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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 12:14

Alors que l'année 1941 était celle d'une collaboration active entre les deux Etats, mais qui a surtout profité à la France, 1942 va marquée un changement d'orientation politique entre l'Etat Français et l'Etat Allemand. Comme on l'a brièvement vu dans l'article précédent concernant Pétain et l'antisémitisme, les nazis avaient exigé auprès du Maréchal le retour du collaborationniste Pierre Laval, partisan d'une adhésion avec le Reich. Afin de déterminer la politique du pays, Laval va s'emparer du poste de Chef du gouvernement, du ministère de l'Intérieur, celui des Affaires Etrangères et celui de l'Information. Cependant, il est une erreur de croire à une adhésion totale et voulue dès avril 1942. En effet, contrairement aux mythes qui nous sont enseignés, on va voir que les premières déportations des juifs n'étaient pas souhaitées mais imposées par le Reich au gouvernement français. Encore une fois, ce sont les faits qui vont le prouver.

De la Conférence de Wannsee à la Rafle du Vel d'hiv


Nous allons commencer par un évènement presque inconnu par des Français mais qui a pourtant déterminé toute la volonté d'extermination des juifs en Europe par les nazis, et y comprit en France. En effet, deux mois après la décision de la Solution Finale de novembre 1941 s'est tenue la Conférence secrète de Wannsee et qui réunissait exclusivement des cadres du parti nazi, seulement au nombre de quinze. Ils seront par la suite chargés des différentes déportations. La conférence en question, qui date du 20 janvier 1942, a été tellement secrète à cette époque qu'elle était encore moins connue que la Solution Finale, et contrairement à cette dernière, aucune rumeur ne parvint sur cette réunion de cadres nazis. Lors de la conférence de Wannsee, un rapport récapitulant le nombre de juifs en Europe par pays a été rédigé. Sur ce rapport est mentionné le nombre astronomique de "11 000 000 de juifs" qui devaient être exterminés. En ce qui concerne la France, il était mentionné la présence de "165 000" juifs en territoire occupée et d'environ "700 000" en zone non occupé. Ce chiffre serait exagéré selon la grande majorité des historiens qui estiment qu'il y avait environ 330 000 juifs en France métropolitaine (zone libre et zone occupée) et environ 400 000 en Afrique du Nord. Quoi qu'il en soit, ce sont bien les nazis qui ont préparé la déportation des juifs en France et non le gouvernement de Vichy, et encore moins le maréchal Pétain. Par ailleurs, on a vu dans les deux articles précédents que ce dernier avait émit le souhait que les juifs soient placés dans des camps français, dont les nazis n'avaient pas le contrôle (il y avait quelques exceptions comme celui de Drancy qui était dirigé par les SS dont les autorités françaises n'y avaient aucun droit, ainsi que celui de Compiègne). Mais il n'a jamais été question de déportation de sa part, et surtout pas d'extermination. Par ailleurs, l'historienne juive Annie Kriegel expliqua : "Il y a une jeune école historique qui veut mener une sorte de guerre privée et qualifiée d'héroïque contre le gouvernement de Vichy. Il me paraît absurde de renverser les choses au point de dire que non seulement le gouvernement a été complice mais qu'il a pris l'initiative d'une entreprise de répression des Juifs. Je me demande parfois si, contrairement à l'idée commune, la part de sacrifice dans la politique et la conduite du maréchal Pétain n'ont pas eu des effets plus certains et positifs sur le salut des Juifs que sur le destin de la France" (Annie Kriegel, Ce que j'ai cru comprendre, Laffont, Paris, 1991, p. 172). Les évènements suivant la conférence de Wannsee vont le démontrer.
En effet, l
e 9 mars 1942, Hitler signe le décret pourvoyant la France d'un "Chef suprême des SS et chef de la police" et organiser les rapports avec la police française :

"Quartiergénéral du Führer, le
9 mars 1942

1. Un chef supérieur des SS et de la Police est institué dans le ressort du commandant militaire en France.

2. Le Chef Supérieur des SS et de la Police est personnellement et directement subordonné au Commandant Militaire. Les services de police du chef supérieur des SS et de la police sont subordonnés au Commandant Militaire uniquement au point de vue territorial.

3. Le Chef supérieur des SS et de la Police est compétent dans le ressort de service du Commandant militaire, pour toutes les tâches qui incombent au Reichsfuhrer SS et chef de la police allemande au Ministère de l’Intérieur du Reich (conformément au plan de réparation du travail du Ministère de l’Intérieur du Reich), ainsi qu’en tant que Commissaire du Reich pour la consolidation du germanisme.

 

Dans ce domaine d’activité, il a le droit de donner des instructions aux autorités et forces de police françaises et le droit de les contrôler. Il dispose de l’engagement des Forces de Police Françaises de la zone occupée. La fixation du droit, ainsi que la promulgation des dispositions fondamentales pour l’organisation et les prescriptions juridiques des autorités françaises, y compris leur annonce, sont l’affaire du commandement militaire. Dans la mesure où il s’agit, dans ce cas, des domaines visés à l’alinéa 1, le Chef Supérieur des SS et de la police est le service du commandant militaire qui traite ces questions.

