênent beaucoup les colons, si bien qu'ils retournèrent au Groenland.
La dernière aventure est celle de la fille d'Erik le Rouge, appelée Freydis. Elle voulut renouveler l'expérience de Thorfinn et se rendit aux cabanes. Cependant, sa cruauté et les querelles qui animèrent son équipage firent échouer la colonisation. Par la suite, personne ne songea, semble-t-il, à regagner Leifsbudhir.
Il faut savoir que ces histoires proviennent de récits épiques mélangeants réalité et fiction. Parmi ces nombreuses sagas, nous pouvons citer la Saga d'Éric le Rouge, l'Islandingabok, le Landnamabok,  la Saga des Groenlandais, le Dit des Groenlandais. Par ailleurs, ils ont été rédigés environ trois siècles après les évènements décrits. Ces écrits contiennent sans doute des exagérations et des épisodes mythologiques. On y rencontre divers monstres, des personnages un peu trop héroïques et une Freydis un peu trop cruelle pour qu'on puisse les considérer comme des sources historiques fiables. Par ailleurs, il n'est pas impossible que des personnages ou des expéditions ont été inventées de toutes pièces. Malgré tout, p
lusieurs noms de lieux apparaissent, dont les principaux sont l'Helluland, le Markland et le Vinland. Des chercheurs ont tenté de retrouver ces terres en se fondant sur les descriptions topographiques, botaniques, zoologiques, météorologiques, climatiques et sur des données maritimes. Ils ont conclu que ces territoires étaient respectivement la Terre de Baffin, le Labrador et un endroit situé très approximativement entre la Nouvelle-Angleterre, la Nouvelle-Écosse et la baie du Saint-Laurent. Ce territoire correspondrait donc à l'Amérique du Nord.

Les preuves archéologiques doivent permettre de savoir si les écrits contiennent une part de réalité. Sur ce point, les trouvailles ne manquent pas. Un site va définitivement abattre le mythe de la découverte de l'Amérique par Colomb : le site de Anse-aux-Meadows sur la rive sud du détroit de Belle-Isle, sur l'île de Terre Neuve. Un local, George Decker découvrit plusieurs bosses et de crêtes recouvertes d'herbe, rappelant des ruines d'anciennes maisons. En 1960, les chercheurs Norvégiens Helge et Anne Stine Ingstad y constatent l'emplacement d'une colonie comportant des restes d'édifices de type scandinave (The Viking Discovery of America: The Excavation of a Norse Settlement in L'Anse Aux Meadows, Newfoundland, Checkmark Books, 2001). Après cette trouvaille exceptionnelle, d'autres recherche vont s'y succéder : le Dr William Taylor, indianiste du Musée National du Canada ; plusieurs archéologues Islandais et Suédois, dont un certain Kristjan Eldjarn, le futur président de la République d'Islande. Par la suite, une structure de 16 X 20 mètres fut retrouvée sur la rive Est d'une rivière provenant d'une lagune intérieure, le Black Duck Pond. Elle est identique à celles construites habituellement par les Vikings. A l'Ouest de cette même rive, une forge a été découverte avec une fosse contenant du charbon de bois. Le chercheur Rolf Pétré retrouva des cendres de charbon de bois, ainsi qu'un petit morceau de cuivre. Ce morceau de cuivre a été fondu selon une technique étrangère aux locaux de l'époque. Par ailleurs, l'analyse du charbon a été effectuée avec du Carbone 14. Ce charbon daterait des environs de l'an 1000. Tous les objets retrouvés tels que des clous de fer et une lampe prouvent une origine Viking. Enfin, une petite couronne en pierre ollaire a été retrouvée. Elle sert à filer la laine, alors que ni les Eskimos et ni les Indiens ne travaillaient la laine.

A moins d'être particulièrement borné, on ne peut que constater que le site de l'Anse-aux-Meadows fut occupé par les Vikings aux environs de l'an mille. Mais certains préféraient croire qu'à peine 20 ans après l'arrivée des Vikings au Groenland, des Indiens très ingénieux ont imité à la perfection les usages de ceux-ci, quitte à oublier soudainement leur propre culture, puis il se sont contentés de faire l'"expérience" à cet endroit précis, à cette époque précise et n'en tirant aucune leçon pour l'avenir. Malheureusement, même certains "grands intellectuels" n'admettent pas cette réalité qu'est la venue des Vikings en Amérique, et préfère maintenir que Colomb a réellement découvert le "Nouveau Monde". Je peux citer Régis Boyer, professeur à l'université Paris-Sorbonne, qui affirme que " il est imprudent d'affirmer que les Islandais du Groenland ont découvert l'Amérique du Nord". Enfin, finissons par le Groenland qui a subit une occupation scandinave importante. A la suite de diverses prospections, on a dénombré : environ 190 fermes, 12 églises et deux monastères, pour la région d'Eystribyggdh ; 9O fermes et 4 églises dans le Vestribyggdh. A Igaliko (anciennement Gardhar), on peut observer les restes d'une cathédrale. la colonie de Brattahild, où Éric le Rouge s'installa, a été identifiée et correspond à l'actuel Kaksiarsuk. Le "Fjord d'Éric"possède actuellement le nom de Tunidliarfik. Au Musée national de Copenhague, on peut observer une pierre runique qui fut retrouvée en 1824 par un Eskimo à Upernivik, c'est-à-dire sur l'île de Kingigtorssuaq. Ces preuves témoignent de la réalité des expéditions vikings menées vers le nord du Groenland.
Si les Vikings ont bel et bien posé les pieds en Amérique, on peut malgré tout se demander si une civilisation eurasiatique encore plus ancienne a découvert ce continent. Deux grands mystères demeurent, ceux des Romains et des Phéniciens
...

 

Une présence romaine ?

 

Grâce à quelques minces découvertes, nous pouvons quasiment affirmer que les Romains avaient atteint les côtes américaines. Tout d’abord, une tête d'homme barbu portant une sorte de chapeau pointu fut découverte en 1933 dans une tombe précolombienne de Tecaxic-Calixtlahuaca, située dans la vallée de Toluca (à environ 65 km de Mexico). Appelée « la tête de Tecaxic-Calixtlahuaca », cette probable figurine en terre cuite possédait un style romain. Aucune hypothèse expliquant sa présence sur le site n'a encore été confirmée. Autre trouvaille, au cours de fouilles archéologiques dans la villa de l'éphèbe à Pompéi, les chercheurs repèrent une peinture murale représentant un fruit ayant l'aspect de l'ananas (Wilhelmina Mary F, The Natural History of Pompeii: A Systematic Survey, p 81). Cette œuvre d'art est aujourd’hui conservée au musée archéologique de Naples. Cependant, il ne faut pas oublier que quelques fruits ont un aspect extrêmement proche de l'ananas, tels que le sagoutier indien et le cycas d’Afrique. Mais en 1982, une découverte va appuyer l’hypothèse de contacts entre les Romains et les civilisations précolombiennes antiques. En effet, l'épave d'une galère romaine contenant de nombreuses amphores dans sa soute fut découverte dans le fond de la Baie de Guanabara, au large du Brésil (Science et Vie, n° 785, Février 1983, p. 68). La seule supposition qui pourrait contredire cette théorie de contact avec l’Amérique du Sud serait que la galère ait dévié de sa trajectoire à la suite d’une tempête.


Des Phéniciens en Amérique ?
 
En 1872, près de Rio de Janiero, une dalle gravée aurait été découverte et porterait une écriture d'origine méditerrannéenne.  Le 11 novembre de cette même année, le vicomte de Sapuacahy, également président de l'Institut Historique de Rio de Janeiro, reçoit un courrier évoquant la découverte de la dalle dans une plantation de Paraiba (qui ne sera jamais retrouvée), contenant une étrange inscription dont la copie est jointe. Quelques érudits croient reconnaître dans l'inscription recopiée l'écriture phénicienne. Cependant, les chercheurs d'Amérique du Sud ne sont pas des connaisseurs de la civilisation phénicienne. Alors ils font appel au Français Ernest Renan, auteur de la Vie de Jésus et spécialiste des civilisations mésopotamiennes. Renan déclare que cette inscription est un faux, mais après avoir effectuée une traduction entièrement erronée. par la suite, la controverse s'installe entre les érudits européens. Il ne faut pas oublier que l'écriture phénicienne était quasiment inconnu à l'époque de la supposée découverte. Ce détail ferait pencher pour l'authenticité du texte, mais la disparition de la pierre demeure un argument majeur pour les sceptiques.
En 1967, le professeur Cyrus Gordon reprend le texte afin de le retraduire. Il est spécialiste des langues anciennes et est directeur du département des études méditerranéennes de l'université de Brandeis (Massachusetts). Voici la traduction française du texte de la pierre :
"Nous sommes des Cananéens sidoniens de la cité du roi marchand. Nous avons été jetés sur cette île lointaine, une terre de montagnes. Nous avons sacrifié un jeune aux dieux et aux déesses dans la dix-neuvième année de notre puissant roi Hiram et nous avons embarqué d'Ezion Geber dans la mer Rouge. Nous avons voyagé avec dix bateaux et fait le tour de l'Afrique par mer pendant deux ans. Puis nous avons été séparés par la main de Baal, et nous ne sommes plus avec nos compagnons. ainsi, nous sommes venus ici, douze hommes et trois femmes, dans "l'île de fer". Suis-je, moi l'amiral, un homme qui prendrait la fuite ? Non ! Puissent les dieux et déesses célestes nous bien favoriser !"
Gordon affirme que l'inscription de Paraiba ne peut être un faux. Il explique que le roi phénicien mentionné est Hiram III (552-532 avant Jésus Christ), et que l'inscription date de -531. Il ajoute que le contrôle de Gibraltar par Carthage explique le contour de l'Afrique par l'Est, à partir de la Mer Rouge. Quant à "l'île de fer", il s'agirait du Brésil, territoire où ce type de métal est abondant. De plus, l'évocation de la "main de Baal" peut avoir une signification particulière puisque cette divinité est parfois associé à l'orage et la tempête qui intervient dans les affaires des hommes. Par ailleurs, l'expression "jetés sur cette île lointaine" ainsi que le faible nombre de marins peut laisser penser que le navire à fait naufrage. Cependant, dans un pays bois comme le Brésil, les navigateurs phéniciens auraient pu reconstruire un bâteau et repartir. Malgré tout, il ne faut pas oublier que ce territoire est parcouru par les alizés. Ces vents soufflent de l'Afrique jusqu'en Amérique et facilitent le voyage aller. Les navires antiques sont dépourvus de gouvernail d'étambot (invention européenne du XIIème siècle) et ne pouvaient lutter contre les puissants vents contraires. On peut donc présumer que ces marins ont gravé cette dalle car ils sont restés prisonniers sur le continent où ils avaient échoué.

Ce n'est donc pas l'Europe Chrétienne qui a découverte l'Amérique par l'intermédiaire Christophe Colomb. Grâce à quelques écrits et à plusieurs trouvailles archéologiques, on sait que les Vikings se sont installés sur le "Nouveau Monde", et cela dès la fin du Xème siècle. Malgré tout, nos "intellectuels" préfèrent affirmer que ce continent n'a été découvert qu'en 1492, mais pour quelle raison ? La réponse est simple. Il est toujours mieux de dire que c'est un bon chrétien civilisé qui a réalisé cette trouvaille, plutôt qu'un pilleur barbare Viking comme Erik le Rouge. De plus, si ses enfants se sont convertis à la chrétienté, il ne faut pas oublier qu'Erik était païen. Malgré tout, il est vrai que l'implantation des Vikings était isolée, et les Européens de l'époque ignoraient qu'un groupe d'hommes avaient découvert de nouvelles terres au delà de l'Océan Atlantique. Ne parlons pas de 1492 comme une découverte mondiale, mais d'une découverte pour l'Europe Chrétienne. Cependant, la civilisation Viking n'était peut-être pas la première européenne à poser les pieds en Amérique, puisque des Phéniciens du -VIème siècle auraient attérit sur ce territoire par accident. Même si cette hypothèse n'est pas à exclure, il n'y a que des données archéologiques qui permettraient de confirmer l'implantation d'une civilisation antique méditerranéenne. Nous avons constaté la forte probabilité de contacts entre les Romains et des peuplades d'Amérique du Sud, mais le mystère plane à propos des Phéniciens. Si un chercheur venait à prouver une présence phénicienne en Amérique, alors il réaliserait l'une des plus grandes découvertes historiques de l'Humanité.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 21:30

Le 10 Juillet 1940, des élus du peuples se réunissent pour voter démocratiquement les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, chose qu'il n'avait pas exigé. Mais qui sont ceux qui ont voté en sa faveur, qui ont voté contre, et qui s'étaient abstenus ? Voici l'ensemble des élus qui vont élever le stratège au poste du chef d'Etat avec les pleins pouvoirs. Vous remarquerez que près d'un tiers d'entre eux ne s'étaient pas déplacer à Vichy, et plusieurs de ces courageux avaient déjà fuis la France ...

Vote du Congrès sur l'article unique du projet de loi constitutionnelle

Nombre des votants : 649
Majorité absolue : 325
Pour l'adoption : 569
Contre : 80
Abstention : 15

Ont voté pour :

