En prétextant une « réinstallation » dans les territoires occupés de l'Est de l’Europe, les nazis décidèrent de déporter des millions de juifs vers des camps dont la seule issue est la mort. Aujourd’hui, un grand nombre d’historiens expliquent que la Seconde Guerre Mondiale était une lutte idéologique entre les Alliés démocrates et les Tyrannies racistes. Cependant, quelle est la perception les Alliés sur la population juive ? Un certain nombre de témoignages et de documents d'archives prouvent non seulement que l’antisémitisme s’était implanté dans le monde, mais aussi que les Alliés avaient connaissance de ce qui se passait en Europe, mais y demeuraient bien souvent indifférents …
La Grande-Bretagne
Tout d’abord, il faut savoir que la législation britannique était très stricte à l'égard des juifs, notamment ceux de nationalité allemande. En effet, le ministre de l’intérieur de l’époque, Herbert Morrison, a rappelé en 1942 que les juifs Allemands réfugiés en Angleterre continueraient à être traités comme des ressortissants allemands. La raison était simple, le gouvernement britannique ne reconnaissait pas à l’Etat adverse la compétence de priver un citoyen de sa nationalité rien que par son appartenance raciale (Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988, p. 912). A la même époque, le dignitaire nazi Eichmann propose d’échanger un million de juifs contre 10 000 camions, ce qui aurait permit de sauver un nombre important d’israélites. Mais le gouvernement va rejeter catégoriquement cette demande. Lord Moyne, haut commissaire britannique en Egypte, va tenter de justifier ce refus auprès d’un émissaire de l’organisation sioniste de l’Agence juive : « Ce million de juifs, qu'en ferons-nous ? » (Saul Friedlander, Kurt Gerstein ou l'ambiguïté du bien, Casterman, 1967, p. 138). La décision des autorités britanniques, indifférentes au sort du peuple juif, choquera même les Etats-Unis. Le secrétaire d’Etat américain à la trésorerie, Henry Morgenthau, donna son point de vue sur le refus anglais, en parlant d’un « mélange satanique d'ambiguïté et de glaciale froideur […] équivalant à une sentence de mort » (Saul Friedlander, Kurt Gerstein ou l'ambiguïté du bien, p. 138). Cette citation suppose par ailleurs que les Anglais comme les Américains étaient au courant de la volonté du Reich d’exterminer les juifs d’Europe.
Par ailleurs, le 27 mars 1943, une commission réunissant plusieurs Américains (Cordell Hull, Sumner Welles) et Britanniques (Eden, Halifax et Strang) fut chargée d’étudier un possible secours aux 70 000 juifs de Bulgarie. Cette réunion était supervisée par Harry Hopkins, conseiller du président Roosevelt. Eden va manifester une opposition à cette aide, en indiquant que « toute la question des Juifs d'Europe était très difficile et que la proposition de faire sortir tous les Juifs de la Bulgarie doit être considérée avec la plus grande prudence. Si nous le faisons, les Juifs du monde entier vont nous demander de faire des offres similaires pour la Pologne et l'Allemagne. Hitler pourrait très bien nous prendre au mot et il n'y a tout simplement pas assez de bateaux et de moyens de transport dans le monde pour les déplacer » (Robert E. Sherwood, Roosevelt and Hopkins an intimate history, Harper and brothers, New York, 1950, p. 717). Puisque les britanniques étaient enclins à accueillir la population juive de Bulgarie, cette commission ne trouva alors aucun accord. Les juifs Bulgares furent donc victimes des nazis.
En parallèle, que fut la politique américaine à l’égard des juifs ?
Les Etats-Unis
L’opinion américaine n’était pas dénuée d’antisémitisme. On peut même citer l’exemple d’un homme considéré comme un héros de l’aviation, Charles Lindbergh, auteur de la première traversée de l’Atlantique. Celui-ci a fréquemment été invité par des dignitaires du Reich durant les années 1930, dont par le maréchal Goering. En septembre 1941, l’aviateur reproche aux juifs d’inciter les Etats-Unis à entrer dans la guerre contre l'Allemagne. Lindbergh veut démontrer le danger que les juifs font courir aux Etats-Unis et leur influence dans la presse, la radio, le cinéma et même dans le gouvernement (Léonard Dinnerstein, Antisemitism in America, Oxford University Press, New York, 1994, p. 129).