 

1. Le chef supérieur des SS et de la Police reçoit ses instructions :

- pour la sûreté militaire du pays et pour toutes les opérations militaires par le commandant militaire ;

- pour l’activité de police et de traitement des questions ethniques qui lui incombent, par le Reichsführeret chef de la police allemande. Si les instructions militaires et policières devraient révéler des contradictions, il devra être rendu compte au chef du Haut Commandement de la Wehrmacht et au Reichsfuhrer SS et Chef de la police allemande, lesquels provoqueront ma décision. En cas de péril imminent, le commandement militaire peut prendre des dispositions provisoires qui engagent. Les mesures d’expiation contre des criminels, des juifs et des communistes à l’occasion d’attentats contre le Reich allemand font également partie des mesures de police.

2. Dès que des troubles intérieurs ou des opérations militaires exigent des mesures à diriger de façon uniforme, le commandant militaire - dans le cas de danger pressant également les chefs de district, pourront disposer passagèrement des forces de SS et de Police de leur ressort. Dans ce cas, il y a lieu d’observer que c’est précisément en corrélation avec l’engagement de la troupe qu’une importance particulière revient aux mesures de police prises sous responsabilité propre.

3. Le chef du Haut Commandement de la Wehrmacht édictera en accord avec le Reichsführer SS et chef de la police allemande, les dispositions plus précises relatives aux forces engagées territorialement de la police secrète de campagne.

4. Le Chef Supérieur des SS et de la police tient le commandant militaire au courant de toutes les mesures fondamentales et importantes, respectivement de ses intentions ; il se tient en rapport étroit avec le chef de l’administration militaire.

5. La collaboration avec les services du S.R. de la Wehrmacht se règle d’après les principes édictés conjointement par le Haut Commandement de la Wehrmacht et le Chef de la Police de sûreté et du SD.


Signé: Adolf HITLER" (signalé notamment par Yves Cazaux dans René Bousquet face à l'acharnement, Editions Jean Picollec, 1996)


Il est donc incontestable que les rafles en France aient d'abord été préméditées par le Reich et non par le gouvernement français, comme le suggérait nos mythes contemporains. On peut de plus remarquer que le poste de chef suprême des SS en France a aussi en charge le contrôle de la police française. L'Etat Français n'a donc plus un contrôle total de sa propre police. Les premiers convois de déportés raciaux eurent lieu en zone occupé le 27 mars 1942, alors que Laval et Darquier de Pellepoix n’avaient pas encore remplacé successivement Darlan et Vallat. De 5 000 prévus, le nombre de juifs qui devaient être déportés passa subitement à 100 000 le 11 juin.  Le 5 mai 1942, Karl Oberg est nommé HSS-PF (Höherer SS und Polizeiführer, c'est-à-dire chef de la police de district) et arrive à Paris avec le grade de SS-brigadeführer, puis prend ses fonctions le 1er juin pour s'occuper de la lutte contre les réseaux de la résistance française et de la responsabilité de la question juive. C'est le SS-Obersturmführer Danneker, le chef du service juif du SD en France entre le 20 aout 1940 à juillet 1942, qui est chargé d'organiser les rafles. Il est sous les ordres du général Karl Oberg, chef des SS et de la police allemande en France. Eichmann est venu les voir à Paris et déclare : "Le rythme prévu jusqu'ici de trois transports hebdomadaires contenant chacun 1000 Juifs devra être intensifié rapidement, en vue de libérer totalement et le plus vite possible la France de ses Juifs." (compte-rendu rédigé par Eichmann, à l'issue de sa visite de 48 heures à Paris, 1er juillet 1942)
. Le 23 juin 1942, Himmler ordonna que tous les juifs de France fussent déportés.
La 8ème ordonnance allemande du 28 mai 1942 impose le port de l'étoile jaune obligatoire pour les juifs en zone occupée, ordonnance qui entrera en vigueur le 7 juin. Au début de l'été 1942, Knochen, commandant de la police de sûreté et des services de sécurité (BdS), informe Laval que le Führer a décidé de déporter tous les juifs, hommes, femmes et enfants, résidant en France. Aucune distinction ne sera faite entre ceux de nationalité française et les étrangers ou apatrides. Cette décision a déjà été notifiée au Préfet de police de Paris. Dans un compte rendu du 1er juillet 1942, Dannecker souligne cependant "l'attitude hésitante et souvent hostile des représentants du gouvernement français et des autorités à l'égard de la solution des problèmes juifs". Oberg propose cependant un compromis aux termes duquel les juifs français seraient épargnés, pour l'instant, si la police française participait à l'opération : "Les trains sont prêts. Ils doivent être remplis coûte que coûte. Le problème juif n'a pas de frontières pour nous. La police doit nous aider, sinon nous procéderons aux arrestations sans faire de distinction entre les Juifs français et les autres" (Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 1, Folio, 2006, p. 549). Les policiers Jean Leguay (délégué de la Police de Vichy en zone occupée) et René Bousquet (secrétaire général de la police française) négocient avec Theodor Dannecker. Ils mettront la police française à la disposition des Allemands pour réaliser la rafle. Ainsi, le 4 juillet 1942, Knochen déclare : "Laval accepte de faire déporter les Juifs étrangers. Bousquet doit exécuter la décision. Il est impossible de faire autrement, car Berlin a envoyé des instructions pour que l’opération soit exécutée par l’armée allemande si la police française ne le faisait pas ". Le 10 juillet 1942, Dannecker télexe à Eichmann que la rafle sera conduite par la police française du 16 au 18 juillet et que l'on peut s'attendre à ce qu'il reste environ 4 000 enfants après les arrestations.
Voici ci-dessous un document qui a été rédigé dans le cadre de la préparation de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942, et qui démontre "de l'intérieur" la mécanique de la déportation :
Circulaire de la préfecture de police de Paris
aux commissaires d'arrondissement
(8 juillet 1942)