• d'AILLIÈRES Bernard Julien Marie (député - Sarthe - inéligible à la Libération jusqu'en 1949)
• ALBERT André Didier François (député - Deux-Sèvres - parti Camille Pelletan)
• ALBERTIN Fabien Joseph (député - Bouches-du-Rhône - Socialiste)
• ALBERTINI Augustin (sénateur - Hérault- Radical-socialiste - Gauche démocratique)
• ALLEMANE Gaston Jean Bertrand (député - Seine -Socialiste)
• AMAT Jean-Baptiste (sénateur - Haute-Garonne - Radical-socialiste - Gauche démocratique)
• Comte Hubert d'ANDLAU de HOMBOURG (sénateur - Bas-Rhin - Union républicaine - inéligible à la Libération)
• ANDRAUD Henry Francisque Bernard Joseph (député - Puy-de-Dôme - Non inscrit)
• ANDRÉ Adrien (sénateur - Vienne - Gauche radicale – Gauche démocratique)
• ANTIER Joseph (sénateur - Haute-Loire - Action nationale républicaine et sociale - décédé en 1943)
• ANTIER Paul (député - Haute-Loire - Agraire indépendant – Action nationale républicaine et sociale)
• (de SAUVAN) d'ARAMON Bertrand Marie Joseph (député - Seine - Fédération républicaine)
• ARBELTIER René Robert (député - Seine-et-Marne - Socialiste SFIO)
• ARCHIMBAUD Léon Daniel Josué (député Drôme - Radical-socialiste)
• ARMBRUSTER Raymond (sénateur - Aube – Non inscrit)
• ARNOL Justin Clément (député - Isère - Socialiste SFIO)
• AUBAUD Raoul François Régis (député - Oise - Cartel des gauches)
• AUBERT Louis Félix Hippolyte (député - Vendée - Non inscrit)
• Duc d'AUDIFFRET-PASQUIER Etienne Denis Augustin Marie Gaston (député - Orne - Républicains indépendants et d'Action sociale)
• AUFFRAY François Marie (député - Côtes-du-Nord - Républicain radical et radical socialiste)
• BADAUD-LACROZE Léonide (sénateur - Charente - Gauche démocratique)
• BACHELET Paul (sénateur - Pas-de-Calais – Non inscrit)
• BARDOUL Emmerand Prosper Marie Joseph (député - Loire-Inférieure - Fédération républicaine)
• BARDOUX Jacques (sénateur - Puy-de-Dôme - Union démocratique radicale)
• BARÉTY Léon Jean Jacques (député - Alpes-Maritimes - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BARON Charles Victorin Apollon Marie Eugène (député - Basses-Alpes - Socialiste SFIO)
• BARON Ernest Alexandre Étienne dit Étienne (député - Tarn-et-Garonne - Radical-socialiste)
• BARTHE Édouard (député - Hérault - Union socialiste et républicaine - questeur de la Chambre)
• BARTHÉLEMY Georges Eugène Germain (député - Seine - Socialiste SFIO)
• BASQUIN Alfred Jean-Baptiste (député - Somme - Socialiste SFIO)
• BATAILLE Victor Antoine Martial (député - Saône-et-Loire - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• BAUDOUIN-BUGNET Pierre Jean Gustave (député - Doubs - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• BAUNION DÉMOCRATIQUE RADICALEY Charles Georges Alfred (député - Seine-et-Marne - Non inscrit)
• BAUFLE Maurice (sénateur - Doubs - Union républicaine)
• BAZILE Gaston (sénateur - Gard - Gauche démocratique)
• BAZIN Maurice (député - Jura - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BEAUGRAND Kléber Jules Pierre (député - Loir-et-Cher - Socialiste SFIO)
• BEAUGUITTE André Emmanuel (député - Meuse - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BEAUMONT Jean (sénateur - Allier - Gauche démocratique)
• Comte (BONNIN de la BONNINIÈRE) de BEAUMONT Jean Robert Maurice (Député - Cochinchine - Non inscrit)
• BEAUVILLAIN Auguste Arthur (député - Nord - Socialiste SFIO)
• BECQUART Henri Jules Lucien (député - Nord - Fédération républicaine)
• BEDOUCE Albert (député - Haute-Garonne - Socialiste SFIO)
• BELLANGER Robert (sénateur - Ille-et-Vilaine - Gauche
démocratique)
• BELMONT Robert (sénateur - Isère - Gauche démocratique)
• BELS Adrien (sénateur - Dordogne - Gauche démocratique)
• BELTRÉMIEUX Gaston Jean-Baptiste François Joseph (député - Pas-de-Calais - Socialiste SFIO)
• BELUEL Ernest (sénateur - Haute-Garonne - Gauche démocratique - décédé en 1942)
• BÉNAZET Paul Louis (sénateur - Indre - Gauche démocratique)
• BÉRANGER Pierre Vincent Émile (député - Eure - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BÉRARD Léon (sénateur – Basses-Pyrénées – Union républicaine)
• BERGERY Gaston (député - Seine-et-Oise - Parti frontiste)
• BERNEX Jean-Baptiste Marie (député - Haute-Savoie - Fédération républicaine)
• BERNIER Paul Marie (député - Indre-et-Loire - Radical-socialiste)
• de BERNY Gérard (sénateur - Somme - Non inscrit)
• BÉRON Émile (député - Moselle - Gauche indépendante {ex-communiste})
• BERTHÉZENNE Charles (député - Gard - Union socialiste et républicaine)
• BERTHOD Aimé (sénateur - Jura - Gauche démocratique)
• BERTRAND Williams (sénateur - Charente-Inférieure - Radical-socialiste – Gauche démocratique)
• BESNARD René (sénateur - Indre-et-Loire - Gauche démocratique)
• BESSE René Amédée Marcel Joseph (député - Lot - Non inscrit)
• BETOULLE Léon (sénateur - Haute-Vienne - Socialiste SFIO)
• BÉZOS Robert Jean-Baptiste Paul (député - Landes - Radical-socialiste)
• BIBIÉ Maxence Bernard Pierre Émile (député - Dordogne - Union socialiste et républicaine)
• BIÉTRIX Louis Henri (député - Doubs - Indépendants d'union républicaine et nationale)
• BLANC Joseph (sénateur - Haute-Savoie - Gauche démocratique - décédé en 1941)
• BLANC Prosper (député - Ain - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BLANCHET Sylvain Henri (député - Creuse - Socialiste SFIO)
• BLANCHO François Marie Valentin (sénateur - Loire-Inférieure - Socialiste SFIO)
• Comte de BLOIS Louis (sénateur - Maine-et-Loire - Non inscrit)
• BOIVIN-CHAMPEAUX Jean (sénateur - Calvados - Union républicaine)
• BON Léon (sénateur - Bouches-du-Rhône - Groupe socialiste SFIO)
• BONNET Georges Étienne (député - Dordogne - Radical-socialiste)
• BORET Victor (sénateur - Vienne - Gauche démocratique)
• BORGEOT Charles (sénateur - Saône-et-Loire - Gauche démocratique)
• BORREL Antoine (sénateur - Savoie - Gauche démocratique)
• BOSSOUTROT Lucien Jean-Baptiste (député - Seine - Radical-socialiste)
• BOUCHER Marcel Émile Auguste (député - Vosges - Indépendants d'union républicaine et nationale)
• BOUDET René (député - Allier - Socialiste SFIO)
• BOUGUEN Yves (sénateur - Côtes-du-Nord - Union démocratique radicale)
• BOUISSON Fernand Émile Honoré(député - Bouches-du-Rhône - Non inscrit)
• BOUISSOUD Charles Paul Adolphe Claudius (député - Saône-et-Loire - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BOULAY Henry (député - Saône-et-Loire - Socialiste SFIO)
• BOULLY Georges (sénateur - Yonne – Gauche démocratique)
• BOUNIN Jacques (député - Alpes-Maritimes - Non inscrit)
• BOURDEAUX Henry (sénateur - Somme - Union démocratique radicale)
• BOUSGARBIÈS Jean (député - Aude - Radical-socialiste)
• BOUSQUET Édouard Marius (député - Lozère - Fédération républicaine)
• BOUX DE CASSON François Olivier Marie (député - Vendée - Fédération républicaine)
• BRACHARD Émile Victor Léon (député - Aube - Radical-socialiste)
• BRAISE Félix (sénateur - Haute-Savoie - Fédération républicaine – Union républicaine -décédé en 1942, avant la fin de son mandat)
• BRANDON Raoul Jacques Ernest (député - Seine - Union socialiste et républicaine - décédé avant la fin de son mandat)
• BRARD Alfred (sénateur - Morbihan - Gauche démocratique)
• BRET Georges Robert René Léon (député - Ille-et-Vilaine - Non inscrit)
• BRETON André Jules Louis (sénateur - Cher - Gauche démocratique)
• BRILLE Michel Louis (député - Somme - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BRINGER Louis (sénateur - Lozère - Non inscrit)
• BRIQUET Camille Victor Joseph (député - Eure - Radical-socialiste)
• BROM Joseph (sénateur - Haut-Rhin - Non inscrit - décédé en 1945)
• BRUNET Auguste Charles Désiré Emmanuel -franc-maçon - (député - la Réunion - Union républicaine démocratique et de solidarité créole – inéligible à la Libération)
• BRUNET René Jean Alfred (député - Drôme - Socialiste SFIO)
• BUISSON Albert (sénateur - Puy-de-Dôme – Gauche démocratique)
• BURGEOT Pierre Julien (député - Rhône - Fédération républicaine)
• BURRUS Maurice Jean Marie (député - Haut-Rhin - Action populaire
• BURTIN René Valentin (député - Saône-et-Loire - Socialiste SFIO)
• BUYAT Louis Antoine Marie (député - Isère - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• CADIC Joseph Marie Augustin (député - Morbihan - Non inscrit)
• CAILLAUX Joseph (sénateur – Sarthe – Gauche démocratique - décédé en 1944)
• CAILLIER (René (sénateur – Gironde – Union démocratique radicale)
• CALMEL Armand (sénateur – Gironde – Union démocratique radicale)
• (FILHOL) DE CAMAS Edmond (sénateur – Morbihan – Gauche démocratique - décédé en 1945)
• CAMBOULIVES Laurent (sénateur – Tarn – Gauche démocratique)
• CANDACE Gratien (député – Guadeloupe - Gauche radicale – Vice-président de la chambre - seul député Noir)
• CAPRON Marcel Albert (député - Seine – Communiste)
• CAPUS Joseph (sénateur – Gironde – Union démocratique radicale)
• CARRÉ-BONVALET René (sénateur – Charente-Inférieure – Gauche démocratique)
• CARRÈRE Bertrand (sénateur – Haute-Garonne – Gauche démocratique)
• CARRON Hyacinthe (député - Savoie - Radical-socialiste)
• CASSEZ Émile (sénateur – Haute-Marne – Gauche démocratique)
• CASTNON INSCRITNEZ Jean Marcel (député - Cher – Socialiste SFIO)
• CASTEL Léon (député – Aude - Radical-socialiste)
• de CASTELLANE Stanislas (sénateur – Cantal – Union démocratique radicale)
• CAUTRU Camille (sénateur – Calvados – Union républicaine)
• CAYREL Antoine Georges Hubert (député – Gironde - Gauche indépendante)
• DE CHABOT Pierre Marie (député – Vendée - Fédération républicaine)
• CHAMBONNET Auguste (sénateur – Creuse – Gauche démocratique)
• de CHAMMARD Jacques Paul (sénateur – Corrèze – Gauche démocratique)
• DE CHAMPEAUX François Michel (député – Côte-d’Or - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• CHANAL Eugène (sénateur – Ain – Gauche démocratique)
• CHASSEIGNE François Ernest Edmond - franc-maçon - (député - Indre – Parti de l’Unité prolétarienne)
• CHÂTEAU René Eugène Armand (député - Charente-Inférieure - Radical socialiste – Philosophe collaborateur connu sous le pseudonyme de Jean-Pierre ABEL – détenu à la Libération - négationniste)
• CHAULIN-SERVINIÈRE Jean Paul Gaston Lucien (député – Mayenne - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• CHAUTEMPS Alphonse (sénateur - Indre-et-Loire - Gauche démocratique - décédé en 1944)
• CHAUTEMPS Camille (sénateur - Loir-et-Cher - Gauche démocratique)
• CHICHERY Albert Marc (député - Indre - Radical-socialiste)
• CHOUFFET Armand Pierre Émile (député - Rhône - Parti socialiste)
• CLAMAMUS Jean-Marie (sénateur – Seine – Groupe communiste)
• CLAUDET Fernand René Léon Just (député - Doubs - Républicains indépendants et d'action sociale)
• DE CLERMONT-TONNERRE François Marie Amédée Joseph (député - Somme - Agraire indépendant)
• COINTREAU André Pierre (député - Maine-et-Loire - Républicains indépendants et d'action sociale)
• COLOMB Pierre Augustin Nicolas(député - Vienne - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• COMPAYRÉ Emery (député - Tarn - Radical-socialiste)
• CONSTANT Victor (sénateur – Seine – Union républicaine)
• CONVERSET René (sénateur – Aube – Non inscrit)
• COTY René (sénateur - Seine-Inférieure - Républicains Indépendants – Union républicaine - futur président de la 4ème République !)
• COUCOUREUX Joseph (sénateur – Aveyron - Union républicaine)
• COULAUDON Aimé Félix François Marie (député - Puy-de-Dôme – Socialiste SFIO)
• COUROT Louis (sénateur – Meuse – Union républicaine)
• COURRENT Paul Jean Pierre (député - Lot-et-Garonne - Radical-socialiste)
• COURSON Léon (député - Indre-et-Loire - Radical-socialiste)
• COURTEHOUX Jules François Joseph Marie (député - Ardennes - Radical-socialiste)
• de COURTOIS Pierre (sénateur – Basses-Alpes – Gauche démocratique)
• COUSIN Georges Lucien Paul Constant (député - Seine - Fédération républicaine)
• CROUAN Jean Adolphe Marie (député - Finistère - Fédération républicaine)
• DAHLET Camille (député - Bas-Rhin – Action populaire)
• DAILLE Albert (député - Tarn-et-Garonne - Radical-socialiste – décédé avant la fin de son mandat)
• DANIEL-VINCENT Charles (sénateur – Nord – Gauche démocratique)
• DARIAC Adrien Louis (député - Orne - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• DAUZIER Louis (sénateur – Cantal – Gauche démocratique)
• DAVID André (député - Haute-Garonne – Socialiste SFIO)
• DÉAT Marcel (député - Charente - Union socialiste et républicaine - mort en exil en Italie)
• DEBRÉGÉAS Gabriel (député - Haute-Vienne – Socialiste SFIO)
• DECLERCQ Gilbert (député – Nord – Communiste – Mort pour la France à Nîmes le 30 septembre 1944)
• DELAUNAY Amédée Charles Alfred (député - Charente-Inférieure - Radical-socialiste - décédé avant la fin de son mandat)
• DELAUNAY Maurice Robert (député - Calvados – Non inscrit)
• DELCOS François (député - Pyrénées-Orientales - Radical-socialiste)
• DELESALLE Charles (sénateur – Pas-de-Calais – Union démocratique radicale)
• DELPUECH Vincent (sénateur – Bouches-du-Rhône – Gauche démocratique)
• DELTHIL Roger (sénateur – Tarn-et-Garonne – Gauche démocratique)
• DELZANGLES René Bernard Pierre (député - Basses-Pyrénées - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• DENIS Georges (député - Mayenne - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• DEREUSE Eugène Henri (député - Nord – Socialiste SFIO)
• DESBONS Jean Marie Joseph Charles(député - Hautes-Pyrénées - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• DESCHANEL Jean Louis Camille Émile (député - Eure-et-Loir - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• DESCHASEAUX Marcel (député - Vosges - Parti social français)
• DESCHIZEAUX Louis Georges (député - Indre - Union socialiste et républicaine)
• DESGRANGES Jean-Marie (député - Morbihan - Non inscrit)
• DESJARDINS Charles (sénateur – Aisne – Action nationale républicaine et sociale)
• DESPRÈS Marcel (sénateur – Saône-et-Loire – Gauche démocratique)
• DEUDON Maurice (député – Nord – Socialiste SFIO)
• DEVAUD Stanislas (député - Algérie - Républicains indépendants et d'action sociale)
• DEWEZ Sulpice (député – Nord – Communiste)
• DE DIESBACH Louis (député - Pas-de-Calais - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• DIGNAC Pierre (député - Gironde - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• DOMMANGE René (député - Seine - Indépendants d'union républicaine et nationale)
• DONON Marcel (sénateur – Loiret – Gauche démocratique - décédé en 1943)
• DORMANN Maurice (sénateur – Seine-et-Oise – Non inscrit)
• DOUSSAIN Gustave (député - Seine - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• DROUOT Maurice (député - Haute-Saône - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• DUAULT Alfred (député - Côtes-du-Nord - Démocrate populaire)
• DUBON Antoine (député - Landes - Union socialiste et républicaine)
• DUBOSC Albert (député - Seine-Inférieure - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• DUBOSC Louis François (député - Gers – Socialiste SFIO)
• DUBOYS-FRESNEY Jacques Étienne Albert (député - Mayenne - Fédération républicaine)
• DUCHESNE-FOURNET Pierre (député – Calvados – Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• DUCOS Hippolyte Roc Aristide (député - Haute-Garonne - Radical-socialiste)
• DUMESNIL Jacques-Louis (sénateur – Seine-et-Marne – Non inscrit)
• DUPONT Alphonse Joseph (député - Ain - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• (FRÉDÉRIC-)DUPONT Édouard (député - Seine - Fédération républicaine)
• DUPUY Pierre (député - Établissements français de l’Inde - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• DUTERTRE DE LA COUDRE Augustin Louis Marie Joseph Pie (député – Loire-Inférieure - Fédération républicaine)
• ELBY Henri (sénateur – Pas-de-Calais – Union démocratique radicale)
• ELSAESSER Charles (député - Bas-Rhin - Action populaire)
• ESCANDE Georges (sénateur – Lot-et-Garonne –Gauche démocratique - décédé en 1944)
• ESCARTEFIGUE Marius (député - Var - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• ESPARBÈS Ernest (député - Haute-Garonne – Socialiste SFIO)
• EVEN Pierre (sénateur – Côtes-Nord – Gauche démocratique - décédé en 1941)
• EYNAC Laurent André dit LAURENT-EYNAC (sénateur – Haute-Loire – Gauche démocratique)
• EYNARD François (sénateur – Drôme – Gauche démocratique)
• FABRE Ulysse (sénateur – Vaucluse – Gauche démocratique)
• FABRY Jean (sénateur – Doubs – Union républicaine)
• FALLIÈRES André (sénateur - Lot-et-Garonne - Gauche démocratique)
• FARJON Roger (sénateur – Pas-de-Calais – Union républicaine)
• FAUCHON Maxime (député - Manche - Républicains indépendants et d'action sociale)
• FÉGA Joseph (député – Haut-Rhin - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• FÉRIN Raymond (député - Marne - Radical-socialiste)
• FERNAND-LAURENT Jean (député - Seine - Républicain indépendant)
• FERRAND Camille (sénateur – Creuse – Gauche démocratique)
• FÉVRIER André (député - Rhône – Socialiste SFIO)
• FIANCETTE Eugène (sénateur – Seine – Gauche démocratique)
• FIEU Louis(député - Tarn – Socialiste SFIO)
• FIORI Henri (député - Algérie - Union socialiste et républicaine)
• FLANDIN Pierre-Étienne (député - Yonne - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• FONTANILLE René (sénateur – Lot – Gauche démocratique - décédé en 1941)
• FOUILLOUX Albert (sénateur – Ain – Gauche démocratique)
• FOULD Achille (député - Hautes-Pyrénées - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• FOURCADE Manuel (sénateur – Hautes-Pyrénées – Union républicaine - décédé en 1943)
• FOURCAULT DE PAVANT François (député - Seine-et-Oise - Républicains indépendants et d'action sociale)
• FOURMENT Gustave (sénateur – Var – Gauche démocratique - décédé en 1940 )
• FOURRIER Jules (député - Seine – Communiste)
• DE FRAMONT DE LA FRAMONDÉE Ernest (député - Lozère - Fédération républicaine)
• FRANCHI Toussaint (député - Bouches-du-Rhône – Socialiste SFIO)
• du FRETAY François (sénateur – Finistère – Union républicaine)
• FROGET Jean-Marie (sénateur – Rhône – Gauche démocratique - décédé en 1942)
• FROSSARD Ludovic-Oscar (député - Haute-Saône - Non inscrit)
• FROT Eugène (député - Loiret - Union socialiste et républicaine)
• FUCHS Édouard (député - Haut-Rhin - Action populaire)
• GADAUD Félix (sénateur – Dordogne –Gauche démocratique)
• GAILLEMIN Louis (sénateur – Vosges – Union républicaine)
• GALIMAND Lucien (député - Seine-Inférieure - Radical-socialiste)
• GALLET Antoine-Marius (député - Ain - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• GAPIAND Jean (député - Loire - Non inscrit)
• GARCHERY Jean-Louis (député - Seine – Socialiste SFIO)
• GARDEY Abel (sénateur – Gers – Gauche démocratique)
• GARDIOL Louis (député - Basses-Alpes – Socialiste SFIO)
• GARRIGOU Louis (sénateur – Lot – Gauche démocratique)
• GASNIER-DUPARC Alphonse (sénateur – Ille-et-Vilaine – Gauche démocratique)
• GASPARIN Lucien Charles Marie -franc-maçon - (député – Réunion – Radical)
• GÉRARD Gaston (député - Côte-d'Or - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• GAURAND Pierre (député - Loire - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• GAUTHEROT Gustave (sénateur – Loire-Inférieure – Action nationale républicaine et sociale - décédé en 1944)
• GAUTIER Fernand (sénateur – Indre – Gauche démocratique - décédé en 1942)
• GELLIÉ Émile (député - Gironde - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• GENTIN Fernand (député - Aube - Radical-socialiste)
• GENTY André ( député - Seine-Inférieure - Agraire indépendant)
• GÉRENTE Henri (député - Haute-Savoie - Non inscrit)
• GERMAIN Paul (sénateur – Indre-et-Loire – Gauche démocratique - décédé en 1944)
• GERNEZ Raymond (député - Nord – Socialiste SFIO)
• GILLET Pierre (député - Morbihan - Agraire indépendant)
• GINET Jean (député - Isère - Radical-socialiste)
• GIRAULT Fernand (député - Loire - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• GOIRAND André (sénateur – Deux-Sèvres – Gauche démocratique)
• GOUNIN René (sénateur – Charente – Gauche démocratique)
• GOUSSU Paul (député - Sarthe - Démocrate populaire)
• GOY Jean (député - Calvados - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• (MILLIN) DE GRANDMAISON Georges Charles Alfred Marie (sénateur - Maine-et-Loire - Républicain et social – Union républicaine - décédé en 1943)
• (MILLIN) DE GRANDMAISON Robert (député - Maine-et-Loire - Républicains indépendants et d'Action sociale)
• GROS Arsène (député - Jura – Socialiste SFIO)
• GUERNIER Charles (député - Ille-et-Vilaine - Non inscrit)
• GUERRET Marcel (député - Tarn-et-Garonne – Socialiste SFIO)