Même le gouvernement américain subi la pression de l’opinion publique. En effet, en 1939, devant une forte opposition de celle-ci, le Président Roosevelt et le Congrès doivent rejeter une proposition ayant pour but d’accueillir 20 000 enfants juifs européens. Un an plus tard, Breckinridge Long, sous-secrétaire d'Etat chargé de l'immigration, annonce que les immigrants juifs doivent être rejetés « en conseillant à nos consulats de multiplier les obstacles sur leur route, afin de repousser indéfiniment l'attribution d'un visa » (ce sujet a été l’objet d’une étude dans Le Figaro par Stéphane Marchand, 16-17 avril 1994).
Par ailleurs, depuis les années 1920, des quartiers résidentiels avaient été interdits aux juifs et de nombreux collèges et universités privées les refusèrent (Yves-Henri Nouailhat, Les Etats-Unis 1898-1933 : L'avènement d'une puissance mondiale, Richelieu, 1973, p. 338). Cette ségrégation continua durant la Seconde Guerre Mondiale. Gaston Henry-Haye, ambassadeur de France à Washington de 1940 à 1942, fut choqué du traitement des juifs aux Etats-Unis et déclara que « lors d'un passage à Atlantic-City, je fus stupéfait de remarquer que la grande plage était réservée aux blancs, la suivante aux juifs, et la troisième aux Africains » (Gaston Henry-Haye, La grande éclipse franco-américaine, Plon, 1972). De plus, lorsque cet envoyé du maréchal Pétain proposa à Cordell Hull le transport maritime de milliers de réfugiés juifs, ce secrétaire d'Etat américain jugea « l'idée excellente mais inapplicable, en raison de l'impossibilité pour les Etats-Unis d'admettre sur leur territoire un contingent aussi important d'étrangers sans qu'un quota spécial eût été accordé par voie législative. » (Gaston Henry-Haye, La grande éclipse franco-américaine, Plon, 1972, p. 274). Mais au début de l'année 1943, alors que le monde est informé des déportations massives opérées par l'appareil nazi, la Chambre des Représentants, majoritairement conservatrice, va refuser de modifier les lois sur l'immigration qui « opposent aux juifs une barrière presque insurmontable » (Nerin Gun, Les secrets des archives américaines : Pétain, Laval et de Gaulle, Albin Michel, 1979, p. 77).
Par l’intermédiaire de la Chambre et le Sénat, les Etats-Unis refusent donc d’aider les populations européennes victimes des persécutions, et rejettent même l’idée d’une admission temporaire. Parallèle au silence et à la non-diffusion des informations concernant le sort des juifs d’Europe, David S. Wyman note l’attitude passive de la société américaine « au fort courant antisémitisme » et concluera : "Ce ne fut pas l'absence de projets réalisables qui fit obstacle au sauvetage aux plusieurs milliers d'autres juifs européens. Ce ne fut pas non plus le manque de navires, le danger d'infiltration d'agents subversifs ou la possibilté que la possibilité que les opérations de sauvetage entravent l'effort de guerre. Le véritable obstacle fut l'absence d'un puissant désir de sauver les juifs."(David S. Wyman, L'Abandon des Juifs, les Américains et la solution finale cité, Flammarion, 1987, p. 433).
Selon Stéphane Marchand, les Etats-Unis pratiquaient la ségrégation raciale car ils voulaient afficher « leur préférence pour la clientèle chrétienne » (Le Figaro, 16-17 avril 1994).