 

Vous constituerez des équipes d’arrestation. Chaque équipe sera composée d’un gardien en tenue et d’un gardien en civil ou d’un inspecteur des renseignements généraux ou de la police judiciaire.
Les équipes chargées des arrestations devront procéder avec le plus de rapidité possible, sans paroles inutiles, et sans commentaires. En outre, au moment de l’arrestation, le bien-fondé ou le mal-fondé de celle-ci n’a pas à être discuté. C’est vous qui serez responsables des arrestations et examinerez les cas litigieux, qui doivent nous être signalés. Si vous ne pouvez trancher la question, les intéressés suivront momentanément le sort des autres.

Lorsque vous aurez un contingent suffisant pour remplir un autobus, vous dirigerez :

- sur le camp de Drancy les individus ou familles n’ayant pas d’enfants de moins de 16 ans,

- au Vélodrome d’Hiver les autres.
Horaires des équipes spéciales. 

Les inspecteurs et gardiens constituant les équipes spéciales d’arrestation prendront leur service au central de l’arrondissement désigné, le 16 courant, à 4 heures du matin. Ils effectueront leur service :

- Le 16, de 4 heures à 9 h 30 et de 12 heures à 15 h 30 - Le 17, de 4 heures à 13 heures.

Leur intervention se traduit par l'arrestation de 12 884 Juifs dont 3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants (Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, p. 121). Lors de cette grande rafle du 16 et du 17 juillet 1942, la police fut aidée par 300 à 400 militants du Parti Populaire Français de Jacques Doriot, parti politique pourtant financé par la banque juive Worms (à ce sujet, n'oublions pas que Pétain avait dissou tous les partis politiques, et donc le PPF agissait en toute illégalité). Néanmoins, l'objectif des SS n'est pas atteint. Il était d’environ 26 000 arrestations. De plus, les Allemands souhaitaient la déportation de 100 000 juifs avant de la fin de l'année 42, mais "seulement" 45 000 seront concernés par les rafles. En 1944, 76 000 seront victimes de la folie nazie, soit environ 10% du nombre de juifs résidant en France (métropole et Algérie). Dans les autres pays occupés, plus de 90% des juifs iront dans les camps nazis.  Il est vrai qu'en prenant l'initiative des rafles, qui sont malgré tout contrôlées par le chef suprême des SS, la France se rend responsable des déportations. Selon Marc Ferro : « Pour sauver les juifs français, Laval choisit de sacrifier les juifs étrangers, ou apatrides. » L’historien ajoute que : « Laval fut intraitable envers les juifs étrangers, menaçant « d’aller les chercher même dans les églises s’il le fallait », mais très actif pour sauver les juifs français. » Il aurait même indiqué aux préfets : « Pour un juif étranger qui quitte le territoire national, c’est un juif français que l’on sauve. » (Marc Ferro, Pétain, Hachette, 2009, p. 410). Mais fallait-il mieux discuter avec l'occupant pour tenter de sauver le plus grand nombre de juifs ? Ou fallait-il refuser toute négociation et donc laisser les SS agir à leur guise, c'est-à-dire les laisser déporter tous les juifs du pays ? Selon Maurice Gabolde, le gouvernement de Pierre Laval avait deux possibilités:
- soit les Allemands agissaient seuls et donc exerçaient de terribles représailles 
- soit Vichy s'interpose en limitant la répression tout en sauvegardant sa souveraineté (Marc Ferro, Pétain, Hachette, 2009, p. 410).
Le chef du gouvernement tentera de se justifier plus tard : "Je ne pouvais autrement que je l'ai fait, sans sacrifier nos nationaux dont j'avais d'abord la garde. Le droit d'asile n'a pas été respecté. Comment pouvait-il l'être dans un pays occupé par l'armée allemande, et comment les Juifs pouvaient-ils être protégés dans un endroit ou sévissait la Gestapo." (René de Chambrun, Le Procès Laval, Editions France-Empire, p. 120).
Laval a donc préféré que l'Etat Français prenne la responsabilité de la déportation des juifs. Malgré tout, il faut noter qu'en ne laissant pas aux allemands la responsabilité de la répression, les autorités de Vichy s'attirèrent la haine des familles des victimes, haine, qui s'étendra progressivement à la majeure partie de la population, comme l'avait redouté l'intellectuel Lucien Romier, ami intime du Maréchal. Cependant, dans son compte rendu du 18 juillet 1942, relatif aux rafles des 16 et 17 juillet, Heinz Röthke se sentira convaincu que "des fonctionnaires de la police française auraient, dans plusieurs cas, renseignés sur les rafles projetées les personnes qu'ils devaient arrêter ...". On va voir que Röthke avait raison et que des proches du maréchal Pétain ont tenter de s'interposer afin de limiter la folie nazie s'exercer en France.