• GUICHARD Louis (député - Vaucluse - Radical-socialiste)
• GUIDET Abel (député - : Pas-de-Calais - Radical-socialiste – Mort pour la France)
• GUILHEM Jacques (sénateur – Aude – Gauche démocratique)
• GULLUNG Joseph (député - Haut-Rhin - Action populaire)
• GUYONNET Louis (sénateur – Isère – Gauche démocratique)
• HANNOTIN Edmond (sénateur – Ardennes – Union démocratique radicale)
• Comte d'HARCOURT (sénateur - Calvados – Union républicaine)
• HARENT Joseph (sénateur – Somme – Non inscrit)
• HARTER Paul (député - Moselle - Action populaire)
• HARTMANN Charles (député - Haut-Rhin - Action populaire)
• HAY Jean (député - Charente-Inférieure - Radical-socialiste - Mort pour la France)
• HEID Arthur Jean (député - Moselle - Action populaire)
• HENRIOT Philippe (député - Gironde - Fédération républicaine)
• HENRY-HAYE Gaston (sénateur – Seine-et-Oise – Non inscrit)
• HÉRAUD Marcel (député - Seine - Républicains indépendants et d'action sociale)
• HERVÉ Yves (député - Côtes-du-Nord - Républicains indépendants et d'action sociale – décédé avant la fin de son mandat)
• HYMANS Max (député - Indre - Union socialiste et républicaine)
• DES ISNARDS Charles (député - Seine - Fédération républicaine)
• JACQUIER Paul (sénateur – Haute-Savoie – Gauche démocratique)
• JACQUY Jean (sénateur – Marne – Non inscrit)
• JARDILLIER Robert (député - Côte-d'Or – Socialiste SFIO)
• JOIN-LAMBERT André (sénateur
– Eure – Union républicaine)
• JOLY François (député - Ille-et-Vilaine - Républicains indépendants et d'action sociale)
• JOSSE Prosper (sénateur – Eure – Action nationale républicaine et sociale)
• JOURDAIN Paul (sénateur – Haut-Rhin – Union démocratique radicale)
• Marquis de JUIGNÉ Jacques (sénateur – Loire-Inférieure – Non inscrit)
• DE KERGARIOU Edgar (sénateur – Côtes-du-Nord – Union démocratique radicale)
• LABBÉ Ernest (sénateur – Ardennes – Union démocratique radicale)
• LACHAL Raymond (député - Puy-de-Dôme - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• LA CHAMBRE Guy (député - Ille-et-Vilaine - Radical-socialiste)
• LAFAYE Gabriel Paul (député - Gironde - Union socialiste et républicaine)
• Marquis de la FERRONNAYS Henri (député - Loire-Inférieure - Non inscrit)
• LAFFONT Paul (sénateur – Ariège – Gauche démocratique)
• LAMBIN Paul (député - Aisne – Socialiste SFIO)
• LAMOUREUX Lucien (député - Allier - Radical-socialiste)
• LANCIEN Ferdinand (sénateur – Finistère – Gauche démocratique)
• LANIEL Joseph (député - Calvados - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• LAROCHE Ernest (député - Puy-de-Dôme – Socialiste SFIO)
• LAUDIER Henri (sénateur - Cher – Gauche démocratique)
• (RAYMOND-)LAURENT Jean (député - Loire - Démocrate populaire)
• LAUTIER Pierre (sénateur - Ardèche – Union républicaine)
• LAVAL Pierre (sénateur - Puy-de-Dôme - Non inscrit - fusillé le 15 octobre 1945)
• LAVERGNE Fernand (sénateur – Tarn – Gauche démocratique)
• LAVOINNE André (sénateur – Seine-Inférieure – Union républicaine)
• LEBERT André (sénateur – Sarthe – Union démocratique radicale)
• LEBLANC Edmond (sénateur – Mayenne – Union républicaine)
• LEBŒUF Marcel (sénateur – Nièvre – Union démocratique radicale)
• LEBRET René (député - Seine-Inférieure - Union socialiste et républicaine)
• LE COUR GRANDMAISON Jean Baptiste Charles René Marie Joseph (député - Loire-Inférieure - Non inscrit)
• LÉCULIER Henri (sénateur – Jura – Gauche démocratique)
• LEDOUX Ferdinand (député - Ardennes - Radical-socialiste)
• LEFAS Alexandre (sénateur – Ille-et-Vilaine – Union républicaine)
• LEFEBVRE du PREY Edmond (sénateur – Pas-de-Calais – Union républicaine)
• LEFÈVRE Roger (député - Charente-Inférieure - Socialiste SFIO)
• LEGUET Firmin (sénateur – Ardennes – Union démocratique radicale)
• LE JEUNE Olivier (sénateur - Finistère – Non inscrit)
• LEMAISTRE Jean (sénateur – Ille-et-Vilaine – Gauche démocratique)
• LE MAUX Philippe (député - Côtes-du-Nord – Socialiste SFIO)
• LÉMERY Henry (sénateur – Martinique – Non inscrit)
• LE MOIGNIC Eugène (sénateur – Compagnie des Indes Françaises – Gauche démocratique)
• LE POULLEN Étienne (député - Ille-et-Vilaine - Fédération républicaine)
• LE ROUX Eugène Alexis (député - Loire-Inférieure – Socialiste SFIO)
• DE LESTAPIS Samuel (député - Basses-Pyrénées - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• Comte de LEUSSE Jean (sénateur – Bas-Rhin – Union républicaine)
• LEVESQUE Luc Marie Léon Pascal (député - Vienne - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• LÉVY Moïse (sénateur – Haute-Saône – Gauche démocratique)
• L'HÉVÉDER Louis (député - Morbihan – Socialiste SFIO)
• LIAUTEY André François Marie Joseph (député - Haute-Saône - Radical-socialiste)
• LINYER Louis (sénateur – Loire-Inférieure – Action nationale républicaine et sociale)
• LISSAR Jean (sénateur – Basses-Pyrénées – Union républicaine)
• LOHÉAC Pierre (député - Finistère - Républicains indépendants et d'action sociale)
• LOUBAT Pierre (sénateur – Tarn – Gauche démocratique)
• LOUBET Joseph (sénateur – Lot –Gauche démocratique)
• LOUIS-DREYFUS Louis (sénateur – Alpes-Maritimes – Non inscrit)
• LOURTIES Victor (sénateur – Landes – Gauche démocratique)
• LUCAS Octave Joseph (député - Manche - Fédération républicaine)
• LUCCHINI Albert Marcel (député - Bouches-du-Rhône – Socialiste SFIO)
• MACOUIN Clovis Henri Dominique (député - Deux-Sèvres - Fédération républicaine)
• MAFFRAY Marius (député - Indre-et-Loire – Socialiste SFIO)
• MAHIEU Albert (sénateur – Nord – Union démocratique radicale)
• MAJUREL Moïse Élie Charles (député - Hérault – Socialiste SFIO)
• MALLARMÉ André (sénateur – Alger – Non inscrit)
• MALON Émile (député - Manche - Non inscrit)
• MALRIC Ernest Jean Marie (député - Tarn - Radical-socialiste)
• MALVY Louis-Jean (député - Lot - Radical-socialiste)
• MANCEAU Anatole (sénateur – Maine-et-Loire – Union républicaine)
• MARCHANDEAU Paul Marie Henri Joseph - franc-maçon - (député - Marne - Radical-socialiste)
• MARESCAUX Léon Fleurisse Désiré (député - Nord - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• MAROGER Jean (sénateur – Aveyron – Union républicaine)
• MAROSELLI André (sénateur – Haute-Saône – Gauche démocratique)
• MARQUET Adrien (député - Gironde - Non inscrit)
• MARTEL Louis Félix (député - Haute-Savoie - Démocrate populaire)
• MARTIN François (député - Aveyron - Fédération républicaine)
• MARTIN Henri Jean Eugène (député - Marne – Socialiste SFIO – Mort pour la France)
• MARTIN Raymond (sénateur - Haute-Marne – Gauche démocratique)
• MASSE Pierre (sénateur - Hérault – Gauche démocratique)
• MASSÉ Émile Claude Antoine (député - Puy-de-Dôme - Radical-socialiste)
• MASSÉ Joseph François Louis (député - Cher - Indépendants d'union républicaine et nationale)
• MASSOT Marcel Xavier (député - Basses-Alpes - Radical-socialiste)
• MASTEAU Jacques (député - Vienne - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• MATHÉ Pierre (député - Côte-d'Or - Agraire indépendant)
• MAUGUIÈRE Albert Jules Marie (député - Haute-Saône - Radical-socialiste)
• MAULION Paul (sénateur – Morbihan – Gauche démocratique)
• MAUPOIL Henri (sénateur – Saône-et-Loire – Gauche démocratique)
• MAURICE Georges (sénateur – Vienne – Gauche démocratique)
• MECK Henri (député - Bas-Rhin - Action populaire)
• MÉDECIN Jean (sénateur – Alpes-Maritimes – Non inscrit)
• MELLENNE André Gervais Paul Albert (député - Oise - Radical-socialiste)
• MÉNIER Georges (député - Charente - Radical-socialiste)
• MENNECIER Albert Omer Clovis (député - Aisne – Socialiste SFIO)
• MERLIN Henry (sénateur – Marne – Gauche démocratique)
• MEYER Léon (député - Seine-Inférieure - Radical-socialiste – n’a pas terminé son mandat)
• MICHARD-PELLISSIER Jean Lucien Victor (député - Hautes-Alpes - Gauche indépendante)
• MICHEL Augustin (député - Haute-Loire - Fédération républicaine)
• MICHEL Pierre (sénateur - Côtes-du-Nord – Gauche démocratique )
• MIELLET Edmond (député - Territoire-de-Belfort - Radical-socialiste)
• MILAN François (sénateur – Savoie – Gauche démocratique)
• MILLIÈS-LACROIX Eugène (sénateur – Landes – Gauche démocratique)
• MIREAUX Émile (sénateur – Hautes-Pyrénées – Union démocratique radicale)
• MISTLER Jean (député - Aude - Radical-socialiste)
• MITTON Jules (député - Eure-et-Loir - Radical-socialiste)
• MOLLARD Maurice (sénateur – Savoie – Gauche démocratique)
• MONCELLE Édouard Marius Joseph (député - Moselle - Union républicaine démocratique)
• MONFORT Louis Marie (député - Finistère - Non inscrit)
• MONSACRÉ Fernand (sénateur – Aube – Non inscrit)
• MONSSERVIN Joseph (sénateur – Aveyron – Union républicaine)
• DE MONTAIGU Hubert (député - Loire-Inférieure - Fédération républicaine)
• DE MONTALEMBERT Geoffroy (député - Seine-Inférieure - Non inscrit)
• MONTIGNY Jean Auguste (député - Sarthe - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• DE MONZIE Anatole (député - Lot - Union socialiste et républicaine)
• MORANE Paul (député - Côtes-du-Nord - Républicains indépendants et d'action sociale)
• MOREAU Gaston Maurice (député - Maine-et-Loire - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• MORIN Ferdinand (député - Indre-et-Loire – Socialiste SFIO)
• MOURIER Louis (sénateur – Gard – Gauche démocratique)
• MULLER Eugène (sénateur – Bas-Rhin – Action nationale républicaine et sociale)
• MURET Auguste Joseph Vincent (député – Hautes-Alpes – Socialiste SFIO)
• NACHON Louis (député - Jura - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• NADER Hervé (député - Finistère - Républicains indépendants et d'action sociale)
• NAPHLE André (député - Gironde – Socialiste SFIO)
• NAUDIN Achille (sénateur - Nièvre – Union démocratique radicale)
• NAUDIN Raoul (député - Nièvre - Radical-socialiste)
• NÉRON Édouard (sénateur – Haute-Loire - Action nationale républicaine et sociale)
• NEYRET Jean (sénateur – Loire – Union démocratique radicale)
• NIEL Jean (député - Aveyron - Républicain indépendant)
• NOUELLE Georges (député - Saône-et-Loire – Socialiste SFIO)
• OBERKIRCH Alfred (député - Bas-Rhin - Fédération républicaine)
• OUVRÉ Albert (sénateur – Seine-et-Marne – Non inscrit)
• PAGEOT Auguste (député - Loire-Inférieure – Socialiste SFIO)
• PALMADE Maurice (sénateur – Charente-Inférieure – Gauche démocratique)
• PASCAUD Édouard Pierre Ausonne François (député - Charente - Radical-socialiste
• PATIZEL Henri (sénateur – Marne – Gauche démocratique)
• PAULIN Albert (député - Puy-de-Dôme – Socialiste SFIO)
• PAVIN de LAFARGE Henri (sénateur – Ardèche – Union républicaine)
• PÉBELLIER Eugène-Gaston (député - Haute-Loire - Républicains indépendants et d'action sociale)
• PÉCHEROT René (député - Drôme - Radical-socialiste)
• PEISSEL François (député - Rhône - Républicains indépendants et d'action sociale)
• PELLÉ Léon (député - Loiret - Républicain indépendant)
• PELLETIER Jean (sénateur – Saône-et-Loire – Gauche démocratique)
• PERDRIX Henri (sénateur – Drôme – Gauche démocratique)
• PÉRIN Émile (député - Nièvre - Parti de l'unité prolétarienne)
• PERNOT Georges (sénateur – Doubs – Union républicaine)
• PERREAU-PRADIER Pierre (député - Yonne - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• PERREIN Émile (député - Maine-et-Loire - Radical-socialiste)
• PESCHADOUR Julien (député - Corrèze – Socialiste SFIO)
• PETSCHE Maurice (député - Hautes-Alpes - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• PEUGEOT François (député - Doubs - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• PEYRONNET Albert (sénateur – Allier – Gauche démocratique)
• PEZET Ernest (député - Morbihan - Démocrate populaire)
• PICHERY Pierre (sénateur – Loir-et-Cher – Non inscrit)
• PIÉTRI François (député - Corse - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• PILLOT Armand (député - Seine – Communiste)
• PINAULT Étienne (député - Ille-et-Vilaine - Démocrate populaire – décédé avant la fin de son mandat)
• PINAY Antoine (sénateur – Loire – Union démocratique radicale)
• PINELLI Noël (député - Seine - Républicain indépendant)
• PITTI-FERRANDI François (sénateur – Corse – Gauche démocratique)
• PLANCHE Camille (député - Allier – Socialiste SFIO)
• PLICHON Jean-Pierre (député - Nord - Républicains indépendants et d'action sociale)
• POINTAIRE Adolphe (sénateur – Jura – Gauche démocratique)
• POITOU-DUPLESSY Jacques (député - Charente - Fédération républicaine)
• POLIMANN Lucien-Angèle (député - Meuse - Républicains indépendants et d'action sociale)
• POMARET Charles (député - Lozère - Union socialiste et républicaine)
• PONSARD Henry (député - Bouches-du-Rhône - Républicains indépendants et d'action sociale)
• PORTMANN Georges (sénateur – Gironde – Non inscrit)
• POTUT Georges (député - Nièvre - Radical-socialiste)
• PRESSEQ Léopold (sénateur – Tarn-et-Garonne – Gauche démocratique)
• PRINGOLLIET André (député - Savoie - Union socialiste et républicaine)
• PROVOST-DUMARCHAIS Gaston (sénateur – Nièvre – Union républicaine)
• QUEINNEC Jacques (sénateur – Finistère – Union républicaine)
• QUENETTE Jean (député - Meurthe-et-Moselle - Républicains indépendants et d'action sociale)
• QUINSON Aimé (député - Ain – Socialiste SFIO)
• RADULPH Jules Albert (député - Calvados - Agraire indépendant)
• RAMBAUD Louis (sénateur - Vendée – Action nationale républicaine et sociale)
• RANQUET Joseph Valentin (député - Gard - Radical-socialiste)
• RAUX Lucien (député - Nord - Communiste)
• RAUZY Alexandre (député - Ariège - Socialiste SFIO)
• RAVANAT Joannès (député - Isère - Socialiste SFIO)
• RAY André Victor (député - Isère - Radical-socialiste)
• RAYNAUD Clément (sénateur – Aude – Gauche démocratique)
• RÉGIS Marcel André (député - Algérie - Socialiste SFIO)
• REIBEL Charles (sénateur – Seine-et-Oise – Union républicaine)
• REILLE-SOULT-DALMATIE François (député - Tarn - Démocrate populaire)
• RICHARD Paul (député - Rhône - Fédération républicaine)
• RIFFATERRE Camille Guillaume (député - Creuse - Socialiste SFIO)
• RILLART de VERNEUIL Henri (sénateur – Aisne – Action nationale républicaine et sociale)
• RIO Alphonse (sénateur - Morbihan –gd)
• RIOU Gaston Édouard (député - Ardèche - Radical-socialiste)
• RIVES Paul Jacques Marius (député - Allier - Socialiste SFIO)
• RIVIÈRE Albert Marcel (député - Creuse - Socialiste SFIO)
• ROBBE Fernand (député - Seine-et-Oise - Radical-socialiste)
• ROBERT Léopold (sénateur - Vendée – Action nationale républicaine et sociale)
• ROBERT Maurice (député - Aube - Radical-socialiste)
• DE ROCCA-SERRA Camille Charles Joseph Eugène Roch (député - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• ROCHEREAU Victor (député - Vendée - Républicain indépendant)
• ROGÉ Gaston (sénateur – Meurthe-et-Moselle – Union républicaine)
• ROLDES Maxence Jean-Baptiste (député - Yonne - Socialiste SFIO)
• ROLLIN Louis Marie Joseph Étienne (député - Seine - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• ROLLIN René Alfred Émile (député - Haute-Marne - Radical-socialiste)
• ROTINAT Vincent (député - Indre - Radical-socialiste)
• des ROTOURS Guillaume (sénateur – Nord – Union démocratique radicale)
• ROUCAYROL Fernand (député - Hérault - Socialiste SFIO)
• ROUGER Hubert (député - Gard - Socialiste SFIO)
• ROULLEAUX-DUGAGE Georges Henri Maurice Christian (député - Orne - Fédération républicaine)
• ROUMAJON Jean Edmond (député - Corrèze - Socialiste SFIO)
• ROUSSEL Édouard (sénateur - Nord – Union démocratique radicale)
• ROUSSEL Émile (sénateur - Aisne – Action nationale républicaine et sociale)
• ROUSTAN Mario (sénateur – Hérault – Gauche démocratique)
• ROUX François (député - Saône-et-Loire - Socialiste SFIO)
• ROY Henri (sénateur - Loiret - Gauche démocratique)
• ROZIER Félix (sénateur – Drôme – Gauche démocratique)
• DE SAINT-JUST François (député - Pas-de-Calais - Fédération républicaine)
• DE SAINT-PERN Henri (député - Maine-et-Loire - Fédération républicaine)
• SAINT-VENANT Charles (député - Nord - Socialiste SFIO)
• SALENGRO Henri (député - Nord - Socialiste SFIO)
• SARRAUT Albert (sénateur – Aude – Gauche démocratique)
• SATINEAU Maurice (député - Guadeloupe - Union républicaine et sociale)
• SAUDUBRAY François (député - Sarthe - Démocrate populaire)
• SAURIN Paul (député - Algérie - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• SCAPINI Georges (député - Seine - Républicain indépendant)
• SCHRAMECK Abraham (sénateur – Bouches-du-Rhône – Gauche démocratique)
• SCHUMAN Robert (député - Moselle - démocrate populaire - un des pères fondateur de l'Europe !)
• SCLAFER James (sénateur - Charente-Inférieure - Radical-socialiste – Gauche démocratique)
• SELLIER Louis (député - Seine - parti de l'Unité prolétarienne)
• SELTZ Thomas (député - Bas-Rhin - Action populaire)
• SERLIN Joseph (sénateur – Isère – Gauche démocratique)
• SÉROT Robert (député - Moselle - Républicains indépendants et d'action sociale)
• SIBUÉ Louis (député - Savoie - Socialiste SFIO)
• SILVESTRE Léon (député - Gard - Socialiste SFIO)
• SIREYJOL Léon (sénateur – Dordogne – Gauche démocratique)
• SOULA Daniel Jean-Baptiste (député - Ariège - Socialiste SFIO)
• SPINASSE Charles (député - Corrèze - Socialiste SFIO)
• SUSSET Raymond (député - Seine - Union socialiste et républicaine)
• TAITTINGER Pierre (député - Seine - Fédération républicaine)
• TALANDIER Fernand Paul Jean-Baptiste Bertrand Germain (député - Cantal - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• TASSO Henri (sénateur – Bouches-du-Rhône – Groupe socialiste - SFIO)
• TAUDIÈRE Émile (député - Deux-Sèvres - Républicains indépendants et d'action sociale)
• TAURINES Jean (sénateur – Loire – Union démocratique radicale)
• TEMPLE Emmanuel Jacques Marie (député - Aveyron - Fédération républicaine)
• DE TESSAN François Armand Delphin Jules (député - Seine-et-Marne - Radical-socialiste – Mort pour la France)
• TESSIER Georges (député - Haute-Vienne – Socialiste SFIO)
• THELLIER Paul (député - Pas-de-Calais - Alliance des républicains de gauche et des radicaux – Mort pour la France)
• THIBON Alphonse Jules Isidore (député - Ardèche - Fédération républicaine)
• THIÉFAINE Maurice (député - Loire-Inférieure – Socialiste SFIO)
• THIOLAS Maurice Antonin Barthélémy (député - Haute-Loire – Socialiste SFIO)
• THONON Charles (député - Seine-et-Oise – Socialiste SFIO)
• THORP René Pierre William (député - Gironde - Radical-socialiste)
• THOUMYRE Robert (sénateur – Seine-Inférieure – Union républicaine)
• THUREAU-DANGIN Jean (sénateur – Seine-Inférieure – Union républicaine)
• DU TINGUY DU POUËT Jean (député - Vendée - Républicains indépendants et d'action sociale)
• TIXIER-VIGNANCOUR Jean-Louis Gilbert (député - Basses-Pyrénées - Non inscrit – futur candidat d’extrême droite aux présidentielles de 1965)
• TOY-RIONT Maurice (sénateur – Hautes-Alpes – Union républicaine)
• TRANCHAND Aimé (député - Vienne - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• TRISTAN Firmin Célestin Marie (député - Morbihan - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• TURLIER Henry (sénateur – Saône-et-Loire – Gauche démocratique)
• ULMO Georges (sénateur – Haute-Marne – Gauche démocratique)
• VAILLANDET Pierre (député - Vaucluse – Socialiste SFIO)
• VALADIER Jean (sénateur – Eure-et-Loir – Gauche démocratique)
• VALAT Fernand (député - Gard – Communiste)
• VALENTIN François Charles Joseph dit FRANÇOIS-VALENTIN (député - Meurthe-et-Moselle - Fédération républicaine)
• VALIÈRE Sabinus (député - Haute-Vienne - Socialiste SFIO)
• VALLAT Xavier (député - Ardèche - Fédération républicaine)
• VALLETTE-VIALLARD Pierre (député - Ardèche - Fédération républicaine)
• VALLIN Charles (député - Seine - Parti social français)
• VANTIELCKE Roger (député - Pas-de-Calais – Socialiste SFIO)
• VARDELLE Marcel Léon (député - Haute-Vienne – Socialiste SFIO)
• VAUR Léon (député - Manche - Démocrate populaire)
• VEYSSIÈRE Gaston (sénateur – Seine-Inférieure – Union républicaine)
• VIELLARD Louis (sénateur – Territoire-de-Belfort – Union républicaine)
• VILLAULT-DUCHESNOIS Jean (sénateur – Manche – Union républicaine)
• VILLEDIEU Antoine (député - Puy-de-Dôme – Socialiste SFIO)
• VINCENT Adolphe Jules Félix Louis (député - Pas-de-Calais - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• VINCENT Émile (sénateur - Côte-d'Or - Non inscrit)
• VOIRIN Maurice (député - Ardennes – Socialiste SFIO)
• WALTER Michel (député - Bas-Rhin - Action populaire)
• WARUSFEL Alphonse (sénateur – Oise – Union démocratique radicale)
• de WENDEL Guy (sénateur - Moselle – Union républicaine)
• YBARNÉGARAY Jean (député - Basses-Pyrénées - Indépendants socialistes)