En réalité, ce n'est qu'au début de l'année 1944 que les Etats-Unis vont réagir face à l’extermination des juifs. Henry Morgenthau, secrétaire d'Etat à la trésorerie, va convaincre Roosevelt afin de tenter de sauver un maximum de juifs. Il va alors fonder le War refugee board (Conseil des réfugiés de guerre) en incluant un centre d'accueil temporaire pour les réfugiés juifs. En parallèle, Roosevelt va indiquer ceux-ci doivent être installés dans l'Etat de New York et qu’ils seront renvoyés en Europe après la guerre. Les dispositions tardives de Roosevelt et de son gouvernement pour aider les juifs subiront de vives critiques par les conservateurs, car ils considéraient leurs décisions comme incompatibles avec la législation existante. Par ailleurs, la communauté juive américaine fut elle-même très partagée. En effet, ceux qui ont réussi leur intégration craignaient que l'arrivée massive d'immigrants juifs engendrent des réactions antisémites dont ils subiraient les effets. Selon Raymond Aron, cette attitude ressemblait à celle des juifs Français, avant la Seconde Guerre Mondiale, qui voulaient se différencier des juifs Allemands et qui craignaient que leur arrivée provoque une augmentation de l'antisémitisme (Raymond Aron, Mémoires, Robert Laffont, 1983, p. 18).
En dehors des Etats-Unis, peu de personnes avaient critiqué la politique américaine de passivité face au sort que subissait les juifs en Europe. Nous avons mentionné l’ambassadeur français Henry-Haye. Un autre personnage français va s’élever face aux Etats-Unis. Ce n’est autre que Pierre Laval. En effet, lors d’une conversation avec Pinckney Tuck à Vichy, le collaborationniste va reprocher aux Américains un manque de volonté de la part d’un Etat qui refusait d’accueillir des juifs, et en particulier des enfants de cette communauté. Dans un message du 11 septembre 1942, l’ambassadeur américain va rendre compte de cette conversation tendue : « Dans la conversation, il a, par deux fois, ironisé sur le "ton de haute moralité" adopté par certains gouvernements au sujet du traitement en France des juifs étrangers, en soulignant que lesdits gouvernements refusaient en même temps d'admettre des réfugiés juifs à l'intérieur de leurs propres frontières. Il mentionne à ce sujet que les seules offres concrètes qu'il avait reçues à ce jour provenaient de la République Dominicaine qui avait donné son consentement à l'admission de 3 000 enfants juifs » (Foreign relations of United States, volume 2, p. 712). D’après Nerin Gun, le Département d'Etat se serait même borné à répondre : « Que les Français se débrouillent avec leurs Juifs » (Nérin Gun, Les secrets des archives américaines : Pétain, Laval et de Gaulle, Albin Michel, 1979, ou Henri de Foucaucourt, Naissance du mythe gaulliste, Editions De Chire, p. 182). C’est avec la même mentalité que la diplomatie américaine intervint auprès du président de la république d'Haïti car ce dernier avait accepté d’accueillir une centaine de juifs Allemands venant de France. En effet, l’ambassadeur américain à Haïti écrivit que « Les Juifs allemands sont probablement des agents de l'Abwehr nazi. Ils pourraient constituer un danger sérieux pour la république de Haïti. Le gouvernement américain ne serait pas très à l'aise si le président Vincent donnait suite à ce plan. Le président m'a finalement donné raison. Mais il espère une compensation financière, car les Juifs réfugiés auraient apporté avec eux des capitaux importants » (Nérin Gun, Les secrets des archives américaines : Pétain, Laval et de Gaulle, Albin Michel, 1979, p. 77).
Ces sources sont d’ailleurs intéressantes puisqu’elles démontrent que Pierre Laval souhaitait envoyer des juifs vers les Etats-Unis au lieu de les laisser partir en Europe de l’Est. Cela prouve que si Laval avait mit en place une politique de collaborationnisme, c’est-à-dire d’adhésion au troisième Reich, ce n’est pas par idéologie antisémite.
La Suisse
Cet Etat ne faisait pas parti des Alliés puisqu’il était neutre dans la guerre, mais l’étude d’un voisin de l’Allemagne me semblait particulièrement intéressant. Bien qu’elle ne risquait rien en accueillant des juifs sur leur territoire, la Suisse était aussi touchée par l’antisémitisme, et cela dès avant la Seconde Guerre Mondiale. En 1938, le chef de la police des étrangers, Heinrich Rothmund, avait déclaré : « Les Juifs ainsi que les autres étrangers sont considérés comme un danger, quant à la surpopulation étrangère. Par des mesures systématiques et circonspectes, nous avons réussi à éviter un enjuivement de la Suisse » (Jean-Claude Favez, Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, Payot, Lausanne, p. 695). La volonté restrictive de laisser le peuple juif à son triste sort était déjà présent dans cet Etat, mais il y avait en plus un caractère antisémite dans ce discours.