La résistance des plusieurs membres de l'Etat Français

Tous les Français qui connaissent un minimum l'histoire de leur pays savent que des fonctionnaires de l'Etat avaient livré des informations secrètes
aux juifs en ce qui concerne les rafles, mais peu d'entre eux connaissent la source de l'information. En 1947, lors du procès de Xavier Vallat, un proche de Pétain qui fut Commissaire aux affaires juives, le docteur Gaston Nora, un juif ayant participé à l’envoi de l’information à ses compatriotes, va témoigner en sa faveur. En voici la raison : "... Xavier Vallat se considérait certainement comme obligé de défendre les Français israélites et, en particulier, les anciens combattants qui, pour lui, ne devaient pas être dissociés de la collectivité française. Par lui, j'ai pu connaître la date de certaines grandes rafles et, en particulier, celle du 16 juillet 1942, indiscrétion voulue par lui et qui nous permit de sauver environ 10.000 israélites. L'ordre allemand était l'arrestation de 25.000 Juifs. Douze à treize mille seulement furent arrêtés" (Procès de Xavier Vallat - Audience du 5 décembre 1947, rappelée notamment par Jacques Le Groignec, Pétain et les Allemands, Nouvelles Editions Latines, p. 387). Il faut rappeler qu'après le retour de Laval, ce pétainiste avait été écarté de ses fonctions et fut remplacé par l'antisémite aveugle Darquier de Pellepoix, un homme que le Maréchal détestait. "Monsieur le tortionnaire, j'entends beaucoup trop parler de vous", telle est le reproche adressé par Pétain à Darquier de Pellepoix qui, depuis le mois de mai 1942, a remplacé Xavier Vallat à la tête du Commissariat aux affaires juives. Malgré son rejet par les collaborationnistes, Vallat pu sauver plusieurs milliers de juifs alors que celui-ci était réputé pour être antisémite, ce qui est incontestable. Le paradoxe est que la communauté juive condamne aujourd'hui un homme qui est parvenu à sauver un grand nombre de leurs ancêtres.

Par ailleurs, après la mise en place de l'étoile juive par l'ordonnance allemande du 28 mai 1942, le grand rabbin de France Isaïe Schwartz vint trouver le maréchal Pétain à Vichy pour lui exposer ses craintes. Selon ce juif, le chef de l'Etat était hostile cette ordonnance et lui avait déclaré : "Tant que je serai vivant, je n'accepterai jamais que cette ignominie qu'est l'étoile jaune soit appliquée en zone Sud !" (témoignage cité par Robert Aron dans Le Monde et la Vie, février 1961). Il ne faut pas oublier que l'Etat Français n'appliquera jamais l'étoile juive et les Allemands ne le mettront en place qu'en zone occupée. Après l'invasion de la zone dite libre en novembre 42, cette partie de la France ainsi que le reste de l'Empire seront en partie épargnés par cette volonté nazie. Parmi l'entourage du Maréchal, nous savons que Fernand de Brinon était hostile à la déportation des juifs, ce qui était logique puisque sa femme, Lisette Franck, était juive. Ce refu de Pétain d'appliquer l'étoile jaune eut de lourdes conséquences. En effet, il ne faut pas oublier que le satellite et l'ordinateur n'existait pas à cette époque. Le meilleur moyen, et de loin, de distinguer les juifs au sein d'une population était de leur imposer un signe apparent et reconnaissable. Certes, il existait d'autres possibilités, comme fouiller dans la paperasse afin de retrouver les traces de chaque israélite résidant en France, ou demander aux 40 millions d'individus composant notre pays de montrer leur carte d'identité afin de cerner environ 300 000 juifs, soit près de 0,8% de la population. Par conséquent, il était beaucoup plus difficile aux Allemands et aux collaborationnistes de les traquer sans l’étoile jaune puisqu’ils avaient peu de moyens pour les retrouver efficacement, surtout en campagne. Grâce à rejet qui ne semble qu‘un détail, il est incontestable que Pétain sauva une grande partie des juifs qui vivaient en France.