Ont voté contre :

• ASTIER Marcel (sénateur - Ardèche - Gauche démocratique)
• AUDEGUIL (Jean-)Fernand (député - Gironde - Socialiste SFIO)
• AURIOL Vincent Jules (député - Haute-Garonne - Socialiste SFIO - futur président de la 4ème République)
• BACHELET Alexandre (sénateur - Seine - Socialiste SFIO)
• BADIE Vincent Henri (député - Hérault - Radical-socialiste)
• BÉDIN Camille Fernand (député - Dordogne - Socialiste SFIO)
• BENDER Émile (sénateur - Rhône - Gauche démocratique)
• BIONDI Jean (député - Oise - Socialiste SFIO)
• BLUM Léon (député - Aude - Socialiste SFIO – n’a pas terminé son mandat)
• BONNEVAY Laurent Marie Benoît (député - Rhône - Alliance des républicains de gauche et des radicaux )
• BOULET Paul Marie Maurice (député - Hérault - Parti de la jeune République )
• BRUGUIER Georges (sénateur - Gard - Socialiste SFIO)
• BUISSET Séraphin Léopold (député - Isère - Socialiste SFIO)
• CABANNES Gaston Marie Léon (député - Gironde - Socialiste SFIO)
• CAMEL François (député - Ariège - Socialiste SFIO - n'a pas achevé son mandat - Mort pour la France)
• Marquis de CHAMBRUN Pierre (sénateur - Lozère - Non inscrit)
• CHAMPETIER de RIBES Auguste (sénateur - Basses-Pyrénées - Non inscrit)
• CHAUMIÉ Pierre (sénateur - Lot-et-Garonne - Gauche démocratique)
• CHAUSSY Arthur (député - Seine-et-Marne - Socialiste SFIO)
• COLLOMP Joseph Victorien (député - Var - Socialiste SFIO)
• CRUTEL Octave Louis Charles Célestin (député - Seine-Inférieure - Radical-socialiste )
• DAROUX Pierre (député - Vendée - Radical-socialiste )
• DELOM-SORBÉ Maurice Marie Joseph (député - Basses-Pyrénées - Gauche démocratique et radicale indépendante )
• DÉPIERRE Joseph (sénateur - Rhône - Groupe socialiste – SFIO)
• DORMOY Marx (sénateur - Allier - Groupe socialiste – SFIO)
• ELMIGER Alfred (député - Rhône - Gauche indépendante )
• FLEUROT Paul (sénateur - Seine - Gauche démocratique)
• FOUCHARD Émile (député - Seine-et-Marne - Communiste)
• FROMENT Édouard (député - Ardèche - Socialiste SFIO)
• GIACOBBI Paul (sénateur - Corse - Gauche démocratique)
• GODART Justin (sénateur - Rhône - Gauche démocratique)
• GOUIN Félix Jean (député - Bouches-du-Rhône - Socialiste SFIO)
• GOUT Henri (député - Aude - Radical-socialiste)
• GROS Louis (sénateur - Vaucluse - Groupe socialiste - SFIO)
• GUY Amédée (député - Haute-Savoie - Socialiste SFIO)
• HENNESSY James (sénateur - Charente - Union démocratique radicale - décédé en 1945)
• HUSSEL Lucien Joseph (député - Isère - Socialiste SFIO)
• ISORÉ André (député - Pas-de-Calais - Radical-socialiste)
• JARDON Eugène (député - Allier - Communiste)
• JAUBERT (Jean-)Alexis (député - Corrèze - Radical-socialiste)
• JORDÉRY Claude (député - Rhône - Socialiste SFIO - Mort pour la France)
• LABROUSSE François (sénateur - Corrèze – Gauche démocratique)
• LE BAIL Albert (député - Finistère - Radical-socialiste)
• LECACHEUX Joseph (député - Manche - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• LE GORGEU Victor (sénateur - Finistère – Gauche démocratique )
• LUQUOT Justin (député - Gironde - Union socialiste et républicaine)
• MALROUX Augustin (député - Tarn - Socialiste SFIO - Mort pour la France)
• MANENT Gaston (député - Hautes-Pyrénées - Radical-socialiste)
• MARGAINE Alfred (député - Marne - Radical-socialiste)
• MARTIN Léon Achille (député - Isère - Socialiste SFIO)
• MAUGER Robert (député - Loir-et-Cher - Socialiste SFIO)
• MENDIONDOU Jean (député - Basses-Pyrénées - Gauche indépendante)
• MOCH Jules (député - Hérault - Socialiste SFIO - n'a pas terminé son mandat)
• MONTEL Maurice Aimé Louis Joseph (député - Cantal - Gauche indépendante)
• Marquis de MOUSTIER Léonel Marie Ghislain Alfred (député - Doubs - Républicains indépendants et d'action sociale - Mort pour la France)
• MOUTET Marius (député - Drôme - Socialiste SFIO)
• NICOD René (député - Ain - Communiste)
• NOGUÈRES Louis (député - Pyrénées-Orientales - Socialiste SFIO)
• ODIN Jean (sénateur - Gironde – Gauche démocratique)
• PAUL-BONCOUR Joseph (sénateur - Loir-et-Cher – Gauche démocratique)
• PERROT Jean (député - Finistère - Radical-socialiste)
• PÉZIÈRES Georges (sénateur - Pyrénées-Orientales – Groupe socialiste - SFIO )
• PHILIP André Louis (député - Rhône - Socialiste SFIO)
• PLAISANT Marcel (sénateur - Cher – Gauche démocratique)
• (TANGUY-)PRIGENT François (député - Finistère - Socialiste)
• RAMADIER Paul (député - Aveyron - Socialiste SFIO)
• RAMBAUD Joseph Paul (sénateur - Ariège – Gauche démocratique )
• RENOULT René (sénateur – Var – Gauche démocratique)
• ROCHE Léon Pierre Laubanie (député - Haute-Vienne - Socialiste SFIO)
• ROLLAND Camille (sénateur - Rhône Gauche démocratique)
• ROLLAND Jean-Louis (député - Finistère - Socialiste SFIO)
• ROUS Joseph (député - Pyrénées-Orientales - Socialiste SFIO)
• ROY Jean-Emmanuel (député - Gironde - Radical-socialiste)
• SÉNÈS Henri (sénateur - Var - Groupe socialiste - SFIO)
• SERRE Philippe (député - Meurthe-et-Moselle - Parti de la Jeune République)
• SIMON Paul (député - Finistère - Démocrate populaire)
• THIÉBAUT Gaston Marie Léon (député - Radical-socialiste)
• THIVRIER Isidore Joseph (député - Allier - Socialiste SFIO - Mort pour la France)
• TRÉMINTIN Pierre Marie Jacques Nicolas (député - Finistère - Démocrate populaire)
• ZUNINO Michel (député - Var - Socialiste SFIO)

Se sont volontairement abstenus :

• BUREAU Georges Allyre Marie Médéric (député - Seine-Inférieure - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• CAMPARGUE Paul Jean Louis (député - Yonne – Socialiste SFIO)
• CHASSAING Eugène (sénateur - Puy-de-Dôme - Gauche démocratique)
• DRIVET Antoine (sénateur – Loire – Gauche démocratique)
• FAURE Pétrus (député - Loire - Parti de l'unité prolétarienne)
• HERRIOT Édouard (député - Rhône - Radical-socialiste)
• HONNORAT André (sénateur – Basses-Alpes – Union républicaine)
• JULES-JULIEN Alfred (député - Rhône - Radical-socialiste)
• RUFF dit LUSSY Charles (député - Vaucluse - Socialiste SFIO - n'a pas achevé son mandat)
• MICHEL Marcel (sénateur - Dordogne – Gauche démocratique )
• MONNET Georges (député - Aisne - Socialiste SFIO)
• PERRIER Léon (sénateur – Isère – Gauche démocratique)
• ROBERT Pierre (sénateur – Loire – Gauche démocratique)
• QUEILLE Henri (sénateur – Corrèze – Gauche démocratique)
• SÉROL Albert (député - Loire - Socialiste SFIO)
• STEEG Théodore (sénateur - Seine - Gauche démocratique)
• VIDAL Raymond (député - Bouches-du-Rhône - Socialiste SFIO)

N'ont pas pris part au vote :