Outre les mesures discriminatoires qu'elle a adopté en 1938, elle va formellement s'opposer à l'afflux d'étrangers venant de France. En septembre 1942 le chef de la justice fédérale et des services de police annonce que « Nous ne pouvons pas transformer notre pays en éponge de l'Europe et accepter par exemple 80 à 90% des réfugiés » (Raul Hilberg, La destruction des juifs d’Europe, p. 555).
Jean-Claude Favez explique même que « les Juifs qui ne sont pas considérés comme des réfugiés politiques ne sont en principe pas admis. En 1942, le Conseil fédéral ordonne même de refouler des réfugiés dont la vie était manifestement en danger […] Le conseiller fédéral, Edouard von Steiger, pour excuser cette politique, trouvera une image peu glorieuse : «L'embarcation de sauvetage est pleine » » (Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, Payot, Lausanne, p. 759).
Le Danemark
Selon certains intellectuels, les Danois qui furent soumis en seulement une journée par les Allemands avaient manifesté une certaine résistance face à l’idéologie nazi, dont le roi était le modèle. C’est alors qu’un mythe va naître, celui d’un Christian X qui se serait opposé à l'occupant, en portant l'étoile jaune qui fut imposée à ses sujets de confession juive. Il est désormais temps de mettre fin à cette fable. En effet, la reine Margrethe II, petite-fille de Christian X, a évoqué ce sujet dans son livre Le métier de Reine (Fayard, 1998), et a contredit cette rumeur : « L'une des histoires que l'on entend le plus souvent, à propos de la période de l'occupation et que je démens obstinément chaque fois que je l'entends, c'est la fable selon laquelle Christian X aurait manifesté ses opinions en portant l'étoile jaune. L'histoire est belle symboliquement, mais sans rapport avec la réalité […] je ne peux prolonger un mythe quand je sais qu'il n'est pas fondé ; ce serait malhonnête […] En réalité, les Allemands n'ont jamais osé insister pour que les Juifs danois portent l'étoile jaune. »
Les Alliés face à l’extermination des juifs : étaient-ils au courant ?
Dans la partie 5 de Pétain et l’antisémitisme, on avons constaté que le Maréchal connaissait le sort réservé aux juifs mais qu’il avait tenté de limiter la déportation des juifs Français (http://realite-histoire.over-blog.com/article-26518930.html). Mais qu’en est-il des autres résistants au nazisme ?
Il est vrai qu’une partie des politiciens de la planète n’avaient pas conscience de l’extermination des juifs. Je prend l’exemple d’un français, Albert Chambon, ancien ambassadeur de France qui fut déporté à Buchenwald par les Allemands pour faits de résistance. Il va expliqué que : « Même les Résistants, arrêtés après trois ou quatre ans d'activité dans la Résistance, ignoraient le sort exact de leurs camarades déportés avant eux. De même les communautés juives les mieux averties ignoraient l'horreur de la solution finale […] Après être resté trois mois au secret à Fresnes […] le départ pour la déportation a été, pour moi, une sorte de soulagement. […] chacun était bien convaincu que « là-bas » la vie serait dure, difficile. Mais on avait la vie sauve, on n'était plus seul et on se trouvait à l'air libre […] Les réactions de l'opinion publique mondiale lors des révélations faites par les Alliés pénétrant les premiers dans ces camps, attestent à quel point il s'agissait, en effet, de révélation, c'est-à-dire de ce qui, jusqu'alors, était resté inconnu, secret » (Albert Chambon, Quand la France était occupée, Editions France-Empire, p. 43-44). Si un ancien ambassadeur comme Albert Chambon n’avait pas connaissance de l’extermination des juifs, on peut suppose alors que la majorité de la population européenne l’ignorait aussi. Mais est-ce aussi le cas pour les différents gouvernements Alliés ?