En novembre 1942, la philosophe juive Simone Weil (à ne pas confondre avec Simone Veille), écrira de New York, et quelques jours avant son départ pour Londres où elle mourra en août 1943 : "... Je n'aime pas beaucoup entendre des gens, parfaitement confortables ici, traiter de lâches et de traîtres ceux qui, en France, se débrouillent comme ils peuvent dans une situation terrible. [...] Je crois que Pétain a fait à peu près tout ce que la situation générale et son propre état physique et mental lui permettaient de faire pour limiter les dégâts." (Lettre au professeur Jean Wahl, Cahiers Simone Weil, mars 1987). Cette juive a défendu Pétain alors qu'elle était de tendance communiste. Lorsqu'elle rejoignit la résistance en Angleterre, les gaullistes tentèrent de l'écarter. Devant ce rejet, elle se laissa mourir, atteinte de tuberculose, se sentant coupable d'avoir abandonné son pays. Avant son décès, elle exprima son sentiment d'avoir "commis un acte de désertion".
Dans Persécutions et sauvetages :  Juifs et Français sous l'Occupation et sous Vichy (Editions du Cerf, 1993) du professeur d'histoire d'Haïfa Asher Cohen , René Rémond indiquera que "plus de 85 % des enfants juifs de France échappèrent à la déportation […] cette proportion n'a été atteinte dans aucun autre pays soumis au joug nazi." (p. 16). Asher Cohen conclura : "Il est clair que le récit gaullo-communiste de la Résistance en France a escamoté la présence notable des hommes de droite et celle des démocrates-chrétiens qui étaient parmi les premiers à s'engager dans l'action d'entraide et de désobéissance civique en faveur des juifs." (p. 643).
Enfin, je citerai un autre juif, l'historien André Kaspi, qui écrira : "
Tant que la zone libre n'est pas occupée, on y respire mieux que dans la zone Nord. Qui le nierait ? Surtout pas ceux qui ont vécu cette triste période. De là cette conclusion : Vichy a sacrifié les Juifs étrangers pour mieux protéger les Juifs français, mais sans Pétain, les Juifs de France auraient subi le même sort que ceux de Belgique, des Pays-Bas ou de Pologne. Pendant deux ans, ils ont d'une certaine manière bénéficié de l'existence de l'État français." (cité dans L'Histoire, n° 148, octobre 1991, p. 52)

Est-ce uniquement la société civile qui a protégé tous les Français juifs prisonniers de guerre ? Qui a tenté de protéger les 400 000 Juifs d'Afrique du Nord ? Qui a interdit le port de l'étoile jaune en zone libre, même après son invasion en novembre 1942 par la Wehrmacht ?

Comparaison de la situation en France avec un autre pays : les Pays Bas


Egalement, Il ne faut pas oublier que l’homme politique juif Léon Blum avait demandé au Maréchal de veiller à ce que le traitement des prisonniers de guerre juifs soient égaux à ceux des Français prisonniers, et cela sans aucune distinction. Malgré les pressions allemandes, cette demande fut respectée puisque lors du procès Pétain, Blum ne lui fera aucun reproche à ce sujet. Par ailleurs, lors du procès de Georges Scapini, ambassadeur des prisonniers de l’Etat Français, Le Grand rabbin de Paris, Julien Weill, témoigna en faveur de l'accusé et dira : "nous avons pu éviter le pire en ce qui concerne ceux d'entre nous qui se trouvèrent en captivité." (Georges Scapini, Mission sans gloire, Morgan, 1960, p. 200).

Dans la plupart des pays où une autorité locale n'existe et où exerce un dirigeant mit en place par les Allemands, un gauleiter, les juifs sont tenus de fournir eux-mêmes les renseignements les concernant, et sans pouvoir se défendre. Dans leur œuvre, Le Crime absolu (Editions Rombaldi, 1976), Robert Manvell et Heinrick Fraenkel expliqueront que "les dirigeants des communautés juives, organisés en conseil sur l'injonction des Allemands, communiquaient à ces derniers la liste des Juifs vivant dans leur localité, avec l'inventaire de leurs biens, facilitant ainsi la tâche de leurs bourreaux [...] Les Juifs devaient donc participer à l'anéantissement de leur race."
Dans le cas le plus extrême, on peut citer par exemple la Pologne. On aussi faire une comparaison entre la France, et un pays proche, les Pays-Bas, dont la population avait été abandonnée aux mains de l'occupant. En effet, ce royaume avait été envahi en mai 1940 et la famille royale avait quitté le pays, tout comme la grande majorité des hommes politiques, et donc contrairement à Pétain qui refusa d'abandonner les Français et les juifs en juin 1940 et en novembre 1942. Est-ce les Pays-Bas et leur population juive, placée sous l’autorité d’un gauleiter, avait subi une occupation plus dure qu’en France ? Le 10 janvier 1941, un décret du gauleiter Seyss-Inquart va imposer aux juifs de se faire recenser auprès des nazis, et soumet à cette obligation toute personne n'ayant qu'un grand-parent juif. Suite à cette décision, les juifs vivants aux Pays-Bas étaient placés sous l’autorité du Reich, contrairement à ceux de France qui dépendaient de l’Etat Français. La main mise allemande permettra aux SS d'arrêter et de déporter 110 000 des 140 000 Juifs vivant en Hollande. Ce fut aussi temporairement le cas de la Tunisie, où durant les quelques mois de son occupation (entre novembre 1942 et mai 1943), les dirigeants de la communauté juive furent chargés, sous peine de mort, d'exécuter les ordres nazis (Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 1, Folio, 2006, p. 558). Aux Pays Bas, il y avait près de 200 000 juifs de moins que dans la métropole française. En revanche, environ 30 000 de plus y seront déportés. Encore une fois, ce n'est qu'un simple constat que je fais. En ce qui concerne la France, Raul Hilberg avouera que "Dans ces réactions aux pressions allemandes, le gouvernement de Vichy tenta de maintenir le processus de destruction à l'intérieur de certaines limites. Celles-ci eurent essentiellement pour objet de retarder l'évolution du processus dans son ensemble. Les autorités françaises cherchèrent à éviter toute action radicale. Elles reculèrent devant l'adoption de mesures sans précédent dans l'histoire. Quand la pression allemande s'intensifia en 1942, le gouvernement de Vichy se retrancha derrière une seconde ligne de défense. Les juifs étrangers et les immigrants furent abandonnés à leur sort et l'on s'efforça de protéger les Juifs nationaux. Dans une certaine mesure, cette stratégie réussit. En renonçant à épargner une fraction, on sauva une grande partie de la totalité." (Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 2, Folio, 2006, p. 1122-1123).