• AGUILLON Maurice (député - Vienne - Radical-socialiste - déporté et mort pour la France)
• ALHÉRITIÈRE Henri (sénateur - Creuse – Gauche démocratique)
• AVELINE Joseph Louis (député - Orne - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• BACQUET Paul (député - Pas-de-Calais - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• BARBIER André (sénateur – Vosges – Union républicaine)
• BASTIDE Joseph Étienne Jacques Pierre (député - Aveyron - Fédération républicaine)
• BAUD André Claude Marie (député - Jura - Indépendants d'union républicaine et nationale)
• BEAUDOIN (député - Moselle - Agraire indépendant - Mort pour la France)
• BÈCHE Émile (député - Deux-Sèvres - Socialiste SFIO)
• BÉNARD Léonus (sénateur - la Réunion – Gauche démocratique)
• BERLIA Émile (député - Haute-Garonne - Socialiste SFIO)
• BERSEZ Paul (sénateur – Nord – Gauche démocratique - décédé en 1940 )
• BETFERT Pierre (sénateur – Côtes-du-Nord Union démocratique radicale)
• BIENVENU-MARTIN Jean Baptiste (sénateur – Yonne – Gauche démocratique - décédé en 1943)
• BLAISOT Camille Charles Auguste (député - Calvados - Fédération républicaine - Mort pour la France)
• BLANCHOIN Albert Pierre René (député - Maine-et-Loire - Parti de la Jeune République)
• (PIERRE-)BLOCH Jean (député - Aisne - Socialiste SFIO - n'a pas terminé son mandat)
• BLONCOURT Élie Clainville (député - Aisne - Socialiste SFIO)
• BONDOUX Léon Georges (député - Nièvre - Socialiste SFIO)
• BOUHEY Jean Baptiste Georges (député - Côte-d'Or - Socialiste SFIO)
• BRASSEAU Paul (sénateur – Seine-et-Oise – Non inscrit)
• BROGLY Médard (sénateur – Haut-Rhin – Non inscrit)
• BUGAIN Marcel Henri (député - Aisne - Socialiste SFIO)
• CABANIS Paul Léon Rollin (député - Loiret - Radical-socialiste)
• CABART-DANNEVILLE Maurice (sénateur – Manche – Union républicaine - décédé en 1942)
• CADOT Henri Émile Christian (député - Pas-de-Calais - Socialiste SFIO)
• CAMUS Lucien Eugène René (député - Seine-et-Oise - Parti Camille Pelletan)
• CHIAPPE Jean (député - Seine - Républicain indépendant - décédé avant la fin de son mandat)
• DE CORAL Bernard Gabriel Jean Marie (député - Basses-Pyrénées - Fédération républicaine)
• CORBEDAINE Édouard (sénateur – Moselle – Union républicaine)
• COT Pierre Jules (député - Savoie - Radical-socialiste)
• COURNAULT Charles (sénateur – Meurthe-et-Moselle – Union républicaine)
• COURTIER René (sénateur – Seine-et-Marne – Non inscrit)
• CREYSSEL Paul (député - Loire - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• CUTTOLI Paul (sénateur – Constantine – Gauche démocratique)
• DAHER André (député - Bouches-du-Rhône - Fédération républicaine)
• DALADIER Édouard (député - Vaucluse - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DAMECOUR Émile (sénateur – Manche – Union républicaine - décédé en 1940 )
• DARAIGNEZ Ernest (sénateur – Landes – Gauche démocratique - décédé en 1940 )
• DECRÉQUY Gustave (député - Pas-de-Calais - Radical-socialiste)
• DELABIE Maurice (député - Somme - Radical-socialiste)
• DEMELLIER Louis (sénateur – Deux-Sèvres – Gauche démocratique - décédé en 1943)
• DENTU Georges (sénateur – Orne – Action nationale républicaine et sociale)
• DEZARNAULDS Pierre (député - Loiret - Radical-socialiste)
• Marquis de DION Albert (sénateur – Loire-Inférieure –Action nationale républicaine et sociale)
• DUBOIS Marius (député - Algérie - Socialiste SFIO - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DUPUIS Armand Camille (député - Oise - Radical-socialiste)
• ENJALBERT René (député - Algérie - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• FAURE Paul (député - Saône-et-Loire - Socialiste SFIO)
• FIÉ Arsène-Célestin (député - Nièvre - Socialiste SFIO)
• de FONTAINES Raymond (sénateur – Vendée – Action nationale républicaine et sociale)
• FORCINAL Albert (député - Eure - Union socialiste et républicaine)
• FRANÇOIS-SAINT-MAUR Charles (sénateur – Loire-Inférieure – Non inscrit)
• FULLY Pierre (député - Landes - Radical-socialiste - décédé avant la fin de son mandat)
• GAUTRON Jacques (sénateur – Eure-et-Loir – Union démocratique radicale)
• GEISTDOERFER Michel (député - Côtes-du-Nord - Radical-socialiste)
• GILBERT Raymond (sénateur – Eure-et-Loir – Union démocratique radicale - s'est retiré de la vie politique dès l'Armistice de 1940)
• GORÉ Alexandre (sénateur – Oise – Union démocratique radicale - s'est retiré de la vie politique dès l'Armistice de 1940)
• GUASTAVINO Jean-Marie (député - Algérie - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• GUÉRIN Gustave (sénateur – Manche – Union républicaine)
• HACHETTE René (sénateur – Aisne – Union républicaine - décédé en 1940)
• Duc d'HARCOURT François (député - Calvados - Républicain indépendant)
• HAUET Albert (député - Aisne - Radical-socialiste - décédé avant la fin de son mandat)
• HENNESSY Jean Patrick dit "James" (député - Alpes-Maritimes - Non inscrit)
• HÉRY René (sénateur – Deux-Sèvres – Gauche démocratique - décédé en 1941)
• HUEBER Charles Louis (député - Bas-Rhin - Action populaire)
• IHUEL Paul François Joseph Marie (député - Morbihan - Non inscrit)
• INIZAN Vincent Marie (député - Finistère - Fédération républicaine)
• IZARD Georges (député - Meurthe-et-Moselle - Parti frontiste)
• JONAS Édouard Léon (député - Alpes-Maritimes - Union socialiste et républicaine)
• JOSSOT Pierre (sénateur – Côte-d’Or – Gauche démocratique - décédé en 1941)
• JOVELET Anatole (sénateur – Somme – Gauche démocratique)
• (CALLOC’H) DE KÉRILLIS Henri (député - Seine - Républicain indépendant – n’a pas terminé son mandat)
• Vicomte de LA GRANDIÈRE Palamède (sénateur – Maine-et-Loire - Action nationale républicaine et sociale)
• Baron de LA GRANGE Amaury (sénateur - Nord – Union républicaine)
• LAGROSILLIÈRE Marie Joseph Samuel (député - Martinique - Socialiste SFIO)
• LA MYRE-MORY Robert (député - Lot-et-Garonne - Alliance des républicains de gauche et des radicaux - n'a pas achevé son mandat - Mort pour la France)
• LANDRY Adolphe (député - Corse - Radical-socialiste)
• LAPIE Pierre-Olivier (député - Meurthe-et-Moselle - Union socialiste et républicaine)
• LARDIER Émile (député - Territoire-de-Belfort - Fédération républicaine)
• LASSALLE Jean-Robert (député - Landes - Radical-socialiste - n'a pas achevé son mandat - Mort pour la France)
• LAURENT Augustin (député - Nord - Socialiste SFIO)
• LAUVRAY Léon (sénateur – Eure – Union républicaine)
• LEBAS Jean-Baptiste (député - Nord - Socialiste SFIO - Mort pour la France)
• LECOURTIER Georges (sénateur – Meuse – Union républicaine - décédé avant la fin de son mandat)
• LEDERLIN Paul (sénateur – Corse – Gauche démocratique)
• LEJEUNE Max Marius Achille (député - Somme - Socialiste SFIO)
• LE PÉVEDIC Joseph Marie (député - Morbihan - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• LEROY Jean (député - Vosges - Parti de la Jeune République)
• LONGUET Ignace Théophile (député - Charente-Inférieure - Radical-socialiste)
• LOUBRADOU Paul (député - Dordogne - Communiste)
• DU LUART Jacques Louis Jean Robert (député - Seine-Inférieure - Fédération républicaine)
• Marquis de LUDRE-FROLOIS René (sénateur – Orne – Action nationale républicaine et sociale)
• DE LYROT Hervé Léon Charles (député - Ille-et-Vilaine - Républicain indépendant)
• MABRUT Adrien François (député - Puy-de-Dôme - Socialiste SFIO)
• MAËS Alfred Jacques Wulfrand (député - Pas-de-Calais - Socialiste SFIO)
• MAGNAN André Jean Marie (député - Loire - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• MARIE André (député - Seine-Inférieure - Radical-socialiste)
• MARIN Louis (député - Meurthe-et-Moselle - Fédération républicaine)
• MASSON Louis (député - Nord - Socialiste SFIO - décédé avant la fin de son mandat)
• MAZERAND Georges (député - Meurthe-et-Moselle - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• MENDÈS FRANCE Pierre Isaac Isidore (député - Eure - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• MÉTAYER Georges Eugène (député - Seine-Inférieure - Radical-socialiste)
• MEUNIER Jean (député - Indre-et-Loire - Socialiste SFIO)
• MILLERAND Alexandre (sénateur – Orne – Union républicaine)
• MIROUEL Arthur (sénateur – Meuse – Union républicaine)
• MONNERVILLE Gaston Charles François (député - Guyane - Radical-socialiste - en 1939, il s'est porté volontaire pour servir la France dans la Marine et donc le 10 juillet 1940 il était à bord du Le Provence en Méditérannée. Il y était encore lors de la bataille de Mers el-Kébir - président du Sénat après le guerre)
• de MONTI de REZÉ Henri (sénateur – Mayenne – Action nationale républicaine et sociale)
• MORINAUD Émile (député - Algérie - Gauche démocratique et radicale indépendante)
• MORIZET André (sénateur – Seine – Groupe socialiste - SFIO)
• NICOLAS Eugène (sénateur – Haute-Vienne – Groupe socialiste - SFIO)
• OSTERMANN Paul (sénateur – Haut-Rhin – Non inscrit)
• PARMENTIER André (député - Nord - Fédération républicaine)
• PATENÔTRE Raymond (député - Seine-et-Oise - Union socialiste et républicaine)
• PETER Émile (député - Moselle - Action populaire)
• PITOIS Pierre (député - Marne - Républicains indépendants et d'action sociale)
• PLANCKE Gabriel (député - Nord - Gauche indépendante)
• PLARD René (député - Aube - Parti de l'unité prolétarienne)
• DE POLIGNAC François (député - Maine-et-Loire - Républicains indépendants et d'action sociale)
• TOURNAIRE dit RENAITOUR Jean-Michel (député - Yonne - Gauche indépendante)
• RÉTHORÉ Raymond (député - Charente - Radical-socialiste)
• RICHARD Adrien (sénateur - Vosges – Union républicaine)
• RICHARD René (député - Deux-Sèvres - Radical-socialiste)
• ROMASTIN Théophile Victor Marie (député - Sarthe - Radical-socialiste)
• de ROTHSCHILD Maurice (sénateur – Hautes-Alpes – Non inscrit)
• ROUX-FREISSINENG Pierre (sénateur – Oran – Union démocratique radicale)
• RUCART Marc Émile (député - Vosges - Radical-socialiste)
• SALLÈS Antoine (député - Rhône - Républicains indépendants et d'action sociale)
• SAUSSOT Gustave (député - Dordogne - Communiste)
• SELLIER Henri (?)(sénateur - Seine – Groupe socialiste - SFIO)
• SERDA Joseph (député - Algérie - Gauche indépendante)
• SÉVÈRE Joseph Victor - franc-maçon - (député - Martinique - Union républicaine)
• SIGRIST Joseph (sénateur – Bas-Rhin – Non inscrit)
• SION Paul (député - Pas-de-Calais - Socialiste SFIO)
• SOURIOUX Ernest (député - Creuse - Indépendants d'union républicaine et nationale - Mort pour la France)
• TELLIER Alphonse (député - Pas-de-Calais - Socialiste SFIO)
• THIBAULT Albert (sénateur - Sarthe – Union républicaine)
• THOMAS Eugène (député - Nord - Socialiste SFIO)
• TRIBALLET Henri (député - Eure-et-Loir - Union socialiste et républicaine)
• TURBAT Eugéne (sénateur – Loiret – Gauche démocratique)
• URBAN Jean-Jacques (sénateur – Bas-Rhin – Union républicaine)
• VASSAL Jean (député - Oise - Socialiste SFIO)
• VASSEUX Édouard (sénateur – Oise – Gauche démocratique)
• VIÉNOT Pierre (député - Ardennes - Union socialiste et républicaine - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• WIEDEMANN-GOIRAN Fernand (député - Seine - Indépendants d'union républicaine et nationale)
• WILTZER Alex (député - Action populaire - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• WOLFF Jules (sénateur – Moselle – Union républicaine)
• ZAY Jean (député - Loiret - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca - mort pour la France)

Ne peuvent prendre part au vote :

• MOURER Jean-Pierre (député - Bas-Rhin - Action populaire)
• ROSSÉ Joseph (député - Haut-Rhin - Action populaire)
• STÜRMEL Marcel (député - Haut-Rhin - Action populaire)

N'ont pas pris part au vote comme s'étant excusés de ne pouvoir assister à la séance :

• BASTID Paul Raymond Marie (député - Cantal - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• BÉRENGER Henry (sénateur - Guadeloupe – Gauche démocratique)
• BROUT Marcel Louis Charles (député - Seine - Communiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• CAMPINCHI César Sampiero Auguste Napoléon Jérôme (député - Corse - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca - décédé avant la fin de son mandat)
• CATALAN Camille Constant (député - Gers - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DELATTRE Gabriel Émile (député - Ardennes - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DELBOS Yvon Pierre Stanislas (député - Dordogne - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DENAIS Joseph Paul Émile Marie (député - Seine - Fédération républicaine - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DUPONT André Adolphe François (député - Eure - Socialiste SFIO - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DUPRÉ Léandre (député - Nord - Socialiste SFIO - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• DUVAL Alexandre Henri (député - Eure - Fédération républicaine)
• DIOUF Galandou (député - Sénégal - Gauche indépendante - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• GRUMBACH Salomon (député - Tarn - Socialiste SFIO - n'a pas terminé son mandat - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• HIRSCHAUER Auguste général (sénateur – Moselle – Union républicaine - décédé en 1943)
• JACQUINOT Louis (député - Meuse - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• (QUÉNAULT) DE LA GROUDIÈRE Bernard (député - Manche - Fédération républicaine - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• LAZURICK Maurice dit Robert (député - Cher - Socialiste SFIO - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca - n'a pas terminé son mandat)
• LE TROQUER André (député - Seine - Socialiste SFIO - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• LÉVY-ALPHANDÉRY Georges (député - Haute-Marne - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca - n'a pas achevé son mandat)
• LOUIS ROTHSCHILD dit MANDEL Georges (député - Gironde - Républicain indépendant - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca - Mort pour la France)
• MOUNIÉ Auguste (sénateur – Seine – Gauche démocratique)
• PARAYRE Joseph (sénateur – Pyrénées-Orientales – Groupe socialiste - SFIO)
• PERFETTI Camille (député - Haute-Marne - Radical-socialiste - questeur de la Chambre - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• PHILIP Jean (sénateur - Gers – Gauche démocratique)
• RÉVILLON Tony (sénateur – Ain – Gauche démocratique - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
• REYNAUD Paul (député - Seine - Alliance des républicains de gauche et des radicaux)
• SCHMIDT Jammy (député - Oise - Radical-socialiste - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
•STUHL Jean (général) (sénateur - Moselle - Action nationale républicaine et sociale - mort en 1942)
•THOMAS Jean-Marie (député - Saône-et-Loire – Socialiste SFIO - embarqué sur le Massilia au départ du Verdon à destination de Casablanca)
•de WENDEL François (sénateur - Meurthe-et-Moselle – Union républicaine)

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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 11:40

 

Le nazisme a eu un impact considérable dans l’Europe du XXème siècle puisqu'il fut en partie responsable d'une guerre mondiale. Il s’est véritablement imposé en Allemagne au début des années 1930, par l’intermédiaire mouvement National-Socialiste, puis s’est propagé dans une grande partie de l’Europe jusqu’en 1945, avec la chute du IIIèmeReich. Les tenants de cette idéologie avaient la volonté d’établir la domination de la « race aryenne » sur le Vieux Continent, tout en éliminant l’influence des « races » indésirables. Mais quelle est réellement l’origine du nazisme ? Les dignitaires du régime nazi étaient-ils influencés par des sociétés secrètes ? Nous pourrons nous apercevoir, dans cet article, que cette doctrine raciste n’est pas née de la seule plume d’Adolph Hitler et de son Main Kampf, mais qu’elle apparue à la suite d’un long processus intellectuel, avant d’être théorisé puis reprit par des hommes politiques, pour devenir « religion » d’Etat. Pour information, cet article a été réalisé avec l'objectif de déterminer l'origine du nazisme, donc je ne soutiens en aucun cas cette doctrine.