Grâce à quelques sources, on sait que les Alliés étaient parfaitement au courant de se qui se passait sur les terres dominées par les nazis. En effet, une déclaration signée en octobre 1943 à Moscou par Roosevelt, Staline et Churchill, met en garde les responsables du Reich et indique que « Les Allemands qui participent aux fusillades systématiques d'officiers italiens ou à l'exécution d'otages français, hollandais, belges ou norvégiens, ou de paysans crétois, ou qui ont participé aux massacres infligés au peuple polonais ou dans les territoires de l'Union Soviétique, dont l'ennemi est à présent balayé, sauront qu'ils seront ramenés sur la scène de tous leurs crimes et jugés sur place par les peuples auxquels ils ont attenté » (International conference on military trials, p. 11-12). La conférence de Téhéran, qui avait lieu du 28 novembre au 2 décembre 1943, va évoquer les sanctions qui devront être appliqués aux criminels de guerre Allemands. Cependant, ils resteront complètements muets sur le génocide juif. (Elliott Roosevelt, Mon père m'a dit, Flammarion, 1947, p. 225). Déjà, la conférence des Bermudes du 19 avril 1943 démontra l'indifférence des Alliés vis-à-vis de l'extermination des juifs et indiqua davantage leur volonté à punir le Reich pour prouver leur inévitable victoire.
Une dernière source vient définitivement confirmer que les Alliés connaissaient bien la situation des juifs d'Europe. En effet, le Consistoire central des Israélites de France va adresser, le 25 août 1942, une protestation publique contre la déportation des juifs étrangers en France, et qui fera le tour du monde. Cet organisation affirme notamment n'avoir « aucun doute sur le sort final qui attend les déportés, après qu'ils auront subi un affreux martyre ». De plus, elle rappelle le message d’Hitler du 24 février 1942 : « Ma prophétie selon laquelle, au cours de cette guerre, ce ne sera pas l'humanité aryenne qui sera anéantie, mais les Juifs qui seront exterminés, s'accomplira. Quoi que nous apporte la bataille et quelle qu'en soit la durée, tel sera le résultat final. » Ce message se référait également au discours du 30 janvier 1939, réalisé au Reichstag : « Si les financiers juifs internationaux devaient encore parvenir à plonger les nations dans une guerre mondiale, il en résulterait l'anéantissement de la race juive dans toute l'Europe. » Le Fürhrer répéta le même discours à cinq reprises (William L. Shirer, Le IIIè Reich, tome II, p. 336).
Enfin, dans son livre Déportation et génocide, Annette Wieworka souligna qu'aucun des libérateurs « n'a prévu ou ne prévoira des équipes spéciales chargées de libérer les camps, même après le Struthof, Auschwitz, Ohrdruf, Buchenwald ou Bergen-Belsen » (p. 78). Cette attitude prouve donc l’indifférence des Alliés vis-à-vis des juifs victimes du nazisme.
Il y a bien eu une lutte entre deux types de régimes en 1940-45 : les totalitaires et les démocraties. Mais il est donc faux de dire que la Seconde Guerre Mondiale était prioritairement une lutte entre des idéologies puisque le racisme était présent aussi bien chez les Etats totalitaires que chez les Etats démocratiques. Ce sont, encore une fois, les sources qui le prouvent. La perception des Alliés vis-à-vis des juifs révèle qu’un sentiment antisémite était vivace dans le peuple américain entre 1939 et 1945, et qu’il était accompagné par l’indifférence du gouvernement britannique à l’égard du sort des populations juives d'Europe. Cependant, il faut avoir conscience que les Alliés disposaient de moyens limités pour aider les juifs face à l’extermination, mais ils avaient eut la possibilité de réduire le nombre de morts en les accueillant temporairement dans leurs pays. Leur manque de volonté constitue donc une complicité de crime contre l’humanité. Pour finir ce thème, je souhaite rappeler le discours de Sean MacBride, prix Nobel de la paix et président fondateur de Amnesty international : « Ce qui est resté pour moi fondamental, c'est que le génocide le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité put se développer pendant cinq ans, dans l'ignorance la plus totale. »