Enfin, un petit coup de projecteurs sur le reste de l'Europe. Les communautés juives du Yiddishland (comprenant la Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie et les Pays baltes) ont été anéanties, à un tel point que la langue Yiddish a pratiquement disparu. Le taux d’extermination atteint des proportions supérieures à 95 %. En Serbie, c’est toute la communauté juive qui a été assassinée, soit 100% ! En Grèce, les juifs rassemblés essentiellement à Salonique ont également été entièrement liquidés, soit 40 000 personnes. Et n'oublions pas la Hongrie avec ses 440 000 déportés, soit 80% des juifs résidant ce pays. Aux Pays-Bas, le taux d’extermination a atteint près de 78%, et aux alentours de 50% pour la Belgique. Alors que la France, c’est 76 000 déportés (dont 75 000 sont morts) sur 330 000, avec environ 15% des juifs français du pays qui ont été tués, et 25% des juifs non naturalisés qui résidaient sur le territoire national. Dans le sens inverse, c'est près de 75% de la communauté juive vivant en France qui fut épargné par les déportations. Qu’on le veuille ou non, les chiffres en pourcentage montrent clairement que la France a été l'un des pays occupés ayant le moins subi de déportations et d’extermination. Pourquoi ? Nous l'avons constaté au dessus de cet article avec les deux premiers concernant Pétain et l'antisémitisme, et nous continueront à l'analyser dans les articles suivants. Cependant, ces données sont à contre-courant de la pensée actuelle qui consiste à minimiser les actes nazis pour mieux condamner l'Etat Français. Robert Paxton fait partie de ceux--là. Nous allons revoir quelques-unes de ses erreurs et hypothèses mensongères.

La théologie paxtonnienne

Robert Paxton est considéré comme l'un des plus grands historiens de Vichy de son époque. Il a notamment analysé la déportation des juifs en France. Il a tenté d'expliquer pourquoi "seulement" 76 000 furent déportés alors qu'ils étaient près de 330 000 sur le territoire métropolitain, mais nous allons constater qu'il est simple de démonter ses théories. Selon lui, Pétain n'a jamais été un bouclier et qu'il n'y a jamais eut d'opposition au sein de Vichy.  
Les juifs en France auraient été épargnées principalement pour 3 raisons (selon la conférence de Paxton à Lyon le 4 Novembre 2000) :
- le manque de trains et de wagons
- la résistance de certains français, c'est-à-dire les justes
- les Allemands étaient davantage occupés à déporter ailleurs
Est-ce la réalité ?

En ce qui concerne le manque de train :
Quand Pétain arrive au pouvoir en juillet 40, le réseau ferroviaire avait beaucoup souffert dans la moitié Nord de la France. Rien qu’en ouvrages d’art, on parle de 540 Ponts ferroviaires détruits. Pourtant le réseau se remet rapidement à fonctionner et le trafic commercial double dès août 1940, soit seulement deux mois après l’armistice. Malgré les bombardements alliés, les Américains estimaient en mai 45 que 93% du réseau ferroviaire français était en état de marche (Procès-verbal des réunions du Rapport Rosenman, section 30, Hyde Park, et signalé par James Bacque, Morts pour raisons diverses, Editions de l'AAARGH, 2004). on ne peut donc pas dire que la France n’a pas pris soin de son réseau tout au long de la guerre puisque les libérateurs trouvèrent un réseau fonctionnel. Les réquisitions allemandes furent importantes, presque 100 000 wagons, au moins 10 000 employés, plusieurs milliers de locomotives, des milliers de kilomètres de rail. Cependant, la SNCF est en plein développement. En effet, en Septembre 42, le Président de la SNCF, Pierre-Eugène Fournier, annonce fièrement à son conseil d'administration que le trafic voyageur est en hausse (+ 37% par rapport à 1941, soit + 10% de recettes). Il a même été jusqu'à dire que : "le courant des voyageurs est plus constant mais plus important, et les pointes sont émoussées."
Par ailleurs, l’article 13 de la Convention d’armistice
stipule que toutes les organisations ferroviaires en territoires occupés doivent être mises à la disposition pleine et entière du chef allemand des transports. Ainsi la SNCF se retrouva intégrée à la logistique efficace de la WTL (Wermacht Transport Leitung), relayée par des "Eisenbahn Betriebs Direktion". Ces EBD étaient composées de cheminots allemands et exerçaient une surveillance sur l’activité des agents français. La SNCF fut finalement classée "S-Betrieb", c'est à dire une entreprise protégée des réquisitions de toutes sortes car elle participait à l'effort de guerre allemand. En plus des réquisitions, les exigences allemandes en matière ferroviaire étaient importantes. Rien que pour l’armée d’occupation, il y avait 350 trains de transports de troupes allant d’Allemagne vers la France par jour. En comparaison, il y eu seulement 74 (ou 77 ou 79 suivant les sources) convois de déportés juifs vers l’Allemagne en deux ans et demi, le premier étant parti le 27 mars 42 de Compiègne et le dernier  de Clermont Ferrand le 18 août 44. Malgré tout, la direction de la SNCF s'efforce d'assurer plus de trafic avec de moins en moins de matériel et de personnel. Elle y parvint grâce à des gains de productivité conséquents. Malgré une réduction de plus de 40% du nombre de wagons, le trafic augmente considérablement. Devant l'assemblée générale de ses actionnaires, le conseil d'administration de la SNCF est indique sur le bilan de l'exercice 1942 : «Le trafic que nous avons assuré au cours de l'exercice est l'un des plus importants que les chemins de fer français aient connu depuis 1920 : 66 milliards d'unités kilométriques, contre 49 milliards seulement en 1938.» Même avec de nouvelles réquisitions, le trafic s'intensifiera encore en 1943. On voit bien que le réseau ferroviaire français pendant toute la guerre est resté très actif, tout en demeurant en partie contrôle allemand. Il n'y avait donc pas de pénurie de trains et de wagons.