 

Du nationalisme allemand au pangermanisme

 

L’idée d’un Etat unique regroupant toutes les populations germaniques est indivisible du nazisme. Elle doit donc être étudiée. Ce souhait d'une nation unifié a émergé au début du XIXème siècle par l’intermédiaire du théoricien Johann Gottlieb Fichte (1762-1814). Proche de Kant, ce philosophe athéiste a écrit les Discours de la nation allemande en 1808, à une période où la majorité des Etats européens étaient soumis à l’Empire de Napoléon Ier. En opposition à la domination française, une conscience nationale est apparue en Allemagne comme dans la plupart des régions d'Europe. Il ne faut pas oublier qu’avant 1870, l’Allemagne était composée de plusieurs Cités-Etats indépendantes les unes des autres, et étaient intégrées au sein du Saint-Empire Germanique. A travers son œuvre, Fichte va défendre le développement d’une conscience nationale allemande et va assigner à son peuple une mission spirituelle. Il était convaincu que les Etats Allemands ne pourraient être plus forts que s’ils s’unissaient au sein d’une même nation. Après la chute de l’Empire napoléonien, en 1815, la conscience d’une unité nationale allemande va progressivement se développer. En 1834 est crée une union douanière entre les différents Etats (la Zollverein). Mais à partir de 1848 s’affirme une querelle de conception nationaliste entre les partisans d’une "Grande Allemagne", incluant notamment l’Autriche, et ceux d’une "Petite Allemagne", rassemblée autour de la Prusse. Ce sont les défenseurs de cette dernière qui vont s’imposer durant la deuxième moitiée du XIXème siècle. En 1866, les Prusses combattent victorieusement l’Autriche à Sadowa, anéantissant provisoirement la réalisation d’une "Grande Allemagne". Après la guerre franco-allemande de 1870, la "Petite Allemagne" sort vainqueur du duel l’opposant à la France de l’empereur Napoléon III, notamment grâce à la politique d'Otto Von Bismarck. Le 18 janvier 1871, celui-ci fait proclamer l’Empire allemand, et en devient chancelier. Néanmoins, après le départ du "Chancelier de fer" en 1890, l’idée d’une "Grande Allemagne" reprend forme et va profondément influencer l’empereur Guillaume II.
En parallèle, le nationalisme va évoluer à travers deux théories : d’une part, promouvoir une alliance économique et politique entre les Etats allemands ; d’autre part, le besoin d’une union politique entre tous les peuples d’origine germanique. C'est à travers la seconde théorie que la conception raciale apparaît. Paradoxalement, elle va d'abord être développée par un français, Joseph Arthur comte de Gobineau (1816-1882). Cet écrivain et diplomate va faire le tour du monde. En effet, à partir de 1851, il va effectuer diverses missions diplomatiques en Ottomanie, en Allemagne, en Grèce, au Brésil et en Suède. Gobineau publia plusieurs ouvrages que nous pouvons citer : Le Prisonnier chanceux (1846), Adélaïde (1869), Souvenirs de voyage (1872), Nouvelles asiatiques (1876), Les religions et les philosophies dans l’Asie centrale (1865), Histoire des Perses (1869). Mais ce grand intellectuel va aussi développer des théories raciales à travers son Essai sur l’inégalité des races humaines, publié en 1853. Selon lui, la race est la cause essentielle de la prospérité et de la décadence des différentes civilisations. Il affirme la supériorité de la race indo-européenne par rapport aux autres races, à la fois intellectuelle et morale. Par ailleurs, la pureté du sang doit déterminer la hiérarchie raciale, et s'oppose au métissage qu'il considère comme une menace de dégénérescence contribuant au déclin des civilisations. Cependant, même si Gobineau met en valeur le principe de hiérarchie raciale, on reste assez éloigné de l'idéologie nazie. En effet, celui-ci prônait une théorie élargie des races, avec les Indo-Européens comme êtres supérieurs, donc comprenant les Celtes, les Latins, les Anglo-Saxons, ... . En parallèle, il ne définit pas les Tziganes et les Juifs comme des dangers permanents.
Cependant, la conception d'"espace vital", c'est à dire de Lebensraum, apparait en Allemagne de la plume d'un dénommé Friedrich Ratzel. Partisan du darwinisme concernant l'évolution des espèces, Ratzel va publier Géographie politique en 1897. Il explique que l'Etat subi les mêmes influences que toute vie et que ce sont les bases de l'extension des hommes sur la terre qui déterminent logiquement l'extension de leurs Etats. Malgré tout, cette pensée est avant tout influencée par les idées de Darwin selon laquelle chaque être vivant, animal et végétal, se développe selon le milieu naturel dans lequel il évolue. Par conséquent, chaque race doit selon lui évoluer à l'intérieur d'un espace vital qui lui est propre et que la nature a fixé : "Les frontières ne sont pas à concevoir autrement que comme l'expression d'un mouvement organique et inorganique". Toutefois, il faut replacer le contexte. Ratzel souhaitait sans doute justifier et promouvoir l'existence d'une Allemagne unifiée. De plus, cette jeune nation voulait à l'époque concurencer la Grande Bretagne et la France dans la colonisation du globe. Ratzel n'était pas indifférent à ce phénomène et soutenait que les peuples primitifs (Naturvölker) de l'Afrique, Océanie et des îles s'opposent par leurs traits aux peuples évolués (Kulturvölker) de l'Ancien et du Nouveau Monde. Par conséquent, ces derniers avaient pour lui naturellement le droit d’occuper les territoires des premiers. Par la suite, la conception d'espace vital sera repris plus tard par les fondateurs de l'idéologie nazie.
 
 Par la suite, un Allemand d'origine anglaise va développer les théories de Gobineau et les associer avec certaines idées de Ratzel, Houston Stewart Chamberlain (1855-1927). Natif de Portsmouth en Angleterre, Chamberlain a passé la majeure partie de sa vie dans des pays germaniques. Il fit des études à Vienne, s'installa en Allemagne en 1885, puis se maria avec Eva en 1908, qui n'est autre que la fille du compositeur Richard Wagner. En 1916, celui-ci obtint la nationalité allemande et milite en faveur du IIème Reich contre la France et l'Angleterre, son pays d'enfance. Mais Chamberlain s'est surtout fait connaître pour son ouvrage Les Fondements du xixe siècle (Die Grundlagen des neunzehnten Jahrhunderts) publié en 1899, puis traduit en anglais en 1911. En s'inspirant de Gobineau, il met en valeur l'idée de pureté raciale, et affirme la supériorité du peuple allemand qui serait issu d’une souche teutonique ou aryenne dominante. Mais au contraire du Français, l'Allemand pense que le peuple Juif et le peuple Tzigane sont des dangers pour la survie de la civilisation. Il va avoir  un grand  succès en Allemagne. Après la Grande Guerre et le traumatisme de la défaite allemande, ses théories seront reprises par la Ligue Pangermaniste (Alldeutscher Verband). Cette organisation a été fondée en 1891 à Berlin sous le nom de Ligue Générale Allemande, puis sera réorganisée sous le terme de Ligue pangermaniste en 1894 par Ernst Hasse. La Ligue va propager ses théories par des tracts, des livres et des conférences, et se réfère essentiellement aux idées de Chamberlain. Elle va défendre l’idée de race (Volkstum) et veut faire prendre conscience aux ressortissants allemands d’une unité culturelle germanique transcendant les frontières. Cette idée va s'additionner à la théorie de la "Grande Allemagne", et elle trouve un écho favorable chez les Allemands d’Autriche et les Sudètes de Tchécoslovaquie. Des hommes politiques viennois, comme Karl Lueger et Georg von Schönerer, vont y adhérer en professant leurs idées pangermanistes et racistes. La volonté d'une "Grande Allemagne" sous l'influence du pangermanisme va être mis en avant en 1911 par l'intermédiaire de Otto Richard Tannenberg. Auteur de La plus grande Allemagne, quelques-uns de ses arguments deviendront politique d'Etat, comme ce passage : "Quelle situation pitoyable que la nôtre, si l'on considère que pas moins de 25 millions d'allemands, c'est-à-dire 28 pour cent de la race, vivent au-delà des limites de l'empire allemand ! C'est là un chiffre colossal, et un fait pareil ne saurait se produire dans un autre État quelconque sans susciter la plus vive indignation de tous les citoyens et l'effort le plus passionné pour remédier au mal sans plus attendre. [...] Qui pourrait empêcher 87 millions d'hommes de former un empire, s'ils en faisaient le serment ?" Le pangermanisme est l'une des bases du national-socialisme. Les annexions de territoires abritant des populations germaniques (Autriche, Tchécoslovaquie, Pologne) durant les années trente servirent de prétexte à la réalisation des ambitions pangermanistes de l’Allemagne nazie : constituer une « Grande Allemagne » en Europe. En parrallèle, les nazis tentèrent de s'appuyer sur des scientifiques pour prouver leur théorie. L’anthropologue et raciologue Hans Günther reprit aussi les idées de Gobineau sur l‘inégalité des races, tout comme l’avait fait Chamberlain. Il publia notamment Les peuples de l’Europe (Kleine Rassenkunde Europas) en 1924 et fut l‘un des plus célèbres raciologues du IIIème Reich. L’un de ses élèves les plus connus était Bruno Beger qui devint également anthropologue. Celui-ci travailla notamment au RuSHA (Bureau pour la race et la population) à partir de 1934, ainsi qu’à l’Ahnenerbe (qui signifie Héritage Ancestral en français) qui fut une organisation crée le 1er juillet 1935 par Heinrich Himmler et qui avait pour but était de prouver la validité des hypothèses sur la supériorité raciale des « Aryens ». Beger participa même à une expédition en 1938 afin de recueillir des informations sur les origines et le développement de la race aryenne dans cette région. Durant la Seconde Guerre mondiale, il tenta de récupérer des squelettes afin de créer une collection anthropométrique servant à l'identification des juifs. Cependant, la théorie pangermaniste n'aurait jamais pu s'imposer si elle n'avait pas été soutenue par des sociétés secrètes, dont la plus importante était l'ordre de Thulé.

L'influence de Thulé

 

L’ordre de Thulé est sans aucun doute l’une des sociétés secrètes la plus influente dans l’Allemagne du début du XXème siècle. Son nom vient de l’Ultima Thulé, contrée mythique du Grand Nord située dans plaine entourée de montagnes de glace et appartenant au continent disparu Hyperborée. Ce territoire aurait sombré dans la mer, alors que l’Ultima Thulé était le berceau de la race aryenne, composée d’humains blonds aux yeux bleus. Quelques rares survivant auraient échappé au cataclysme. Cette histoire qui n'est qu'une légende est néanmoins à l’origine d'un mythe grec et a été mentionnée pour la première fois par l'explorateur du -IVème siècle Pythéas de Massalia (Marseille), à travers son ouvrage De l'Océan, ouvrage qui a aujourd'hui disparu. Néanmoins, plusieurs auteurs antiques vont l'évoquer,  notamment l'historien Hécatée d'Abdère (fin -IVème siècle) qui va consacrer un ouvrage sur Les Hyperboréens, ou encore le poète Virgile (-70 à -19), dans son œuvre l’Enéïde. Cependant, l'ordre de Thulé était à la base une organisation d'études ethnologiques s'intéressant surtout à l'Antiquité germanique. Après la fondation du groupe en 1912, la confrérie se fit d’abord remarquer en publiant une œuvre de quatre volumes intitulée Prose et poésie de l’Antiquité nordique (Altnordische Dichtung und Prosa), sous la direction du professeur Félix Niedner. Cependant, plusieurs membres furent tués durant la Première Guerre Mondiale. Après la Grande Guerre, l'association se reforma mais prit une nouvelle orientation, notamment sous l’influence du professeur et historien Paul Rohrbach qui écrivit plusieurs livres consacrés au pangermanisme. Le 17 aout 1918, ce groupe de recherche devint alors une société secrète après sa fondation par le baron Rudolf von Sobotendorff. Diffusée à Munich, ville qui fut le berceau du nazisme, Thulé prôna le paganisme, le racisme et l'antidémocratie. De plus, son symbole, la croix de Wotan (dieu pré-germanique), ressemble fortement à la croix gammée. Paul Rohrbach a eut un impact important pour avoir fait entrer un certain Karl Haushofer dans l’organisation, et lui en confia même la direction. Général et diplomate, Haushofer va reprendre la théorie du Lebenscraum de Ratzel. c’est-à-dire de l’idée d’un espace vital nécessaire à l’épanouissement de la race aryenne. Pour lui, le monde doit être divisé en zones d'influences ne devant pas être exclusivement déterminées par l'arbitraire de l'humain, mais elles renverraient à une base conforme à la nature qui en serait l'expression directe. Par conséquent, l'espace vital devient l'élément clef de sa thèse. Chaque peuple doit s'affirmer à l'intérieur d'une zone déterminée selon des dispositions naturelles puis doit s'y développer. Et s'il veut maintenir et améliorer son développement, il doit recourir à une politique étrangère adaptée à ses objectifs. Malgré tout, il y a une différence importante par rapport à la théorie de Ratzel évoquée ci-dessus. Si ce dernier a crée ce principe d'espace vitale, c'était dans le cadre d'une unification de l'Allemagne et de sa potentielle domination sur les peuples moins avancés. La géopolitique de Haushofer était essentiellement anti-impérialiste, dans le sens où elle s'opposait aux menées conquérantes des puissances thalassocratiques anglo-saxonnes. En effet, selon lui, ces dernières empêchaient le déploiement harmonieux des peuples qu'elles soumettaient et divisaient inutilement les continents. Séduit par les idées panasiatiques et paneuropéennes, le théoricien entendait dépasser les nationalismes et voulait contribuer, par ses écrits, à l'émergence de « grands espaces continentaux » formés de nations solidaires. Par ailleurs, il souhaitait la collaboration des Européens, des Russes et des Japonais dans une grande alliance eurasienne, mais fermée aux influences anglaise et américaine. Malgré tout, il ne faut pas oublier qu'Haushofer n'a jamais intégré le parti nazi et était marié à une juive, mais les partisans d'Hitler reprirent ses idées pour les appliquer à leur doctrine. L'un des premiers adhérants à cette théorie du Lebenscraum fut le dignitaire nazi Rudolph Hess, qui estimait que, conformément à l'idée d'Haushofer, l'Europe devait être partagé entre les Germains et les Anglo-Saxons. Hess était influencé par l'occultisme et la magie noire, et demandait souvent l'avis des astrologues avant de prendre des décisions importantes. Le plus réputé de ces "conseillers" était un certain Eric-Jan Hanussen, organisateur de soirées initiatiques et qui accordait des entretiens avec des responsables nazis, en échange d'une forte somme. Par ailleurs, Hitler reprit une autre idée de ce groupe, le salut de Thulé "Salut et victoire" ("Heil und Sieg"), qu'il transforma en "Sieg Heil". Comme autre membre influant, on peut rappeler le théoricien Dietrich Eckart qui va faire entrer Alfred Rosenberg. Ce dernier publiera Le Mythe du vingtième siècle en 1930, dans lequel il affirmera que la race détermine l'évolution culturelle et scientifique des civilisations tout en rappelant la supposée supériorité raciale des Germains, issue de la "race des seigneurs" de l'Ultima Thulé. Paradoxalement, l'ordre de Thulé va décliner en parallèle à la montée en puissance du national-socialisme durant les années 1930. Enfin, un décret de 1937 interdira toutes les organisations franc-maçonnes, dont Thulé faisait partie. Néanmoins, celle-ci a eu incontestablement une influence considérable envers les nationales-socialistes. D'autres sociétés secrètes avaient influencé les nazis, notamment l'Ordo Novi Templi et le Golden Dawn qui pratiquaient le culte de la mort et de la pureté de la race.

 

Le nazisme n'est pas né du jour au lendemain. Il a au contraire été l'aboutissement d'un long processus intellectuel qui s'est déroulé sur plus d'un siècle. Nous avons pu constater que le nationalisme allemand était à l'origine de ce processus, puis qu'il s'est développé pour donner naissance au pangermanisme, prônant le souhait d'un Etat composé de tous les peuples issus de la "race germanique", tout en rejetant les "races impures". Cette idéologie s'est ensuite incrustée dans des organisations maçonniques, dont l'ordre de Thulé qui était de loin la plus importante. Ces sociétés ont profondément influencé le parti National-Socialiste. Ainsi est né le nazisme.

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3 mars 2009 2 03 /03 /mars /2009 13:35

On attribue à Homère les deux plus anciens poèmes connus de la Grèce antique, l'Iliade et l'Odyssée. L'Iliade est le premier des deux poèmes qui ont été attribués à Homère. Il raconte, en vingt-quatre chants, la célèbre Guerre de Troie. Le second poème, l'Odyssée, explique la longue traversée du héros Ulysse, roi d'Ithaque, qui avait combattu avec le roi Mycénien Agamemnon face aux Troyens selon l'Iliade. Après avoir victorieusement combattu contre Troie, le roi d'Ithaque s'égara au milieu des tempêtes et va parcourir la Méditerranée pendant dix ans, affrontant divers obstacles comme le chant des sirènes ou le cyclope Polyphème, fils du dieu Poséïdon. Cependant, que sait-on de Homère ? A-t-il réellement rédigé seul ses deux oeuvres ? Où n'a-t-il tout simplement pas existé ?


Deux poèmes à succès

A partir du -VIIIème siècle, des poètes et des bardes, appelés aèdes, commençaient à parcourir la Grèce afin de raconter diverses épopées. Par ailleurs, l'écriture était mal connue des Grecs à cette époque, donc les différents évènements se transmettaient souvent de manière orale. Ce genre de récits avait un grand succès puisqu'ils faisaient régulièrement le tour de la Grèce. Au -VIème siècle, Athènes organisa des lectures publiques intégrales. Le philosophe grec Héraclite d'Ephèse est l'un des premiers à évoquer Homère au -VIème siècle. Au -Vème siècle, les jeunes écoliers grecs apprenaient fréquemment la poésie. De plus, l'écriture se développa rapidement et les récits légendaires furent inscrits sur papiers ou recopiés. L'Iliade et l'Odyssée furent largement diffusés dans toute la Grèce antique et connurent un grand succès, si bien qu'au -IVème siècle, le conquérant Macédonien Alexandre le Grand possédait toujours un exemplaire de ces deux récits, où que ses campagnes le mènent. Or il advint fréquemment qu'un auteur ajoute ou modifie quelques vers de son plein gré. Il y a ainsi plusieurs versions de l'Iliade et de l'Odyssée, même si les différences sont légères. Néanmoins, on peut se demander s'il est possible de dater ces deux oeuvres ?