En ce qui concerne les justes :
Actuellement ont été recensés environ 2600 justes pour 330 000 juifs.
Quand on sait que pour être juste en France, mise à part certaines conditions religieuses, il faut simplement fournir un acte de désobéissance passive. En plus, tous les membres d’une même famille sont inclus comme justes, car ils sont considérés comme ayant partagé les risques. Le nombre véritable de sauveurs est donc très peu élevé. En comparaison, les Pays-Bas comptent environ 4800 justes alors que plus de 75%  de la communauté juive fut déportée. L'action des justes a donc une portée limitée. De plus, on voit mal comment 2600 justes pouvaient protéger plus de 250 000 juifs survivants. Par ailleurs, ce n'est certainement pas les résistants qui les protégeaient. L’historien français Guilhem Zumbaum-Tomasi explique : "les résistants n’étaient pas intéressés de délivrer qui que ce soit. Leurs missions étaient des missions de sabotage. Les résistants, qu’ils soient communistes, gaullistes ou membres d’autres obédiences politiques, considèrent en premier lieu qu’ils s’opposent à l’ordre imposé par un occupant auquel il s’agit de nuire." D’ailleurs, à part le cas Léon Bronchart, aucun train de déportés n’a jamais été sérieusement attaqué ou saboté. Et n'oublions pas que seulement 2000 agents (dont 800 moururent) de la SNCF furent suspendus, internés, révoqués ou licenciés, sur le demi million d'employés que comptait cette entreprise. Selon l'historien, la résistance était trop faible et pas assez organisée. A l'époque, les juifs étaient considérés, selon lui, comme « une petite minorité sociale ou politique [...] Dans les gares, les déportés étaient poussés dans des wagons au vu et au su de tout le monde ». Des trains de déportés passaient dans les gares en plein jour. Tout le monde savait donc que des personnes y étaient entassés, mais très peu réagirent.

En ce qui concerne l'hypothèse que les Allemands étaient occupés ailleurs :
Paxton explique que l’administration avait mis à la disposition des Allemands « des moyens administratifs et techniques considérables». Dans son Vichy et les juifs, Paxton nous dit que les Allemands n’étaient que 40 000 (il a ensuite dit 60 000) en France (p. 12). Il répétera cette même affirmation lors du procès Papon. Ces chiffres sont très loin de la réalité. I
l n’y a eu en fait jamais moins de 400 000 Allemands. Rien que pour le réseau ferroviaire, 25 000 agents allemands surveillaient les cheminots français. Les seules troupes de sécurité (maintien de l’ordre) représentaient 100 000 hommes en fin 1941 et 200 000 en 1943. A leurs côtés, les troupes d’opérations comptaient 465 000 hommes (avec 30 divisions) en mai 1941, puis 400 000 (avec 28 divisions) en novembre 1941 et 249 000 (avec 19 divisions) en mai 1942. Ces effectifs remonteront progressivement et seront portés à plus de 1 000 000 de soldats (avec 44 divisions) en début de 1944 (http://siteedc.edechambost.net/Paxton/Annexe_effectifs.htm). D'après l'historien Philippe Masson, le chiffre total s'élevait déjà à 1,7 millions en France dès fin 1943 (Philippe Masson, Histoire de l'Armée Allemande, 1939-1945, Editions Perrin, 1997).
Paxton est souvent critiqué pour son travail partial. De plus, malgré le fait qu’il habite en France, il ne s’est jamais très intéressé aux archives françaises. Le livre Vichy et les juifs est le fruit de la lecture des archives allemandes, mais tout en négligeant beaucoup de sources dans d'autres pays. Il lui est même reproché de minimiser le rôle de l’Allemagne dans les déportations de France et de trop charger le gouvernement français de l’époque. Pierre Laborie, auteur notamment de L'opinion française sous Vichy, rectifiera lors d'une conférence de 2006 de l'INRP de Lyon : "Paxton écrit que jusqu'en 1943, il n'ya a eu que 40 000 soldats allemands ... C'est une grossière erreur, gênante en raison du commentaire qui l'accompagne, et malheureusement répétée au cours des éditions, en dépit des démarches effectuées (au moins par PL, peut-être par d'autres) pour attirer l'attention de l'éditeur sur la bévue." (Histoire et mémoires de Vichy et de la Résistance, compte-rendu de Daniel Letouzey, approuvé par Pierre Laborie, Lyon, octobre 2006). Par ailleurs, Robert Paxton a démontré lui-même qu'il n'était pas objectif puisqu'il affirmera que « la déportation par les Français fut probablement pire que ce que les archives allemandes le suggère. » Dans la dernière page de son livre de 1972, Paxton préjugea ce qu'il confirma en 1990 : "Quand je relis aujourd'hui certains jugements prononcés par moi à l'époque (comme ceux des pages 62-63 et 288), je concède qu'ils sont bien trop totalisants et parfois trop féroces. Ils étaient influencés, je le reconnais, par ma répulsion devant la guerre menée au Vietnam par mon propre pays. Mais à mes yeux, il est toujours légitime de dire que le Régime de Vichy aura été de bout en bout souillé par son péché originel de juin 1940." Comment un historien censé étudier froidement le passé peut-il s’autoriser une telle subjectivité ? Nous ne devons pas ignorer ses recherches à l'intérieur des archives allemandes, mais il est indispensable de ne pas prendre en compte ses conclusions. Et encore, a-t-il pris toutes les sources à sa disposition ou uniquement celles qui vont dans la même direction que sa théorie ?

 

Pour en finir avec Paxton, il faut savoir qu'il dira en 1997, au moment du procès Papon : "Contrairement aux idées reçues, Vichy n’a pas sacrifié les juifs étrangers dans l’espoir de protéger les juifs français. Dès le début, au sommet, on savait que le départ de ces derniers était inéluctable." Et où sont les preuves ? Affirmation très objective ... Dans une interview à Libération en février 2007, l'historien Henry Rousso doit revenir sur le Procès Papon. Il déclare à propos de Paxton : "Il n'a pas permis de mieux comprendre Vichy. Au contraire, il a renforcé une vision de plus en plus répandue qui minimise le rôle de l'occupant : aucun Allemand n'a été appelé à témoigner au cours du procès, ce qui donnait l'impression que l'occupant nazi ne jouait qu'un rôle secondaire dans cette affaire. On a perdu de vue le poids de l'occupant." Autrement dit, Rousso explique que Paxton minimise les actions des nazis en France pour mieux condamner l'Etat Français. Et dire que ses remarques lamentables passent aujourd'hui pour une avancée historique, au point d'être repris par des professeurs d'universités et des étudiants. Et en répondant à une autre question, l'historien poursuit ensuite en évoquant d'autres justifications du mythologiste : "Robert Paxton et d'autres ont expliqué pourquoi tant de juifs ont survécu en France : la taille du pays, sa géographie montagneuse où l'on pouvait se cacher, une guerre qui s'est terminée plus tôt qu'ailleurs."  Sans commentaire ... (pour en savoir plus sur ce que nous pouvons appeler "l'Affaire Paxton", je vous conseille ce lien : http://siteedc.edechambost.net/Paxton/Paxton.htm)


C'est donc une erreur importante que de dire que Pétain et ses proches avaient souhaité la déportation des juifs. Par les preuves citées, on sait que ce sont bien les nazis qui avaient préparé les rafles en France, comme dans toute l'Europe. On ne voit pas pourquoi ils auraient fait une exception pour la France. En ce qui concerne l'année 1942, l'Etat Français avait pris l'initiative de la déportation de juifs étrangers pour épargner un grand nombre de juifs français, déportation qui avait été mise en place par les partisans de Laval. Le maréchal Pétain ne peut être accusé d'avoir appliqué une politique d'hégémonie idéologique, initiatrice de crimes contre l'humanité, alors qu'il n'y a absolument pas participé. Cependant, sous la pression allemande, la politique du Régime de Vichy va progressivement se durcir  en fin 1942. L'évènement marqueur sera bien-sûr la tentative de coup d'Etat de Laval contre Pétain. La prise de pouvoir de Laval et la mise en place de la politique collaborationniste sera le prochain sujet de ce thème
(
http://realite-histoire.over-blog.com/article-24985330.html).

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commentaires

C
                                Vous ne citez jamais Otto Abetz, ses écrits contredisent peut-être votre thèse....S'il est vrais que tout n'est jamais blanc ou noir, il y a tout de même des nuances dans la grisaille....                                    Amitiés                                               condor79
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