Peut-on dâter les oeuvres supposées d'Homère ?

Pendant longtemps, on considérait qu'Homère avait vécu vers le -VIIIème siècle avant Jésus Christ. Cependant, les premières lectures attestées de ses deux poèmes ont lieu au -VIIème siècle. Un historien Allemand de la première moitié du XXème siècle, Wolfgang Schadewaldt, va apporter des précisions en pensant que les deux oeuvres datent de la fin du -VIIIème siècle, vers -720. Par ailleurs, les récits sont censés raconter des évènements qui se déroulaient à l'époque mycénienne (deuxième millénaire avant Jésus Christ), mais un certain nombre d'anachronismes furent constatés. Malgré tout, cela ne signifie pas pour autant que les deux oeuvres aient été des fictions. En effet, divers érudits auraient pu très bien les reprendre, mais en se basant à l'époque où ils vivaient, ou en inventant quelques passages. On peut aussi émettre l'hypothèse d'une tradition orale qui s'est perpétuée au fil des siècles, avant de mettre par écrit les poèmes. Par ailleurs, si on analyse leur composition, on peut remarquer que l'Iliade est une oeuvre aboutit et bien organisée, alors que l'Odyssée apparaît beaucoup plus désordonnée. De plus, le premier poème évoque des évènements qui auraient très bien
pu exister, avec des rencontres, des combats, l'évocation de stratégies de guerre et même quelques descriptions géographiques relativement détaillées, comme la plage du site de Troie. Par ailleurs des héros surhumains sont évoqués, mais qui incarnent des valeurs, tels que Achille symbolisant l'idéal moral du parfait chevalier, un peu comme Lancelot dans le mythe médiéval arthurien. L'Iliade ferait donc davantage référence à des évènements passés et racontés par des aèdes. En revanche, l'Odyssée est un poème très différent de son prédécesseur. En effet, le second évoque davantage une aventure fantastique avec divers êtres ou monstres issus de la mythologie, tels que les cyclopes, les nymphes, les sirènes, ... . On constate même l'intervention directe et physique de plusieurs Dieux comme Eol, le Dieu du vent, ou encore Hélios, le Dieu du Soleil. Cependant, l'auteur fait quelques fois des descriptions de la Méditerranée dans l'Odyssée, puisque Ulysse l'aurait traversé, tandis que les héros de l'Iliade ne s'aventuraient guère en mer, sauf pour aller à Troie, et les batailles ont toujours lieu sur la terre ferme. L'Odyssée met davantage en valeur la mythologie alors que l'Iliade insiste plus sur l'esprit guerrier. Peut-t-il donc s'agir du même auteur ?


Plusieurs auteurs ?


Jusqu'au XVIIème siècle, peu de personnes doutaient de l'existence d'Homère. Cependant, on ne connaît de lui même pas son lieu de naissance, et la tradition le ferait naître à Colophon, à Smyrne, à Chio, à Ios ou dans d'autres cités de la Grèce Antique. Certains expliquent même qu'il était aveugle ! Mais en 1670, l'abbé d'Aubignac publie les Conjectures académiques, dans lequel il va remettre en cause diverses incohérences entre les deux poèmes homériques. Il va jusqu'à douter de l'existence de l'aède. Cependant, à cette époque, peu de personnes s'attardaient sur le sujet. Environ un siècle plus tard, c'est-à-dire en 1795, parait Prolegomena ad Homerum de l'Allemand Friedrich August Wolf, qui va développer une critique sur les oeuvres du supposé Homère. Il va alors se demander si plusieurs auteurs anonymes se cacheraient derrière un pseudonyme ? Par la suite, l'écrivain britannique Samuel Butler élabora une hypothèse selon laquelle l'Odyssée aurait été écrite par une femme sicilienne, puisque les scènes semblent se dérouler sur les Côtes de Sicile et des îles avoisinantes. Il l'écrivit dans The authoress of the Odyssée qui fut publiée en 1897. Cette théorie n'est pas stupide pour deux raisons. La première est qu'il ne faut pas oublier que les cités siciliennes de l'Antiquité, qui étaient essentiellement grecques, demeuraient des puissances maritimes. Nous pouvons citer par exemple par exemple Syracuse, qui avait dominé la Grande Grèce durant plusieurs siècles (la Grande Grèce était l'ancien nom de la Sicile). De plus, Butler appuya son hypothèse sur le fait que la vie quotidienne des femmes étaient parfois mentionnées, comme par exemple Pénélope qui confectionnait une tapisserie en attendant le retour de son mari Ulysse. Il est vrai que les allusions à la vie quotidienne des femmes sont peu présentes dans les écrits de l'époque antique, mais est-ce que les femmes grecques savaient écrire à l'époque Antique ? Malheureusement, nous ne pouvons donner de réponse, mais il ne faut pas oublier que le genre féminin était habituellement réduit au second plan chez les Grecs de l'époque. Cependant, il est probable que les femmes de l'aristocratie avaient des connaissances dans l'écriture, et l'une d'entre elle avait peut-être souhaité mettre en avant la vie quotidienne des femmes. Quoi qu'il en soit, il est presque certain que l'Iliade et l'Odyssée aient été écrites par différents auteurs. En effet, le langage et la vision poétique sont totalement différents. L'auteur de l'Iliade vécut sans doute au -VIIIème siècle, tandis que celui de l'Odyssée vécut probablement au -VIIème siècle. De plus, le second révèle davantage une ouverture à la navigation et à la découverte de la Méditerranée, avec une partie de rêve sur un fond de mythologie. Son manque d'unité et des défauts dans la structure du texte permettent de croire que ce texte est l'oeuvre de divers auteurs. Enfin, on peut aussi rappeler que même des auteurs grecs de l'Antiquité doutaient de l'authenticité d'Homère, et on peut rappeler notamment Hérodote, qui explique dans son oeuvre Histoire (IV, 32-33) : "C'est chez Hésiode qu'il est question des Hyperboréens, c'est aussi chez Homère, dans les Epigones, si réellement Homère est l'auteur de ce poème."


Homère ne peut être l'auteur à la fois de l'Iliade et de l'Odyssée. Ces deux textes s'opposent : le type de récit, la vision, la structure, le langage, ... . Mais alors, qui était t-il ? L'auteur d'une des deux oeuvres ? Un prestigieux aèdes, voir le chef d'un groupe d'intellectuels ? Un pseudonyme employé par divers érudits ? Une organisation d'aèdes ? Ou a-t-il réellement existé ? Les questions restent nombreuses et le débat est loin d'être terminé ... .

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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 12:10

En prétextant une « réinstallation » dans les territoires occupés de l'Est de l’Europe, les nazis décidèrent de déporter des millions de juifs vers des camps dont la seule issue est la mort. Aujourd’hui, un grand nombre d’historiens expliquent que la Seconde Guerre Mondiale était une lutte idéologique entre les Alliés démocrates et les Tyrannies racistes. Cependant, quelle est la perception les Alliés sur la population juive ? Un certain nombre de témoignages et de documents d'archives prouvent non seulement que l’antisémitisme s’était implanté dans le monde, mais aussi que les Alliés avaient connaissance de ce qui se passait en Europe, mais y demeuraient bien souvent indifférents …

La Grande-Bretagne

 

Tout d’abord, il faut savoir que la législation britannique était très stricte à l'égard des juifs, notamment ceux de nationalité allemande. En effet, le ministre de l’intérieur de l’époque, Herbert Morrison, a rappelé en 1942 que les juifs Allemands réfugiés en Angleterre continueraient à être traités comme des ressortissants allemands. La raison était simple, le gouvernement britannique ne reconnaissait pas à l’Etat adverse la compétence de priver un citoyen de sa nationalité rien que par son appartenance raciale (Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 912). A la même époque, le dignitaire nazi Eichmann propose d’échanger un million de juifs contre 10 000 camions, ce qui aurait permit de sauver un nombre important d’israélites. Mais le gouvernement va rejeter catégoriquement cette demande. Lord Moyne, haut commissaire britannique en Egypte, va tenter de justifier ce refus auprès d’un émissaire de l’organisation sioniste de l’Agence juive : « Ce million de juifs, qu'en ferons-nous ? » (Saul Friedlander, Kurt Gerstein ou l'ambiguïté du bien, Casterman, 1967, p. 138). La décision des autorités britanniques, indifférentes au sort du peuple juif, choquera même les Etats-Unis. Le secrétaire d’Etat américain à la trésorerie, Henry Morgenthau, donna son point de vue sur le refus anglais, en parlant d’un « mélange satanique d'ambiguïté et de glaciale froideur […] équivalant à une sentence de mort » (Saul Friedlander, Kurt Gerstein ou l'ambiguïté du bien, p. 138). Cette citation suppose par ailleurs que les Anglais comme les Américains étaient au courant de la volonté du Reich d’exterminer les juifs d’Europe.
Par ailleurs, le 27 mars 1943, une commission réunissant plusieurs Américains (Cordell Hull, Sumner Welles) et Britanniques (Eden, Halifax et Strang) fut chargée d’étudier un possible secours aux 70 000 juifs de Bulgarie. Cette réunion était supervisée par Harry Hopkins, conseiller du président Roosevelt. Eden va manifester une opposition à cette aide, en indiquant que « toute la question des Juifs d'Europe était très difficile et que la proposition de faire sortir tous les Juifs de la Bulgarie doit être considérée avec la plus grande prudence. Si nous le faisons, les Juifs du monde entier vont nous demander de faire des offres similaires pour la Pologne et l'Allemagne. Hitler pourrait très bien nous prendre au mot et il n'y a tout simplement pas assez de bateaux et de moyens de transport dans le monde pour les déplacer » (Robert E. Sherwood, Roosevelt and Hopkins an intimate history, Harper and brothers, New York, 1950, p. 717). Puisque les britanniques étaient enclins à accueillir la population juive de Bulgarie, cette commission ne trouva alors aucun accord. Les juifs Bulgares furent donc victimes des nazis.

En parallèle, que fut la politique américaine à l’égard des juifs ?

Les Etats-Unis


L’opinion américaine n’était pas dénuée d’antisémitisme. On peut même citer l’exemple d’un homme considéré comme un héros de l’aviation, Charles Lindbergh, auteur de la première traversée de l’Atlantique. Celui-ci a fréquemment été invité par des dignitaires du Reich durant les années 1930, dont par le maréchal Goering. En septembre 1941, l’aviateur reproche aux juifs d’inciter les Etats-Unis à entrer dans la guerre contre l'Allemagne. Lindbergh veut démontrer le danger que les juifs font courir aux Etats-Unis et leur influence dans la presse, la radio, le cinéma et même dans le gouvernement (Léonard Dinnerstein, Antisemitism in America, Oxford University Press, New York, 1994, p. 129).
Même le gouvernement américain subi la pression de l’opinion publique. En effet, en 1939, devant une forte opposition de celle-ci, le Président Roosevelt et le Congrès doivent rejeter une proposition ayant pour but d’accueillir 20 000 enfants juifs européens. Un an plus tard, Breckinridge Long, sous-secrétaire d'Etat chargé de l'immigration, annonce que les immigrants juifs doivent être rejetés « en conseillant à nos consulats de multiplier les obstacles sur leur route, afin de repousser indéfiniment l'attribution d'un visa » (ce sujet a été l’objet d’une étude dans Le Figaro par Stéphane Marchand, 16-17 avril 1994).

Par ailleurs, depuis les années 1920, des quartiers résidentiels avaient été interdits aux juifs et de nombreux collèges et universités privées les refusèrent (Yves-Henri Nouailhat, Les Etats-Unis 1898-1933 : L'avènement d'une puissance mondiale, Richelieu, 1973, p. 338). Cette ségrégation continua durant la Seconde Guerre Mondiale. Gaston Henry-Haye, ambassadeur de France à Washington de 1940 à 1942, fut choqué du traitement des juifs aux Etats-Unis et déclara que « lors d'un passage à Atlantic-City, je fus stupéfait de remarquer que la grande plage était réservée aux blancs, la suivante aux juifs, et la troisième aux Africains » (Gaston Henry-Haye, La grande éclipse franco-américaine, Plon, 1972). De plus, lorsque cet envoyé du maréchal Pétain proposa à Cordell Hull le transport maritime de milliers de réfugiés juifs, ce secrétaire d'Etat américain jugea « l'idée excellente mais inapplicable, en raison de l'impossibilité pour les Etats-Unis d'admettre sur leur territoire un contingent aussi important d'étrangers sans qu'un quota spécial eût été accordé par voie législative. » (Gaston Henry-Haye, La grande éclipse franco-américaine, Plon, 1972, p. 274). Mais au début de l'année 1943, alors que le monde est informé des déportations massives opérées par l'appareil nazi, la Chambre des Représentants, majoritairement conservatrice, va refuser de modifier les lois sur l'immigration qui « opposent aux juifs une barrière presque insurmontable » (Nerin Gun, Les secrets des archives américaines : Pétain, Laval et de Gaulle, Albin Michel, 1979, p. 77).

Par l’intermédiaire de la Chambre et le Sénat, les Etats-Unis refusent donc d’aider les populations européennes victimes des persécutions, et rejettent même l’idée d’une admission temporaire. Parallèle au silence et à la non-diffusion des informations concernant le sort des juifs d’Europe, David S. Wyman note l’attitude passive de la société américaine « au fort courant antisémitisme » et concluera : "Ce ne fut pas l'absence de projets réalisables qui fit obstacle au sauvetage aux plusieurs milliers d'autres juifs européens. Ce ne fut pas non plus le manque de navires, le danger d'infiltration d'agents subversifs ou la possibilté que la possibilité que les opérations de sauvetage entravent l'effort de guerre. Le véritable obstacle fut l'absence d'un puissant désir de sauver les juifs."(David S. Wyman, L'Abandon des Juifs, les Américains et la solution finale cité, Flammarion, 1987, p. 433).

Selon Stéphane Marchand, les Etats-Unis pratiquaient la ségrégation raciale car ils voulaient afficher « leur préférence pour la clientèle chrétienne » (Le Figaro, 16-17 avril 1994).

En réalité, ce n'est qu'au début de l'année 1944 que les Etats-Unis vont réagir face à l’extermination des juifs. Henry Morgenthau, secrétaire d'Etat à la trésorerie, va convaincre Roosevelt afin de tenter de sauver un maximum de juifs. Il va alors fonder le War refugee board (Conseil des réfugiés de guerre) en incluant un centre d'accueil temporaire pour les réfugiés juifs. En parallèle, Roosevelt va indiquer ceux-ci doivent être installés dans l'Etat de New York et qu’ils seront renvoyés en Europe après la guerre. Les dispositions tardives de Roosevelt et de son gouvernement pour aider les juifs subiront de vives critiques par les conservateurs, car ils considéraient leurs décisions comme incompatibles avec la législation existante. Par ailleurs, la communauté juive américaine fut elle-même très partagée. En effet, ceux qui ont réussi leur intégration craignaient que l'arrivée massive d'immigrants juifs engendrent des réactions antisémites dont ils subiraient les effets. Selon Raymond Aron, cette attitude ressemblait à celle des juifs Français, avant la Seconde Guerre Mondiale, qui voulaient se différencier des juifs Allemands et qui craignaient que leur arrivée provoque une augmentation de l'antisémitisme (Raymond Aron, Mémoires, Robert Laffont, 1983, p. 18).

En dehors des Etats-Unis, peu de personnes avaient critiqué la politique américaine de passivité face au sort que subissait les juifs en Europe. Nous avons mentionné l’ambassadeur français Henry-Haye. Un autre personnage français va s’élever face aux Etats-Unis. Ce n’est autre que Pierre Laval. En effet, lors d’une conversation avec Pinckney Tuck à Vichy, le collaborationniste va reprocher aux Américains un manque de volonté de la part d’un Etat qui refusait d’accueillir des juifs, et en particulier des enfants de cette communauté. Dans un message du 11 septembre 1942, l’ambassadeur américain va rendre compte de cette conversation tendue : « Dans la conversation, il a, par deux fois, ironisé sur le "ton de haute moralité" adopté par certains gouvernements au sujet du traitement en France des juifs étrangers, en soulignant que lesdits gouvernements refusaient en même temps d'admettre des réfugiés juifs à l'intérieur de leurs propres frontières. Il mentionne à ce sujet que les seules offres concrètes qu'il avait reçues à ce jour provenaient de la République Dominicaine qui avait donné son consentement à l'admission de 3 000 enfants juifs » (Foreign relations of United States, volume 2, p. 712). D’après Nerin Gun, le Département d'Etat se serait même borné à répondre : « Que les Français se débrouillent avec leurs Juifs » (Nérin Gun, Les secrets des archives américaines : Pétain, Laval et de Gaulle, Albin Michel, 1979, ou Henri de Foucaucourt, Naissance du mythe gaulliste, Editions De Chire, p. 182). C’est avec la même mentalité que la diplomatie américaine intervint auprès du président de la république d'Haïti car ce dernier avait accepté d’accueillir une centaine de juifs Allemands venant de France. En effet, l’ambassadeur américain à Haïti écrivit que « Les Juifs allemands sont probablement des agents de l'Abwehr nazi. Ils pourraient constituer un danger sérieux pour la république de Haïti. Le gouvernement américain ne serait pas très à l'aise si le président Vincent donnait suite à ce plan. Le président m'a finalement donné raison. Mais il espère une compensation financière, car les Juifs réfugiés auraient apporté avec eux des capitaux importants » (Nérin Gun, Les secrets des archives américaines : Pétain, Laval et de Gaulle, Albin Michel, 1979, p. 77).

Ces sources sont d’ailleurs intéressantes puisqu’elles démontrent que Pierre Laval souhaitait envoyer des juifs vers les Etats-Unis au lieu de les laisser partir en Europe de l’Est. Cela prouve que si Laval avait mit en place une politique de collaborationnisme, c’est-à-dire d’adhésion au troisième Reich, ce n’est pas par idéologie antisémite.


La Suisse

Cet Etat ne faisait pas parti des Alliés puisqu’il était neutre dans la guerre, mais l’étude d’un voisin de l’Allemagne me semblait particulièrement intéressant. Bien qu’elle ne risquait rien en accueillant des juifs sur leur territoire, la Suisse était aussi touchée par l’antisémitisme, et cela dès avant la Seconde Guerre Mondiale. En 1938, le chef de la police des étrangers, Heinrich Rothmund, avait déclaré : « Les Juifs ainsi que les autres étrangers sont considérés comme un danger, quant à la surpopulation étrangère. Par des mesures systématiques et circonspectes, nous avons réussi à éviter un enjuivement de la Suisse » (Jean-Claude Favez, Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, Payot, Lausanne, p. 695). La volonté restrictive de laisser le peuple juif à son triste sort était déjà présent dans cet Etat, mais il y avait en plus un caractère antisémite dans ce discours.
Outre les mesures discriminatoires qu'elle a adopté en 1938, elle va  formellement s'opposer à l'afflux d'étrangers venant de France. En septembre 1942 le chef de la justice fédérale et des services de police annonce que « Nous ne pouvons pas transformer notre pays en éponge de l'Europe et accepter par exemple 80 à 90% des réfugiés » (Raul Hilberg, La destruction des juifs d’Europe, p. 555).
Jean-Claude Favez
explique même que « les Juifs qui ne sont pas considérés comme des réfugiés politiques ne sont en principe pas admis. En 1942, le Conseil fédéral ordonne même de refouler des réfugiés dont la vie était manifestement en danger […] Le conseiller fédéral, Edouard von Steiger, pour excuser cette politique, trouvera une image peu glorieuse : «L'embarcation de sauvetage est pleine » » (Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, Payot, Lausanne, p. 759).

Le Danemark

Selon certains intellectuels, les Danois qui furent soumis en seulement une journée par les Allemands avaient manifesté une certaine résistance face à l’idéologie nazi, dont le roi était le modèle. C’est alors qu’un mythe va naître, celui d’un Christian X qui se serait opposé à
l'occupant, en portant l'étoile jaune qui fut imposée à ses sujets de confession juive. Il est désormais temps de mettre fin à cette fable. En effet, la reine Margrethe II, petite-fille de Christian X, a évoqué ce sujet dans son livre Le métier de Reine (Fayard, 1998), et a contredit cette rumeur : « L'une des histoires que l'on entend le plus souvent, à propos de la période de l'occupation et que je démens obstinément chaque fois que je l'entends, c'est la fable selon laquelle Christian X aurait manifesté ses opinions en portant l'étoile jaune. L'histoire est belle symboliquement, mais sans rapport avec la réalité […] je ne peux prolonger un mythe quand je sais qu'il n'est pas fondé ; ce serait malhonnête […] En réalité, les Allemands n'ont jamais osé insister pour que les Juifs danois portent l'étoile jaune. »

Les Alliés face à l’extermination des juifs : étaient-ils au courant ?

Dans la partie 5 de Pétain et l’antisémitisme, on avons constaté que le Maréchal connaissait le sort réservé aux juifs mais qu’il avait tenté de limiter la déportation des juifs Français (http://realite-histoire.over-blog.com/article-26518930.html). Mais qu’en est-il des autres résistants au nazisme ?
Il est vrai qu’une partie des politiciens de la planète n’avaient pas conscience de l’extermination des juifs. Je prend l’exemple d’un français, Albert Chambon, ancien ambassadeur de France qui fut déporté à Buchenwald par les Allemands pour faits de résistance. Il va expliqué que : « Même les Résistants, arrêtés après trois ou quatre ans d'activité dans la Résistance, ignoraient le sort exact de leurs camarades déportés avant eux. De même les communautés juives les mieux averties ignoraient l'horreur de la solution finale […] Après être resté trois mois au secret à Fresnes […] le départ pour la déportation a été, pour moi, une sorte de soulagement. […] chacun était bien convaincu que « là-bas » la vie serait dure, difficile. Mais on avait la vie sauve, on n'était plus seul et on se trouvait à l'air libre […] Les réactions de l'opinion publique mondiale lors des révélations faites par les Alliés pénétrant les premiers dans ces camps, attestent à quel point il s'agissait, en effet, de révélation, c'est-à-dire de ce qui, jusqu'alors, était resté inconnu, secret » (Albert Chambon, Quand la France était occupée, Editions France-Empire, p. 43-44).
Si un ancien ambassadeur comme Albert Chambon n’avait pas connaissance de l’extermination des juifs, on peut suppose alors que la majorité de la population européenne l’ignorait aussi. Mais est-ce aussi le cas pour les différents gouvernements Alliés ?
Grâce à quelques sources, on sait que les Alliés étaient parfaitement au courant de se qui se passait sur les terres dominées par les nazis. En effet, une déclaration signée en octobre 1943 à Moscou par Roosevelt, Staline et Churchill, met en garde les responsables du Reich et indique que « Les Allemands qui participent aux fusillades systématiques d'officiers italiens ou à l'exécution d'otages français, hollandais, belges ou norvégiens, ou de paysans crétois, ou qui ont participé aux massacres infligés au peuple polonais ou dans les territoires de l'Union Soviétique, dont l'ennemi est à présent balayé, sauront qu'ils seront ramenés sur la scène de tous leurs crimes et jugés sur place par les peuples auxquels ils ont attenté » (International conference on military trials, p. 11-12). La conférence de Téhéran, qui avait lieu du 28 novembre au 2 décembre 1943, va évoquer les sanctions qui devront être appliqués aux criminels de guerre Allemands. Cependant, ils resteront complètements muets sur le génocide juif. (Elliott Roosevelt, Mon père m'a dit, Flammarion, 1947, p. 225). Déjà, la conférence des Bermudes du 19 avril 1943 démontra l'indifférence des Alliés vis-à-vis de l'extermination des juifs et indiqua davantage leur volonté à punir le Reich pour prouver leur inévitable victoire.
Une dernière source vient définitivement confirmer que les Alliés connaissaient bien la situation des juifs d'Europe. En effet, le Consistoire central des Israélites de France va adresser, le 25 août 1942, une protestation publique contre la déportation des juifs étrangers en France, et qui fera le tour du monde. Cet organisation affirme notamment n'avoir « aucun doute sur le sort final qui attend les déportés, après qu'ils auront subi un affreux martyre ». De plus, elle rappelle le message d’Hitler du 24 février 1942 : « Ma prophétie selon laquelle, au cours de cette guerre, ce ne sera pas l'humanité aryenne qui sera anéantie, mais les Juifs qui seront exterminés, s'accomplira. Quoi que nous apporte la bataille et quelle qu'en soit la durée, tel sera le résultat final. » Ce message se référait également au discours du 30 janvier 1939, réalisé au Reichstag : « Si les financiers juifs internationaux devaient encore parvenir à plonger les nations dans une guerre mondiale, il en résulterait l'anéantissement de la race juive dans toute l'Europe. »  Le Fürhrer répéta le même discours à cinq reprises
(William L. Shirer, Le IIIè Reich, tome II, p. 336).
Enfin,
dans son livre Déportation et génocide, Annette Wieworka souligna qu'aucun des libérateurs « n'a prévu ou ne prévoira des équipes spéciales chargées de libérer les camps, même après le Struthof, Auschwitz, Ohrdruf, Buchenwald ou Bergen-Belsen » (p. 78). Cette attitude prouve donc l’indifférence des Alliés vis-à-vis des juifs victimes du nazisme.

Il y a bien eu une lutte entre deux types de régimes en 1940-45 : les totalitaires et les démocraties. Mais il est donc faux de dire que la Seconde Guerre Mondiale était prioritairement une lutte entre des idéologies puisque le racisme était présent aussi bien chez les Etats totalitaires que chez les Etats démocratiques. Ce sont, encore une fois, les sources qui le prouvent. La perception des Alliés vis-à-vis des juifs révèle qu’un sentiment antisémite était vivace dans le peuple américain entre 1939 et 1945, et qu’il était accompagné par l’indifférence du gouvernement britannique à l’égard du sort des populations juives d'Europe. Cependant, il faut avoir conscience que les Alliés disposaient de moyens limités pour aider les juifs face à l’extermination, mais ils avaient eut la possibilité de réduire le nombre de morts en les accueillant temporairement dans leurs pays. Leur manque de volonté constitue donc une complicité de crime contre l’humanité. Pour finir ce thème, je souhaite rappeler le discours de Sean MacBride, prix Nobel de la paix et président fondateur de Amnesty international : « Ce qui est resté pour moi fondamental, c'est que le génocide le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité put se développer pendant cinq ans, dans l'ignorance la plus totale. »

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25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 15:35

Avancée sur son temps, la civilisation Etrusque a connue son apogée dans la péninsule italienne aux VIème et Vème siècle avant J.C. Ce peuple connaissait déjà le fer au –VIIIème siècle, a été responsable de la fondation de nombreuses villes, et influença grandement la culture romaine. Cependant, quelle est l’origine des Etrusques ? Que sait-on de ce peuple mystérieux ? Nous sommes loin de pouvoir résoudre ces problématiques …

Mystère sur l’origine

L’origine de ce peuple faisait déjà débat alors qu’il dominait encore la péninsule italienne. Plusieurs auteurs grecs vont s’opposer sur ce sujet :
              -> Selon Hérodote (–484 à –420), surnommé « le père de l’histoire », les Etrusques seraient originaires de Lydie (côte ouest de l'actuelle Turquie) et aurait quitté leur terre d’origine pour éviter la famine : « le fléau, loin de cesser, s’aggravait encore : alors le roi répartit tout son peuple en deux groupes, et le sort désigna celui des deux qui resterait dans le pays, tandis que l’autre s’expatrierait. Il demeura lui-même à la tête du groupe désigné pour rester, et donna pour chef aux émigrants son fils, qui s’appelait Tyrrhénos. Les Lydiens bannis par le sort descendirent à Smyrne, se firent des vaisseaux qu’ils chargèrent de tous leurs biens, et partirent à la recherche d’une terre qui pût les nourrir ; ils longèrent bien des rivages jusqu’au jour où ils arrivèrent en Ombrie, où ils fondèrent des villes et ils demeurent encore aujourd’hui. Mais ils quittèrent leur nom de Lydiens pour prendre celui du fils de leur roi, qui était à leur tête ; ils prirent, d’après lui, le nom de Tyrrhéniens. » (L’Enquête
, I, 94).
              -> Denys d’Halicarnasse (-60 à 8) affirme que les Étrusques étaient issues d’une population autochtone et ont évolué plus rapidement que leurs voisins grâce au contact des navigateurs étrangers : « en fait, ceux-là ont chance d’approcher beaucoup plus de la vérité qui déclarent que le peuple étrusque n’a émigré de nulle part et a toujours été là. » (Les Antiquités romaines, I, 25). En reprenant les théories de Hellanicon de Mytilène et de Hécatée de Milet (-VIèmesiècle), il tente d’expliquer que ce peuple descendrait de la communauté des Pélasges qui serait arrivée en Italie centrale vers la fin du IIème millénaire avant J.C (Les Antiquités romaines, I, 30,3). Le géographe Strabon (-58 à 25) va reprendre cette théorie en affirmant que les Pélasges étaient des Tyrrhéniens qui auraient peuplé les îles de Lemnos et d’Imbros, proches des côtes d’Asie Mineure (Géographie, V,2,4). Enfin, le romain Tite-Live (-59 à 17) mentionne l’existence de colonies étrusques dispersées de la plaine du Pô (Italie du Nord) jusqu’aux Alpes et leur attribue une parenté avec les Rhètes (Histoire romaine, V, 33)
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Aujourd’hui, le débat n’est toujours pas clos.
Sur la base de ces théories antiques, des hypothèses plus contemporaines sont apparues. Cependant, grâce à l’archéologie, la deuxième théorie semble la plus crédible. En effet, l’étruscologue italien Massimo Pallotino a observé que, sur des sites italiques, il y a eu une continuité d’occupation entre ceux du peuple des Villanoviens et ceux des Etrusques. Par ailleurs, ce constat a été réalisé sur plusieurs endroits d’Italie, principalement en Etrurie, dans la plaine du Pô et au sud de Salerne. On peut alors supposer que la culture villanovienne et la culture proto-étrusque ne font qu’une. De plus, une stèle découverte sur l’île de Lemnos, mentionnée par Strabon, représente une inscription écrite dans une langue proche de l’étrusque. Il est donc probable que les Lemniens et les Etrusques aient une origine commune, mais que, une fois séparée à la fin du IIème millénaire, ils aient évolué chacun de leur côté. La théorie de Denys d’Halicarnasse semble donc la bonne.
Malgré tout, nous ne pouvons pas réfuter la théorie d’Hérodote. En effet, quelques textes égyptiens mentionnaient parfois les peuples de la mer, dont l’un d’entre eux était appelé Tr^s.w, qui peuvent très bien faire référence aux Tyrrhenoi, c’est-à-dire les Tyrrhéniens, peuple marin évoqué par « le père de l’histoire ». Par ailleurs, il semblerait que les rites funéraires des Etrusques étaient différentes que ceux des Villanoviens. Alors que ces derniers pratiquaient la crémation, ces premiers creusaient des tombes à fosses allongées dans lesquels les cadavres étaient inhumés. Cela remet donc en cause la probabilité d’un lien commun entre Etrusques et Villanoviens. De plus, certains partisans de la théorie d’Hérodote reprirent la stèle de l’île de Lemnos. En effet, ils évoquent la position géographique de Lemnos, qui se situe en face des côtes lydiennes. Une fois partie de Lydie, les Etrusques auraient très bien pu s’arrêter quelques temps sur Lemnos, avant de venir s’installer en Italie.

Nous ne pouvons donc pas affirmer si Hérodote ou Denys d’Halicarnasse avaient raison ou tort. Les inscriptions étrusque peut en révéler davantage sur leurs origines. Cependant, leur écriture se révèle pour le moment indéfrichable.

Une langue indéchiffrable

Aujourd'hui, les étruscologues arrivent à déchiffrer une partie de leur alphabet qui est assez proche de l'alphabet grec. Cependant, ils ne comprennent pas la structure des phrases, ni le sens des mots et ni la grammaire. De plus, il n'existe aucun lien de parenté avec les langues de l'époque tels que l'égyptien, le grec, l'hébreu, l'araméen, le hittite, le babylonien, l'assyrien ou encore le latin. Plusieurs méthodes ont été utilisées pour tenter de la décrypter. L'une est la méthode combinatoire, c'est-à-dire l'analyse de la langue en essayant de s'appuyer sur la fréquence des mots ou sur la répétition des formules toutes faites. Cependant, cette méthode fut un échec. Une autre méthode consiste à faire une comparaison avec d'autres langues, ce qui est impossible pour l'étrusque puisqu'elle ne ressemble à aucune autre. Pourtant, les chercheurs disposent de nombreux écrits, avec plus de 9 000 inscriptions funéraires, une dizaine d'écrits de 100 à 300 mots, et un grand texte retrouvé complètement retrouvé par hasard sur des bandelettes qui servaient à emmailloter une momie égyptienne (la raison n'est inconnu) !
Mais malgré cette abondance de sources écrites, les connaissances sont pauvres. Certains noms propres empruntés au grec (ex:Patrocle, Achille, Agamemnon, ...) ont permis de reconstituer vaguement la phonétique. Par ailleurs, on connaît les six premiers chiffres grâce à des dés à jouer sur lesquels ils apparaissent en formes de lettres, mais on ne connaît pas leur ordre. Quelques mots furent repérés par des étruscologues, environ une trentaine, qui concernent le calendrier, la nature, la famille ou encore le mobilier. Cependant, cela demeure insuffisant pour comprendre entièrement un texte. Certains archéologues espèrent, un jour, retrouver un texte bilingue, étrusque-grec ou étrusque-latin, car ces langues se sont sans aucun doute côtoyées, et cela durant plusieurs siècles (les Etrusques étant une civilisation commerciale).

Le puissant peuple des Etrusques est donc peu connu. Pourtant, en découvrir davantage serait capital pour deux raisons importantes. La première est tout simplement que cela permettrait d'en savoir plus sur cette civilisation avancée. Mais la deuxième raison est encore plus importante. En effet, il ne faut pas oublier que durant leur ère d'existence, entre le VIIIème et le IVème siècle, les Etrusques ont connu l'évolution des cités grecques tels que Athènes et Spartes, ainsi que l'émergence de Rome qui s'imposa comme la principale puissance de la péninsule italienne. En apprendre plus sur leur sujet permettrait donc de connaître l'influence de cette civilisation vis-à-vis des Grecs et des Latins, et de découvrir les relations qu'elle entretenait avec eux.

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